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Le Jour où le cochon est tombé dans le puits

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.2/5

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17 critiques: 3.49/5



Ghost Dog 2.5 Fragments d'une chronologie du hasard
MLF 3
Ordell Robbie 3.75 Tout à l'Ego
Xavier Chanoine 3.25 Un essai aussi sombre que plaisant
Yann K 3.5 Déjà toute la mise en scène de Hong sang-soo, pas encore totalement maitrisée.
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Fragments d'une chronologie du hasard

Avec son premier long métrage, Hong Sang-Soo met en scène un petit théâtre de la vie, universel dans son propos, par le biais d'une narration éclatée faisant se succéder 4 personnages principaux, hommes et femmes, empétrés dans des moments de vie difficiles, décevants et délicats à gérer. C'est par exemple cet écrivain sans succès (personnage caricatural par excellence d'un film d'auteur...) qui n'arrive pas à trouver l'équilibre avec une femme et qui provoque une rixe le menant tout droit vers la prison ; c'est aussi ce cadre supérieur parti en mission qui s'abandonne dans les bras d'une prostituée. Délitement du couple, incertitudes face à l'avenir, isolement de l'individu, tous ces thèmes surgissent au travers de la succession de scènes du quotidien d'une apparente banalité. Seul problème, le délitement concerne également le film lui-même ; outre un titre tiré par les cheveux qu'il n'est pas évident d'interpréter, Hong laisse traîner ses plans et son intrigue lors de la dernière demi-heure, ne parvenant pas tout à fait à créer un ensemble d'histoires individuelles cohérent. Pas étonnant dès lors de voir naître une pointe d'ennui ponctué par un plan final dont on ne sait quoi penser. Au final, un premier film encourageant mais qui mérite confirmation.



24 juin 2005
par Ghost Dog




Tout à l'Ego

La découverte du Jour où le cochon est tombé dans le puits permet de compléter le puzzle Hong Sang Soo. Parce qu’outre de confirmer la cohérence de son œuvre naissante le film est un complémentaire et non un brouillon des suivants.

Certes, on trouve déjà ici le gout du cinéaste pour les dispositifs alambiqués (ici quatre récits chacun du point de vue d’un personnage, tous les personnages ayant de forts liens entre eux : l’écrivain raté Hyo Seop pour la première partie, le cadre Tong Woo, Min Jae l’ouvreuse qui est amante de Hyo Seop et occupe divers emplois pour subvenir à ses besoins, Bo Gyung femme de Tong Woo et amante de Hyo Seop) et la capacité de sa mise en scène à créer la durée afin de susciter le malaise et faire ressentir le quotidien pesant de solitude de ses personnages du Pouvoir de la Province de Kangwon. Le Jour où le cochon est tombé dans le puits partage également avec ce dernier film une façon très crue de filmer la sexualité qui n’est qu’un passe-temps pour les personnages du film (l’amour a si peu de sens qu’on dit « je t’aime » à son amant provisoire ou à une prostituée). Hong Sang Soo se montre d’ailleurs sans pitié avec l’égocentrisme de ses personnages masculins qui déborde le cadre des relations amoureuses : Hyo Seop n’a aucun respect pour Min Jae et demande de l’amour de la part de Bo Gyung sans etre capable de lui en offrir, Tong Woo qui s’introduit égoistement dans la salle de bain et laisse la porte ouverte, gelant ainsi la prostituée dont il est le client, le meme qui aurait voulu que le bus ne parte pas sans lui au prix d’un retard. L’homme le plus détestable du lot est Hyo Seop, un etre bourru, se comportant en macho et n’hésitant pas à user de la force vis à vis d’une amante trop encombrante ou à provoquer une bagarre pour un mot de trop d’anciens camarades moqueurs de la faculté (il finira d’ailleurs en prison). Ce personnage d’homme incapable de s’assumer qu’on croirait échappé des premiers Pialat est d’une grande originalité par rapport à la suite de l’œuvre de Hong Sang Soo. Il donne en effet lieu à des scènes de colère et d’explosion de rage dont la violence brute évoque le réalisateur de Loulou. Par la suite, le constat de Hong Sang Soo sur l’incommunicabilité des sexes demeurera mais le cinéaste ne filmera plus jamais l’explosion, les rapports de force seront intériorisés. Quant à Tong Woo, s’il est en apparence plus policé, il se révèlera etre un mari infidèle et à la fin du film sa femme a l’impression d’etre violée quand il la touche ou lui fait l’amour avec agressivité.

Un autre point très intéréssant du film est qu’il donne au constat de Hong Sang Soo sur le couple une dimension politique absente par la suite. Les personnages du film représentent en effet le devenir de ceux qui ont cru au changement durant les années de la dictature militaire : ils sont depuis devenus des individualistes forcenés, à l’image de l’éditeur du début du film qui veut écrire un livre sur le passage du Marxisme au Confucianisme mais dit à Hyo Seop qu’il ne peut lui avancer sa paye. Ce dernier constat fait écho à l’embourgeoisement des anciens soixante huitards français et rend du coup le film si proche. On pourrait alors voir dans le film un constat sur l’envers de la libération des mœurs qui n’est pas sans évoquer le Houellebecq inspiré d’avant la gloire médiatique (la scène où l’on voit Min Jae obligée de doubler un dessin animé porno pour subsister et se faisant engueuler parce qu’elle ne donne pas l’impression de faire son doublage avec conviction n’aurait d’ailleurs pas dépareillé dans les Particules Elémentaires). Ici, ce sont des petits détails tels que les aliments qui tombent sur le pantalon de Hyo Seop alors qu’il propose de façon insistante un verre à une voisine de table, le meme ne pouvant plus chanter au karaoké parce que ce qu’il chante est trop proche de sa souffrance ou encore Bo Gyung brisant un cadre vu dans la vitrine d’un photographe qui représentait son couple heureux qui font office de puissants révélateurs. Les reflets sont bien utilisés lors des scènes de musée pour ménager l’arrivée d’amis découvrant les liaisons de Hyo Seop. La caméra reste quelques secondes fixe alors que les personnages ont quitté le cadre pour renforcer l’impression de vide. Ce dernier aspect est renforcé par des cordes dissonnantes soulignant le désespoir derrière un quotidien routinier et culminera dans une fin de film désespérée. Outre ces aspects, un des grands plaisirs du film est la courte apparition de Song Kang Ho en ancien camarade de faculté de Hyo Seop : en un instant, il devient le centre d’attraction du plan, son charisme se manifestant par sa façon assurée de tenir une cigarette contraste avec la façon calculée dont Hyo Seop tire sur les siennes et du coup cet aspect révèle le manque d’assurance de Hyo Seop.

Meilleur film coréen des années 90 comme le pensent certains critiques coréens ? Pas vraiment du fait de quelques erreurs de jeunesse : quelques raccords trop abrupts, un récit par moments opaque et surtout certains choix musicaux plus que douteux (le slow sirupeux du karaoké, Janet Jackson sur une scène). Mais il s’agit en tout cas d’un premier film réussi qui ne néglige pas la dimension humaine meme si le projet a été longuement pensé par le cinéaste (le film provient de la fusion de quatre de ses scénarios). Contrairement aux Taiwanais dont il semble proche par le style de mise en scène et les thèmes, Hong Sang Soo ne se met pas à distance de ses personnages et n’a pas peur des plans assez rapprochés comme s’il cherchait à renvoyer au spectateur un miroir peu flatteur de son comportement. Bien qu’ancré profondément dans la réalité coréenne, il s’agit dès lors d’une œuvre universelle.



02 mars 2003
par Ordell Robbie




Un essai aussi sombre que plaisant

Avis Express
Premier film d'un des cinéastes coréens les plus portés sur le cul et la boisson, tout en arborant un superbe titre Le Jour où le cochon est tombé dans le puits possède déjà une partie de la grammaire de Hong Sang-Soo, de part ses thèmes abordés et son aspect formel particulièrement froid, à l'image de la peinture décharnée des rapports humains et du pessimisme général. Mais la personnalité du cinéaste et de ses acteurs est telle que le film peut être perçu comme une comédie un peu malade, oscillant entre des instants de tension proche de l'hystérie (Hyo Seop perdant tous ses amis après s'être mal comporté) ou d'autres aussi menaçants que sombres renvoyant à un autre cinéma malade, celui de Tsai Ming-Liang, avec ces personnages pris chacun de leur côté, étudiés à la loupe jusque dans leur plus profonde obscurité. On en ressort à la fois amusé et avec un goût amer dans la bouche, sans doute parce que la solitude de la jeune femme du plan final annonce combien le cinéma de Hong Sang-Soo aime les courbes et les loopings sentimentaux.

14 décembre 2009
par Xavier Chanoine




Déjà toute la mise en scène de Hong sang-soo, pas encore totalement maitrisée.

Un film aride et sombre, qui révèla le goût de Hong Sang-soo pour les chassés croisés théoriques et son sens inouï du cadre. La narration est très difficile à suivre mais chaque moment, toujours aux bords de l'improvisation, est précieux.

par Yann K


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