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Yi Yi

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les avis de Cinemasie

8 critiques: 4.34/5

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41 critiques: 3.91/5



Anel 5
drélium 4 Beauté de la vie et beauté de l'ennui.
Ghost Dog 3 Un portrait de famille intéressant, mais malheureusement beaucoup trop long et ...
Ikari Gendo 3.5 Il y a du bon, mais c'est long...
jeffy 4.5 Fresque familiale
MLF 5 La poésie comme apogée
Ordell Robbie 5 Un chef d'oeuvre tout simplement
Xavier Chanoine 4.75 Un Edward Yang en état de grâce. Où est la Palme d'or?
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Un portrait de famille intéressant, mais malheureusement beaucoup trop long et trop hermétique

Yi Yi a reçu le Prix de la Mise en Scène à Cannes en 2000, ce qui est une jolie récompense. Ce film clairement autobiographique est dans l'air du temps, au même titre par exemple que Le Goût des Autres d'Agnès Jaoui : décrire des personnages qui frôlent la quarantaine et qui se rendent compte que leur vie, telle qu'elle est, ne leur plaît pas, sous une forme quasi-documentaire et assez minimaliste consistant à filmer des bouts de vie pas forcément reliés entre eux logiquement et temporellement, forme que je qualifierais dans le cas de Yi Yi d'assez hermétique.

Pourquoi ? Tout simplement parce que ce style du film qui s'empêche de raconter une histoire comme on en a l'habitude sous prétexte de vouloir rendre la vie plus « vraie » au cinéma peut, lorsqu'il est poussé jusqu'au bout de cette théorie, engendrer un manque d'émotion, un détachement du spectateur vis-à-vis du film, voire un ennui profond devant cette suite de è sans véritable rythme. Et lorsque l'on nous propose ça sur près de 3H, cet ennui peut devenir un calvaire.

Non pas que ce que Edward Yang n'ait rien a nous montrer, rien à nous raconter, au contraire ! Le film sonne juste, le propos est intéressant et nous concerne tous, les personnages sont attachants, à commencer par NJ, un ingénieur quadragénaire qui se remet en cause depuis qu'il a revu son amour de jeunesse : a-t-il choisi la bonne femme, le bon métier ? Ne serait-il pas plus heureux s'il avait vécu avec elle, s'il avait fait un autre métier ? Et s'il repartait à zéro avec cette femme, abandonnant au passage femme, gosses et job ? La femme de NJ est en proie aux mêmes doutes, se lamentant sur son sort parce que chaque résumé de sa journée à sa mère dans le coma ne dépasse pas 30 secondes. Idem pour leurs enfants, la jolie Ting-Ting étant confrontée aux premiers émois amoureux, et le génial petit Yang-Yang, drôle et très attachant, se posant des questions existentialistes auxquelles même les adultes ne savent répondre. Et, symbole fort de la description de la déstructuration d'une famille, chaque membre est filmé à part, et jamais la famille n'est réunie en un seul plan ! Assurément, Yang-Yang représente le réalisateur petit, et NJ le représente adulte : Edward Yang, diplômé d'une école d'ingénieurs, a décidé de plaquer son métier du jour au lendemain pour assouvir sa passion, l'écriture de scénario et la réalisation de films.

Comme on le voit, tout cela aurait pu donner un film vraiment plaisant, sensible, voire passionnant. Au lieu de cela, et à cause de cette forme délibérée de docu-fiction chiante qui provoque des claquements de sièges dans chaque salle où il passe, Yang signe un film forcément un peu décevant, et vraiment beaucoup trop long. Je suis pourtant convaincu qu'avec un peu de volonté pour renouer avec le récit traditionnel, Yang aurait pu faire passer le même message mais de façon plus agréable et plus abordable. Il a préféré faire autrement, au détriment du plaisir cinématographique que chaque spectateur est en droit d'attendre en allant voir un film.



22 octobre 2000
par Ghost Dog




Fresque familiale

On sent chez Edward YANG l'amour de ses personnages. Comme A Brighter Summer Day, Yi Yi ne déroge pas à ce principe d'intimité qui semble lier le réalisteur à ses personnages et qui rejaillit sur les relations entre les personnages du film. Entrer dans ce film, c'est se retrouver baigné dans une atmosphère bien particulière, on y ressent ce mélange d'ouverture et d'exiguité si caractèristique du cinéma taïwanais mais traité chez Edward Yang avec une délicatesse toute particulière. Et ce traitement est à la fois la force du film et sa faiblesse pour ceux qui auront du mal à accrocher au propos du film.

Cette fresque familiale est à la fois ample et contenue. Si le fil directeur est représenté par le père de famille, chaque personnage a droit à son propre développement avec autant de soin. Il est difficile de ne pas faire le rapprochement entre la réalisation du film et l'écriture musicale, les différentes partitions se retrouvant pour créer par leur union la musique propre à chaque scène. Chacun pourra trouver parmi tous ces personnages, certains qui le marqueront plus que d'autres (celui du concepteur japonais est à mes yeux proche de la perfection) mais pour autant il est difficile de ne pas apprécier l'ensemble cohérent et foncièrement organique que constitue ce film.

Coté technique, la photographie est particulièrement belle et vient renforcer l'aspect de naturel plutôt que de se donner à voir pour elle-même. La fluidité de la réalisation est pour beaucoup dans la dynamique à la fois lente et un peu solanelle du film. Les acteurs sont à créditer dans leur ensemble d'une performance sans fausse note et le plus souvent d'un grand naturel.

Pour peu que vous vous laissiez emporter par le courant de la vie qui porte ce film d'un bout à l'autre, ce film sera l'occasion d'un voyage qui fera parti de ceux dont on se souvient longtemps.



09 janvier 2006
par jeffy




La poésie comme apogée

Le cinéma peut, selon son emploi, extraire du monde une tranche de vie sans faire que celle-ci devienne un monde à part entière. Loin des puérilités faciles d’un monde factice qui n’existerait que dans le cadre du film d’un générique à l’autre (début, fin) YiYi a d’emblée cette puissance qui déborde le carde. Le cadre justement n’est qu’une focalisation, une fenêtre ouverte qui ne permet pas de voir le monde mais simplement une portion. C’est le premier trait de grandeur de ce film qui s’inscrit de fait dans une pensée libre. Cela peut paraître sans sens ; il faut expliciter un peu le propos.

Dans tout un pan du cinéma, les films sont dès le début sous tension avec leur fin. Tout le dispositif n’est qu’un couloir étroit bordé de vide, un couloir en ligne droite dans lequel le spectateur avance comme un cheval ayant des œillères à marche forcée vers une fin unique, fermée, définitive. C’est d’un événement exceptionnel que naît le film, un point de départ sans antécédents et qui s’achemine de manière mécanique vers son point final, sans avenir. Ce type de produits, somme toute reposant car foncièrement fascisant (la pensée unique), n’a besoin d’aucun spectateur pour s’acheminer vers son dénouement. Comme le pilotage automatique permet de faire circuler des métros sans conducteur ces films peuvent avancer sans publique pensant, sans individus. Preuve en est d’ailleurs le principe de la bande annonce qui donne dans cette mécanique industrielle une idée aux spectateurs absolument exacte de ce qu’ils vont voir : Une catastrophe à grands renforts d’effets spéciaux, un héros qui doit sauver le monde, une belle indépendante. Nul besoin d’autres précisions pour savoir que le héros va invraisemblablement sauver le monde tout en séduisant la belle indépendante devant nos yeux ébahis et brillants de l’éclats des explosions et autres excès visuels et sonores tapes à l’œil et lobotomisant (je vous laisse devinez de quel(s) film(s) il s’agit)nb.

YiYi, Un et deux tout comme Ying et Yang. Le fil conducteur est certes cette grand mère qui tend vers la mort mais c’est très visiblement une histoire de Taiwan et de Formose. Tout comme Un et deux, tout comme Ying et Yang le film parle de l’individu, de l’individu et du collectif : Un par rapport à deux, deux par rapport à un et aussi un en complément de deux, deux en complément de un. Ils sont très clairement différents, tant de choses les dissocies et pourtant ils ont tant en commun. Il faut faire attention, c’est une articulation conceptuelle, il ne faut pas la concevoir de façon stricte, il ne faut pas la voir comme une dualité. C’est une chaîne infinie de reconnaissances non exactes. Ainsi, l’histoire du père qui s’éveille en souvenir dans le présent unique de chacun de ses enfants. On ne sait pas bien si quelque chose se reproduit, se répète ou se poursuit.

YiYi est un des plus beaux films que le cinéma ait vu naître, un joyau sans faux semblant dont l’éclat n’est pas dans l’apparence. YiYi nous offre une portion de vie, entre un mariage et un enterrement que rien ne lie. L’histoire reconstruit son passé tout en appréhendant son avenir, son présent est une condensation du passé et de l’avenir : c’est la magie de l’instant qui se concentre ici, une poésie de la vie. YiYi est une illustration parfaite de l’acte poétique fondement de toute chose dont parle Gaston Bachelard (L’Intuition de l’instant). YiYi est un acte poétique qui ouvre tout les champs du cœur et de l’esprit, nos sens et nos âmes n’en sont que les outils et retrouvent ainsi leur fonction première dans cette résonance poétique.

Nb : Cela veut il dire qu’il ne devrait pas y avoir de film comme ça. Bien entendu, la question n’est pas là. Il est inimaginable pour un esprit ayant un peu de sérieux de condamner l’existence de tout un pan du cinéma tout en continuant à prétendre aimer le cinéma. Non vraiment, la question n’est pas là.



11 avril 2006
par MLF




Un Edward Yang en état de grâce. Où est la Palme d'or?

Bande annonce

Avis Express

Yi Yi sonne comme le chef d'oeuvre du cinéma taïwanais des années 2000, le film-somme d'un cinéaste parti trop tôt, qui avait encore tant à apporter à l'édifice qu'il avait lui-même bâti au cours des années 80, une époque annonçant la nouvelle vague d'auteurs taïwanais particulièrement concernés par leur pays. Dans Yi Yi on y trouve aussi bien le Taïwan moderne et ses businessmen cherchant le moindre profit que celui qui vit grandir toute une génération d'enfants et d'adolescents devenus ce qu'ils sont maintenant. Entre les contraintes professionnelles et familiales, tout ce beau monde continue de vivre, d'évoquer la vie, la mort, la famille mais aussi le souvenir, mêlant ainsi passé, présent et futur au sein d'une narration juste parfaite et emplie de grâce. La question de la dualité (en référence au titre du film) confronte ainsi deux générations mais aussi l'idée du double, le double de NJ et Sherry avec son fils et celle qui irradie sa vie. Edward Yang juxtapose donc deux histoires (une infinie? 1+1=2, 2+2=4, nous, vous) presque identiques vécues à deux époques bien différentes, première magie, montre sous un aspect tout simplement déchirant les aléas de la vie (la grand mère sur son lit de mort, un espoir et un modèle pour sa petite fille), deuxième magie, narre avec une noirceur toute poétique l'amour de plusieurs petits groupes de personnes, des jeunes mariés qui vivent un calvaire à une famille décomposée pour déplacement professionnel et raisons médicales, en passant par la tendre étape de l'enfance où les garçons font peur aux filles (voir l'inverse) et où l'on manque son coup en jetant une bombe à eau sur la tête de son professeur tyrannique, troisième magie. Une magie omniprésente au sein du procédé narratif. Plus spirituelle encore est la quête du petit Yang Yang, consistant à capturer la nuque des gens à l'aide de son appareil photo afin de leur montrer ce qu'ils ne peuvent pas voir, leur autre facette. Ainsi on serait également tenté de dire que Yi Yi grappille également quelques places au sommet de la grâce cinématographique rien qu'avec cette petite idée. Enfin, que dire de plus lorsque la mise en scène réglée au millimètre, inouïe de cohérence avec son sujet, délivre des instants de grâce absolue, de la première photo de mariage -sous un réarrangement musical sidérant de pureté, à l'enterrement final? Assurément l'un des plus beaux films du monde.

18 juin 2009
par Xavier Chanoine


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