| Ordell Robbie | 2.5 | Parfois mignon mais filmé de façon académique et pas exempt de longueurs. |
| Sonatine | 4.5  |
Souvenirs d'enfance |
Le thème du souvenir est récurrent dans le cinéma japonais et très souvent lié à l'enfance. Un Eté à toute Epreuve propose de nous faire suivre l'été de Takashi, un jeune écolier qui rencontre certains problèmes dans sa scolarité et nous fait part de sa vision de la vie. Tetsuya Nakashima vise ici un sujet classique certes, mais difficile à traiter. Voyons pourquoi ce film est une réussite.
Le premier plan du film annonce la direction prise par Nakashima, on y voit une plantureuse jeune mariée avouant son amour (face à l'objectif) au jeune Takashi pour ensuite le noyer de reproches (entre autre, son échec au test de la pirouette). On comprend ensuite que cette scène est rêvée par le jeune bambin qui (par le biais d'une voix off) nous avoue son faible pour les gros seins. Tetsuya Nakashima choisi donc le ton de l'humour (ironique) pour illustrer les différends fantasmes de son personnage. Rien n'échappe au regard de Takashii, et chaque petit détail de la réalité lui donne l'occasion de fantasmer et d'échapper à sa "triste" condition.
Car Un Eté à toute Epreuve est un film qui, avec ironie, dénonce l'archaïsme du système scolaire japonais et ses répercutions sur une bande de cinq gamins forcés à réussir un (ridicule) test de gymnastique. Que c'est délectable d'entendre l'instituteur répéter (avec volonté) son discours sur la nécessité de savoir franchir un tel obstacle (une simple barre) pour réussir dans la vie. Car selon lui (et toute l'idéologie que cela implique) pour un être un homme, il ne faut jamais fuire devant l'obstacle.
Ce portrait du professeur rétrograde est malheuresement une réalité au japon et Testsuya Nakashima n'hésite pas à recourir à la parodie pour violemment critiquer ce système. Ici donc, une scène ou l'on voit tout un bataillon de soldats japonais se donner la mort plutôt que de se rendre, le jeune Takashii, par contre lui, préfère plutôt s'enfuir vers le camp ennemi mais finit par se faire tirer dans le dos ! Hilarante scène de comédie burlesque qui parvient parfaitement à véhiculer son propos : Le nationalisme japonais est absurde.
En plus d'être une critique d'une société "féodal", Un Eté à toute Epreuve est aussi un très beau portrait de l'enfance qui fait beaucoup penser au film de Yoichi Higashi Village de mes rêves pour sa façon d'aborder le sujet en explorant l'univers imaginaire des enfants. Dans celui-ci, un groupe de jeunes filles croient en l'existence de femmes-serpents, une légende dont elles prennent connaissance dans un manga. Le film retranscrit donc toute une ambiance très plaisante en alliant le monde imaginaire et le monde réel dans lesquels les enfants voyagent avec une étonnante facilité.
Plus qu'une simple comédie mettant en scènes des enfants, Un Eté à toute Epreuve donne l'occasion à Tetsuya Nakashima d'explorer un univers magique (au premier sens du terme) et signe ici un film d'une grande finesse. Remarquable.
