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3.54/5
Samourai
les avis de Cinemasie
4 critiques: 3.38/5
vos avis
14 critiques: 3.88/5
Une référence dans l'ombre des plus grands
Okamoto est un bon artisan du film de sabre, tout comme peut l'être Gosha. A la différence de ce dernier,
Samouraï semble plus maîtrisé d'un point de vue formel, là où Gosha s'inspirait davantage du cinéma italien et de celui de Sergio Leone pour asseoir sa bonne réputation auprès de nombreux cinéphiles. Si l'oeuvre de Gosha laissait transparaître des figures mythiques et d'immenses morceaux de bravoure scénaristiques, Okamoto s'axe davantage sur la forme au détriment d'une véritable recherche de fond. Son scénario ne fait donc guère preuve d'une quelconque audace en mettant en scène un Mifune exclu et logiquement facile à appâter. Exclu de son école de samouraïs tenue par un vieillissant mais toujours autoritaire Fujita Susumu, Niiro se laisse aller aux joies de l'alcool et des femmes, entre deux combats au sabre rappelant qu'il est tout de même une fine lame, très utile pour les milices assassines. Okamoto dresse alors un portrait attachant de ce dernier, peut-être fils d'un noble, peut-être fils d'une concubine, retracé par les récits d'un vieillard, récit qui alimentera la seconde véritable partie du métrage. Bien qu'un peu longuette, on reste captivés par la bonne narration et les nombreux flash-back ou instants en parallèle censés enrichir ou confirmer les propos du vieillard. Si le principe reste bien connu (une narration paraphrasant les images), son utilisation est primordiale quant à la bonne compréhension de ce qui suit, suivi et suivra.
Mais le plus important dans Samouraï c'est la manière avec laquelle Okamoto transfuge les codes du chambara classique, dont l'ossature est déjà bien examinée par Kurosawa, Kobayashi et Gosha, sans pour autant la désacraliser (avec ses bons et mauvais côtés) puisque dans tous les cas, son oeuvre demeure particulièrement sombre et désenchantée. Dans Samouraï il est question d'assassinats, de tueurs à gage, de bretteurs peu scrupuleux et de règlements de compte politiques, tout ce qui fait le fruit de tout bon chambara qui se respecte. Et la plu value d'Okamoto, c'est cette sidérante faculté à repousser les limites du film de sabre. Là où Kurosawa bousculait la donne avec son duel final gicleur dans Sanjuro, là où Kudo étonnait avec son final singulier dans Les 11 Guerriers du Devoir, Okamoto va jusqu'à poser son combat de fin dans une immense cour, pendant une tempête de neige. Le prémisse de cette séquence fameuse, Leone s'en inspirera (tout comme il s'est inspiré de Kurosawa) pour ses meilleurs western. Le montage, extrême car rejetant toute forme de théâtralité, met l'accent sur la peur, l'anxiété qui prédomine tout assassinat (gros plans sur les regards craintifs des futurs assaillants), et par l'intermédiaire de plans très courts, annonce le début d'un massacre (comme une chanson rock qui débuterait par un puissant solo de drums). Et cette tempête de neige qui prend une toute autre vigueur lorsque les hommes se pourfendent, c'est ce que l'on peut appeler une belle représentation de la violence. Okamoto signe donc avec Samouraï un chambara millimétré et valant bien mieux que son statut souffrant de la comparaison des plus grands.
Passer avant. Passer après.
Le problème de Samourai, c'est d'abord un script qui passe après d'autres scripts du grand scénariste HASHIMOTO Shinobu. Mais aussi avant d'autres scénarios d'Hashimoto bien plus inspirés. Pour cette vision pessimiste et dépourvue d'héroisme du samourai, on pense bien évidemment aux superbes Hara Kiri et Rebellion meme si le développement thématique est moins brillant. L'usage de la narration en flash backs pour étoffer le personnage de Niiro et tenter de créer de la gradation dramatique n'a pas le brio d'Hara Kiri. Restent le brio formel toujours présent d'Okamoto et un combat final d'anthologie. Pour cette dernière raison, le film méritait mieux que l'oubli des livres de spécialistes du cinéma japonais et on peut donc remercier Wild Side d'en offrir une édition bien meilleure que l'édition anglaise existante.
Chembarrassant
On commence avec le gros boulet du film, une voix off à la Frédéric Mitterand qui, associée au noir et blanc, nous ramène bizarrement aux infos criardes typées seconde guerre mondiale. Ce narrateur lourdingue rejette toute hypothétique implication du spectateur, de toute façon peu aidée par un ton général hésitant trop entre illustration historique austère et chambara classique. La balance penche malheureusement nettement plus en la faveur d’une leçon d’histoire, à laquelle se greffe une fiction à tendance tragique portée à bout de bras par un Toshiro Mifune mi-raisin. Ce dernier est l’habituel aspirant samouraï efficace sur le terrain mais, comme à l’accoutumée, manipulable à souhait au gré des (trop) nombreuses palabres politiques. Le seul intérêt du film est donc ce final barbare que l’on attend avec impatience, plutôt pas mal même si ponctué par le retour en fanfare de la voix off PENDANT le fight. Bref, c’est peu passionnant. Nous reste ce concept excellent selon lequel (spoiler) la fin de l’ère des samouraïs pourrait en partie être due à un type qui voulait l’être (fin spoiler).
(A la décharge de ce Samourai, il a été visionné dans la foulée des Le Dernier Samouraï et When the last Sword is Drawn, des films traitant globalement tous le même sujet. Deux ça va, trois...)
Un chambara signé OKAMOTO ne peut être qu'au pire, bon.
Sans égaler la perfection du "Sabre du mal", qu'il a tourné la même année apparemment, Kihachi OKAMOTO nous livre un film tout aussi noir avec "Samouraï". On retrouve cette même idée, que le katana apporte tôt ou tard malheur à son bretteur : "Qui a vécu par l'épée périra par l'épée". Ici il s'agit de la destinée fatidique et sanglante de Niiro, personnage joué sans pareil par Toshiro MIFUNE, ronin sans père ni repères qui cherche la reconnaissance. Il attend chaque jour son heure, où il deviendra enfin l'illustre samouraï de ses rêves.
Samuraï or not samuraï ?
Tout d'abord le scénario est écrit, d'après un roman, par Shinobu Hashimoto avec dans le premier rôle Toshiro Mifune. Il y a également l'excellent Eijirô Tono, Michiyo Aratama (Sword of doom, Human condition...) et Takashi Shimura (qui apparaît que brièvement).
Musique de Masaru Satô (Sword of doom, Les salauds dorment en paix, Yojimbo...).
Bref, des bons ingrédients.
La trame est bien menée, même si on se perd au début par autant de flash-back. Toshiro Mifune est impeccable, et le reste des acteurs sont en accord. Visuellement très beau, chaque plan bien travaillé, on sent bien le style d'Okamoto.
C'est donc un bon film sans aucun doute, mais il lui manque un quelque chose qui fait qu'il n'arrive pas à s'imposer comme un Seppuku, Sword of doom ou même Throne of Blood (tous du même scénariste). Attention, ça reste quand même un bon chambara à conseiller, avec une bonne ambiance, un contexte historique intéressant (1860, fin de l'ère des samouraïs) et puis avec une bonne scène finale.
Okamoto était un grand.
Sword of doom m'avait déjà laissé sur le cul, et là ça le vaut largement.
"Passons" sur Mifune en signalant juste qu'il est monstrueux comme d'habitude (enfin les "d'habitude" que j'ai vu, à savoir Rebellion et Les 7 Samouraï), il est impossible de ne pas dire qu'il monopolise l'écran malgrès un lot d'acteurs vraiment excellents eux aussi.
Son personnage est recherché, torturé et émouvant.
Un "héros" perdu au milieu d'un grand chambardement qui cherche son identité (que ce soit passée ou future).
Tout ça sous une caméra magnifique, qui n'en fait jamais ni trop ni pas assez et qui sait se montrer vivace quand il le faut (les "plans éclair" comme lors des prémices du combat final).
Comme dans SOD, le final est majestueux de violence et de crudité (ici, ça ne tourbillone pas de façon esthétique, ça charge, ça tranche méchamment et ça gueule de tous les côtés), et l'issue vraiment tétanisante.
Bref, coupons court à tout doute : nous avons ici sans grand doute un sommet du chambara.
La voix du samouraï
Dans la mouvance des chambaras contestataires du début des années 1960, "Samouraï" semble comme le chef-d'œuvre crépusculaire de son réalisateur dès l'année suivante, "Le Sabre du mal".
Il n'égale sans aucun doute pas le chef-d'oeuvre antérieur, "Hara Kiri" de Kobayashi Masaki, mais se pose comme un mètre étalon dans l'évolution du genre…et une réussite incontestable de son auteur.
Car il ne faut pas oublier, qu'OKAMOTO est avant tout un artisan revendiqué. Il n'a jamais prétendu à une quelconque intelligentsia; mais avait également en horreur de vouloir délivrer des purs produits de divertissement sans aucun fond. "Desperado Outpost" ou – surtout – "The Elegant Life of Mr. Everyman" comportaient ainsi des profondes réflexions personnelles de son auteur.
OKAMOTO se joue ainsi de l'attente (et) de son public. Il intègre une nouvelle fois une voix off (omniprésente dans toute son œuvre), prépare à une terrible bataille...avant d'oser une première nette cassure dans la structure narrative pour conter comment on en arrive à la séquence en début de métrage.
Il va une nouvelle fois se jouer de son spectateur, en introduisant un Toshiro Mifune typique (le héros solitaire nonchalant, mis "en avant" par un rapide zoom, alors qu'il se tient à part en arrière-plan et tranche avec la docilité des autres "samouraïs" présents dans la salle), avant de totalement casser ce mythe (il va d'ailleurs ab-user une nouvelle fois du vedettariat de Mifune dans son futur "Red Lion"). Effectivement, Mifune est un homme bien loin de l'image qu'il aimerait bien donner de lui-même: en crise identitaire (à la recherche de son père), il n'est qu'un vulgaire rônin sans foi, ni sous, qui cherche à tout prix (a TOUT prix) à devenir un samouraï.
Si le film dénonce la profonde injustice sociale, qui a régné dans un temps féodal autrement célébré comme un "âge d'or" du Japon (et particulièrement néfaste à la dissolution des clans et la mise "au chômage" des nombreux samouraïs devenant du coup des rônins/chômeurs), il se penche surtout sur la fin d'une véritable ère: l'intrigue se passe 7 ans avant l'entrée dans "l'ère moderne", donc de la fin absolue du système féodal et des samouraïs. Le rêve auquel aspire le personne de Mifune (devenir samouraï) n'est donc qu'une pure utopie – un vulgaire titre, qui sera de toute façon renversée quelques années plus tard.
La recherche de son parent n'est donc d'autant plus symbolique: à l'époque du film, les japonais sont dans un terrible entre-deux. Ils n'ont plus d'attaches et ne renient les valeurs de leurs parents. Le personnage de Mifune est donc clairement l'incarnation même d'un Japon dans l'entre-deux – entre un ancien système féodal (auquel il aimerait prétendre, mais duquel il bafoue les valeurs traditionnelles en faisant tout sauf respecter le code du samouraï) et l'ère de modernité (il cherche à renverser les dirigeants en place – mais ne comprend même pas l'enjeu d'une telle action).
La conséquence de son acte inconsidéré n'en sera que d'autant plus terrible: le Japon tournera définitivement une nouvelle page, mais au dépit de son propre passé. Le progrès n'est possible que par l'abandon des choses anciennes.
OKAMOTO se soumet entièrement à la puissance du scénario. Autant, il impose son style habituel (zoom, comme une légèreté ironique dans sa manière de réaliser) en début du métrage, autant il s'efface totalement derrière son intrigue par la suite pour laisser parler une histoire, plutôt que des images. Ce n'est que lors des soudaines explosions de violence, qu'il laisse à nouveau parler son talent, notamment en parsemant les affrontements de ses légendaires plans gores et en mettant cadavres et membres découpés en premier plan.
OKAMOTO – un artisan artiste, qui s'apprécie dans le temps!