Quatre bonnes raisons de s’enquiller ces OAV
Quatre bons points se distinguent de cette première série d’OAV. Qui sera suivie par la série proprement dite, d’une seconde salve d’OAV puis, enfin, des trois films. A part ces quatre éléments notables le show ne dépasse que très rarement un statut somme toute assez anecdotique et même un brin vétuste rayon chara design. Si l’on aime à retrouver la tribu de la division 2, qui précéda la section 9 de l’univers de GITS, les scénarios n’ont eux rien de renversant. Il n’y a pas de réel fil rouge et l’action se fait beaucoup trop rare. Ca a un peu vieilli et moi aussi. C’est dit. Les quatre points, Mr le Cardinal ?
On reconnait sans peine le style d’Oshii, sa mise en scène, ses jeux de lumière toujours aussi enthousiasmants. Il émaille avec bonheur les (nombreuses) palabres de ces joyeusetés visuelles dont il a le secret. Premier point positif.
Plusieurs fois est évoqué le projet Babylone, en cours de construction. Cette avancée artificielle dans la mer est montrée comme dantesque, à venir, et justifie l’utilisation de nombreux labors (robots) de chantier. Ces informations éparses enrichissent l’univers, préparent en douceur et très logiquement le premier métrage qui tournera en grande partie autour du projet Babylone. Deuxième bon point.
L’introduction, à savoir le très bon premier épisode, présente formidablement l’univers tout entier de Patlabor. Cassé en deux, le premier segment choisit de présenter l’attente. Déjà. On y voit tout le staff, qui trépigner, qui patienter sereinement en attendant l’arrivée des nouveaux robots. Chef mécano est assis sous son parasol, là-bas sur le terrain, à scruter l’horizon derrière ses grandes lunettes de soleil au style de nouveau à la mode à l'heure où je vous parle. Les plans sont longs, posés, gonflés pour l’époque. Et c’est à travers un rêve de Noa la rouquine que les artistes du groupe Headgear (Oshii, Kawai, ito, Yuuki…) présentent avec humour le concept Patlabor. Dans le hangar, le capitaine Goto montre à la jeune recrue son nouveau Robot. Il est grand, fort, beau et surarmé ! Elle va pouvoir le piloter : il est fait pour elle ! La bête peut qui plus est voler et combattre les terroristes du ciel ! Le bonheur ! Galvanisée, elle grimpe dans son superlabor, lance le décollage et… et la machine s’écrase laborieusement au sol. Noa se réveille, le spectateur en attente de gros fights de robots également : Patlabor, ça ne sera pas ça du tout. Amis bourrins, circulez, y’a rien à voir ! Voici là le deuxième argument, « positif » pour ceux qui en ont (avaient) ras la cafetière des Gundam et compagnie, ou qui souhait(ai)ent tout simplement se payer une dose de changement dans le domaine du mécha sans pour autant cracher sur un sous genre ou l'autre.
Enfin et surtout on assiste au final à un bien étrange doublon. Surviennent une menace terroriste et des conflits entre l’armée et la Division 2... des hélicoptères décollent, de la neige tombe doucement… La menace se précise, le coupable s’avère être l’ancien maître de Goto, les compositions de Kawai s’affinent, l’équipe de la division 2 se prépare à l’action… La femme de Shinshi empêche son homme d’y aller, Shinobu s’engueule avec sa hiérarchie… Tout comme LA Takedown le fut pour le Heat de Michael Mann, une date dans le polar, le brouillon du chef d’œuvre Patlabor 2 défile là sous nos yeux stupéfaits. Oshii s’était fait la main en amont sur ces OAV, le sagouin ! Quatrième et indubitable bon point. De là à dire que le show est bitable, il y a un pas à franchir, que personnellement j’ai franchi sans peine même si je dois avouer que mon objectivité en matière d’Oshii n’est pas des plus pertinentes.