| Alain | 2 | Film inégal qui n'exploite pas à fond sa thématique |
| Ordell Robbie | 3 | un film agréablement naif |
School Excursion est un sympathique petit film naturaliste et naif. Au travers de ce récit d'un instituteur muté sur une ile qui veut utiliser une excursion citadine pour revoir sa femme restée à Séoul, Hyu Yun Mok offre d'abord un tableau juste de la Corée paysanne dans la lignée du Kim Su Yong de Seaside Village, le coté mélodramatique en moins. Ensuite, les parties urbaines donneront lieu à une série d'observations d'un Séoul commençant à connaitre la société de consommation dues aux mésaventures des enfants: on les voit regarder avec le sourire les vitrines pleines de vetements occidentaux, se voir avec surprise dans un téléviseur. Une série de petits gags rend le film très agréable à regarder: le gamin s'endormant à table en plein milieu d'une prière, l'instituteur courant après le bus une chaussure à la main, les gamins imitant des chats pour essayer de dissimuler qu'ils ont quitté leurs chambres pour le jardin. Le conflit rural/urbain incarné par le couple de l'instituteur et de sa femme restée à Séoul reste un peu en arrière-plan durant une grande partie du film mais un peu comme chez Kim Su Yong c'est la ruralité qui triomphera. Le film s'inscrit ainsi dans une grande tendance des films écologiques du cinéma coréen des années 60 qui montraient l'espace rural comme monde de liberté. Certes, les problèmes du couple auraient pu donner lieu à un développement mélodramatique mais cela aurait déséquilibré un film au rythme calme et doux à l'image de la reconnaissance mutuelle et sans tempete des mondes urbains et ruraux à laquelle aboutira le film. Au niveau mise en scène, les zooms sont très souvent judicieux et incarnent la focalisation du regard des personnages sur un point précis, leur attention à certains éléments du décor. Seule la fin en abuse de façon injustifiée. Les multiples cadrages plongeants sur l'instituteur reflètent bien les regrets de ses actes qu'il peut avoir. Pour le reste, l'aspect effacé de la mise en scène correspond bien à un récit quasi-documentaire d'un court et marquant événement d'une vie enfantine. Sans offrir un regard sur la société de consommation émergente aussi profond et une forme aussi puissante que les films d'Ozu, School Excursion est bien mené -seules quelques petites longueurs nuisent au rythme du récit- et fait passer au spectateur un moment agréable.
