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Song of the Exile

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les avis de Cinemasie

6 critiques: 4.21/5

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4 critiques: 3.38/5



Alain 4
Anel 3.75
jeffy 4.25 Film personnel et symbolique
Ordell Robbie 4.5 Un beau regard sur l'histoire d'une femme et d'un continent
Sonatine 4.75 Nostalgique et plein de grâce, Song of the Exile est une date dans le cinéma Hk.
Yann K 4 Le beau blues de la voyageuse
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Film personnel et symbolique

Dans le rapport entre une fille et sa mère, rien n'est jamais simple, encore moins lorsque la fille s'aperçoit qu'avec vingt années d'écart, elle est en train de reproduire le comportement de sa mère. Pour amener cela, Ann Hui fait preuve de beaucoup de pudeur dans l'expression des sentiments des personnages, à la fois dans le rejet et dans la compassion. La découverte progressive de l'histoire de sa mère par Maggie Cheung sera à l'origine de leur rapprochement. Mais Song of the Exile sait aussi intégrer l'histoire personnelle dans l'histoire avec un grand H. Les dernières paroles du grand-père sont particulièrement révélatrices d'un état d'esprit sans lequel la Chine d'aujourd'hui ne peut être pleinement comprise. La famille, les racines, l'exil, le sens de la vie, tout cela s'intègre dans le film sans jamais alourdir le propos. Maggie Cheung y est pour beaucoup avec la réserve naturelle qui la caractérise, elle est l'actrice idéale pour ce rôle. Pour le reste la maîtrise narrative de Ann Hui réussit à faire passer avec tendresse et délicatesse un message qui ailleurs aurait pû sembler bien lourd.

31 décembre 2004
par jeffy




Un beau regard sur l'histoire d'une femme et d'un continent

Song of the Exile a frolé le film parfait. Frôlé à cause d'une photographie par moments trop datée années 80 (bleus trop forts dans les scènes nocturnes) mais surtout avec son final un peu trop abrupt (et vu l'aspect autobiographique très prononcé du film je ne pense pas que Ann Hui en soit responsable, bref je doute qu'elle ait eu le final cut): le contact de Maggie Cheung avec ses grands-parents aurait mérité une bonne vingtaine de minute de développement histoire de laisser se déployer les sensations éprouvées lors de son retour à la case départ.

Parce que pour le reste, on est dans le foisonnant et dans l'extraordinaire au cours d'un superbe itinéraire spatial et temporel. Au départ, on est à Londres dans les années 70 et l'engagement politique a la légèreté des reves hippies et d'une chanson de Dylan (Mr Tambourine Man joué par un musicien de rue). Au final, Maggie sera devenue journaliste à Hong Kong donc dans l'oeil du cyclone de la contestation. Et elle sera venue à l'engagement actif par la conscience qu'elle incarne à elle seule une part de l'histoire récente de l'Asie du Sud Est: née en Mandchourie (LE grand traumatisme chinois de 1939-1945 et le symbole de l'horreur et de la torture) de mère japonaise et de père soldat chinois, elle grandira à Macao tandis que son père travaille à Hong Kong. Elle est ainsi un condensé des rapports de fascination/haine entre Japon, Chine et Occident. Un des thèmes du film est le fait de se sentir étranger à ses origines: à Hong Kong, l'héroine ne se sent pas à l'aise avec les tenues et la coupe de cheveux que lui impose sa mère pour etre témoin de mariage, dit meme à sa mère qu'elle voudrait si elle le peut etre célibataire ou se marier en Occident. Au Japon, la sensation d'acculturation est amplifiée par le fait qu'elle ne parle pas la langue du pays. Cela contribue à créer des situations porteuses de comique et d'humanisme: la femme de ménage est surprise de la voir prendre le petit déjeuner alors qu'elle croyait qu'elle refusait de manger et ajoute un moqueur "si ta mère pouvait etre comme toi et dire oui après avoir dit non", un jardinier la prend pour une voleuse puis pour une hawaienne. Les coutumes japonaises -chant après le diner, les différences de classes sociales dans un cimmetière- lui paraissent comme une langue difficile à apprendre mais au bout du compte cet apprentissage la réconciliera avec sa mère et son père défunt.

Au dépaysement spatial s'ajoute le dépaysement temporel. La structure en flash backs ouvre sur divers niveaux temporels qui ne sont pas sans évoquer un Hou Hsiao Hsien ou un Stanley Kwan en grande forme narrative. Par ses mouvements lents, ses caméras distantes, la partie de Macao n'est notamment pas sans évoquer le versant autobiographique du cinéma de Hou. La réalisation amplifie ainsi l'impression de nostalgie. Mais la force du film est que la nostalgie se focalise sur des événements douloureux, des traumatismes fondateurs de l'individu: père absent, scènes de ménage, difficulté à communiquer avec la mère. Il ne s'agit pas comme chez Hou de pleurer tout ce qui a été perdu mais d'essayer de se retrouver. Le souvenir de 1939-1945 contribue à évoquer le courage d'un homme aux choix peu évidents pour son temps (faire sa vie en Chine avec une japonaise à une époque de fort ressentiment sino-japonais).

La réalisation est sans fioritures, comporte des effets peu nombreux mais calculés (la caméra qui recule pour montrer l'éloignement temporel de l'enfance à Macao, les plans distants). Et la direction d'acteurs est superbe: Maggie Cheung illumine le film avec les yeux de celle qui semble en permanence étrangère, Waise Lee est excellent dans un registre de good guy inhabituel pour lui et le film saisit l'humanisme du monde paysan japonais, les moments de lassitude du couple mère/fille.

Et ce chant entetant nous offre un film capable de rivaliser en ambition avec le meilleur de Hou: comme le versant historique du cinéma du taiwanais, Song of the Exile réussit à montrer les liens entre l'intime et l'histoire d'un continent. Et on ressort joyeux en se disant que le cinéma est décidément le seul moyen de voyager dans l'espace et le temps à grande vitesse.



30 avril 2002
par Ordell Robbie




Le beau blues de la voyageuse

Song of the exile n’a que des qualités. Son seul problème, une fin vraiment abrupte, semble surtout dû à une quelconque bisbille avec un producteur. Le film sonne inachevé et aurait mérité un bon quart d’heure de plus, car on s’est tellement attaché au personnage de Hueyin qu’on est déçu de la quitter sans dire au-revoir. Maggie Cheung porte le film avec sa grâce habituelle, Ann Hui filmant particulièrement ses célèbres yeux. Le rôle est riche, fort, tout comme celui de la mère, tout aussi bien joué. Les cadres aussi sont « riches », non pas en moyens, mais en inspiration. La structure du film, en mouvement de balancier entre le(s) passé(s) et le présent, épouse parfaitement le propos, sans jamais perdre le spectateur. Le rythme n’en pâtit pas, il est de toute façons, et heureusement, loin de toute frénésie. Song of the exile est au plus près des émotions. Il étonne en permanence, au passage on apprend beaucoup de choses, et pas des consensuelles, sur l’histoire du Japon (notamment au travers d’un personnage d’ancien kamikase) et de ses relations complexes avec la Chine.

Le film décrit avec un sens du détail qui ne peut qu’être vécu le sentiment d’être étranger dans son propre pays. Exemple : dans un village Japonais, on prend Maggie Cheung pour une Hawaïenne. « Elle ne peut pas être chinoise », susurrent les passants. Elle ne sait pas parler japonais, elle doit aller trouver l’instituteur du village pour se faire comprendre en anglais. Rares sont les films qui nous font voyager en Mandchourie, au Japon, à Hong-Kong et à Londres (plus deux qui partent au Canada). Quiconque s’intéresse au voyage et à l’Asie ne peut qu’aimer le film. Cette chanson d’exil est une mélodie douloureuse, mais que l’on fredonne longtemps dans sa tête.



02 janvier 2002
par Yann K


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