Bijoux de famille
Premier choc: la copie VCD encore existante est dans un très, très sale état et ferait plutôt penser à un film des années 1960s, plutôt que 1988; malheureusement une récurrente dans la foisonnante filmographie indonésienne, où rien n'est vraiment prévu pour conserver leurs films, en-dehors d'Archives privées, qui ne disposent pas de fonds nécessaires pour restaurer les copies, voire même assurer de payer la facture d'électricité tous les mois pour conserver les bobines à température ambiante.
Second choc: on dirait parfois un film réalisé par Ed Wood en raison de l'amateurisme de certains effets spéciaux – ce qui a certainement dû irriter au plus haut point les spectateurs de l'époque, mais qui rajoute aujourd'hui à la vision délicieusement surannée de la "bête" – c'est aussi pour cela, que je ne perds pas espoir de redécouvrir l'ensemble des navets actuels dans une vingtaine ou trentaine d'années sous tout un autre œil (plus clément).
Bref, l'histoire est un pur mélodrame avec cette pauvre orpheline Sari, injustement accusée du vol des "bijoux" de sa famille d'accueil – en fait une ruse de sa demi-sœur Narun, qui aimerait bien se taper le petit ami de Sari, Nagul. Heureusement, le portrait de la mère de Sari veille – et nous voilà rapidement plongé en plein délire fantasmagorique avec l'esprit de la mère décidant de se venger des "méchants" en levant une armée de pocongs dans le cimetière local; ce qui vaut donc l'une des nombreuses séquences cultissimes avec superpositions d'images d'un seul et même pocong multiplié à l'infini sur fond d'écran noir, caméra tournoyante et musique stridente. J'adore !
Le film dévie rapidement vers la comédie avec cette séquence incontournable d'un Nagul totalement bourré, qui rencontre un enfant pocong et partage sa bière…ce qui vaut au pauvre esprit enivré de marcher de travers, incapable d'aligner un seul saut obligatoire pour les pocong et à son père pocong de vivement le réprimander et de le mettre en garde des méfaits de l'alcool. Impayable !
Malheureusement, aucune des séquences suivantes ne sera à la hauteur de celle-ci et au film de s'acheminer vers un dénouement attendu avec quelques brefs trucages suffisamment pourris pour capter l'attention du spectateur maso jusqu'au bout.
