Pensée manufacturée
L'ambition du photographe canadien Burtynsky : "donner à voir sans dire ce qu'il faut voir, afin que les gens regardent ce qu'ils n'ont jamais regardé."
Problème : Burtynsky souffle aussi ce qu'il faut penser, en le faisant toutefois de manière discrète et habile - pas comme ces propagandistes mal dégrossis type Hulot et consorts, certes.
Regardez cette armée de travailleurs chinois, sussure-t-il. Leur nombre, leur discipline, leurs usines, leurs autoroutes, leurs barrages, tout cela n'est-il pas effrayant ? N'est-ce pas le Péril Jaune tant annoncé qui va ravager "Gaya" ?
Et qui est responsable de cela ? La réponse à cette question n'est-elle pas à rechercher parmi ces immondices électroniques et ces navires rouillés ? En provenance de cet Occident capitaliste sans scrupule qui s'enrichit sur le dos des autres, non ?
Mais chut, je ne vous ai rien dit...
Hypocrite !
Donner à voir sans donner à comprendre n'est que ruine de l'âme, pourrait-on répliquer.
Un documentaire esthétisant, faisant de la "laideur" industrielle une oeuvre d'art. On pense parfois à Yann Arthus Bertrand pour les plans aériens, et aussi pour le propos finalement assez simpliste et banal de nos jours. (Baraka abordait en partie le même propos, et même avant lui Powaqqatsi, il y a plus de 20 ans). Néanmoins le magnétisme visuel et hypnotique du docu accrochera le spectateur, même si pour celui qui a quelque connaissance de l'empire le contenu n'apportera rien de nouveau.