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Spirale
les avis de Cinemasie
3 critiques: 4/5
vos avis
4 critiques: 3.81/5
Quelle horreur !!
Tonkam sait vendre ses mangas. Le résumé était alléchant mais, ne connaissant pas du tout l’auteur et son style, j’avoue que j’ai été surprise. Il s’agit bien d’un manga d’horreur et dans le genre c’est une réussite.
Au premier abord, Junji Ito plante un décor des plus simples : un petit village comme les autres et pourtant dès la première image on sait que des choses épouvantables s’y sont passées. Et ce que l’on découvre par la suite est au-delà de l’imaginable. C’est une plongée dans la 4ème dimension qui attend le lecteur. La simple forme de la spirale devient omniprésente, même dans les tourbillons que le vent forme dans les rues. Les phénomènes deviennent de plus en plus inexplicables et d’ailleurs personne ne se pose de questions sur la nature scientifique des choses. C’est paranormal et tout le monde semble l’accepter. La plupart des villageois semblent d’ailleurs être dans un état d’hypnose permanent. Et par moment, ça dégénère et ça tourne à la catastrophe. Et tout tourne autour de la spirale. Le petit ami de Kirié se rend bien compte que la ville essaye de le retenir comme une spirale dont notre regard est forcement attiré par le centre. C’est d’ailleurs lui la première victime des méfaits de la spirale : son père se mettant à collectionner avidement tout ce qui en a la forme jusqu’à sombrer dans la plus pure folie. Sa mère en développant du coup une aversion complète au point d’être internée.
Kirié est pour l’instant notre fil conducteur, bien qu’elle subisse elle-même les méfaits des spirales, elle reste tout de même consciente de ce qui se passe sans pour autant tout comprendre. C’est à travers plusieurs histoires de villageois qu’elle nous guide. Des histoires qui se finissent toutes plus mal les unes que les autres. Le contraste entre la raison de Kirié et tout ce qui l’entoure rend les dénouements encore plus cauchemardesques. Le dessin joue aussi beaucoup. En effet, le style n’est pas très beau en lui-même mais est très efficace. Les regards exorbités et injectés de sang des personnages devenant fou sont très impressionnants. Par ailleurs, Ito semble prendre du plaisir à tordre et remodeler les corps ce qui est du plus "bel" effet au final. C’est tout juste si on n’entend pas hurler ces volutes de fumée sortant du four crématoire et prenant le visage des morts.
Junji Ito maîtrise le genre qu’il affectionne depuis son enfance. Il a su créer une ambiance qui glace le sang. Ce premier tome démarre sur les chapeaux de roue et promet de beaux cauchemars en perspective. Un conseil, ne lisait pas ce manga dans le bus (expérience personnelle) sinon les autres passagers vont se demander sérieusement ce que vous lisez pour fermer les yeux et faire des grimaces comme ça :).
House of Pain
Procurer un certain effroi en bande-dessinée ne s'avère pas chose aisée. Qu'importe, à défaut de faire sursauter, trembler de peur, "Spirale" procure, et cela avec brio, le dégoût, fout indéniablement la gerbe (ah! le 1000 pattes). L'oppression est un des moteurs de l'horrible. Bien qu'en rien comparable avec celle éprouvée lors de la vision d'un film, cette dernière se retrouve belle et bien dans cette oeuvre, et cela à un degré jamais ressenti (en BD) pour ma part.
Le style du mangaka y est pour beaucoup. Ito maîtrise son sujet et arrive ainsi à trouver une mise en page/en forme efficace, accrocheuse. Sa représentation de la fumée, d'où naît des visages humains d’un Morbide saisissant, fait d'ailleurs preuve d'un immense talent en la matière ; tout comme la contorsion des corps et des formes qu'il agence merveilleusement.
A l’image des spirales, Ito tente d’hypnotiser le lecteur à travers ses dessins et son récit (il m'est arrivé de rester scotcher sur certaines cases, le masochisme prenant le pas sur le dégoût, cf. encore la scène du 1000 pattes).
Centre névralgique de l'histoire, la ville se veut la véritable, principal actrice de l'infamie ; contrôlant l'ensemble, contrairement aux différents protagonistes, passifs au possible (jusqu’à l’héroïne même), subissant littéralement les événements.
Manga rappellant tout bonnement que l'artistique et le populaire s'avèrent encore capable de résister à la déferlante commerciale qui sévit un peu partout dans l'univers.