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Mahjong

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les avis de Cinemasie

4 critiques: 3.94/5

vos avis

6 critiques: 3.08/5



Anel 3
Elise 4.25 Scénario béton, acteurs excellent, ambiance prenante.
MLF 4
Ordell Robbie 4.5 une réussite majeure de plus pour Edward Yang
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


une réussite majeure de plus pour Edward Yang

Ne pas se fier au résumé qui donne une impression de récit alambiqué. Car Edward Yang a déjà prouvé sa capacité à rendre une histoire difficillement intelligible sur le papier aisée à suivre pour le spectateur. Surtout que Mahjong offre de multiples niveaux de lecture: comédie hilarante, regard amusé sur les rapports Taiwan/Hong Kong, film sur l'usure du couple et enfin polar.

Mahjong est d'abord un conte philosophique très drole sur le Taiwan moderne. Le fait que l'un des personnages s'appelle Hong Kong est prétexte à une suite de séquences hilarantes et de dialogues révélateurs des rapports d'attraction répulsion Taiwan/Hong Kong: en parlant de la petite amie de Hong Kong, ses collègues du gang s'exclament "Tout ce qui appartient à Hong Kong nous appartient"; Jay le présente au début du film à des anglo-saxons venus tenter leur chance à Taiwan avec un "Bonjour. Je vous présente Hong Kong" qui les laisse interloqués. Au rayon des noms symboliques, on a également celui de Marthe écorché en Matra par le gang de Hong Kong: Matra a construit le métro de Taipei. Cette déformation reflète le fait que Marthe est perçue comme une française venue tenter sa chance dans l'El Dorado potentiel représenté par Taipei un peu comme Matra vient prendre position dans un marché économique à fort potentiel. Le coté polyglotte de la ville (les personnages jonglent entre taiwanais, anglais et chinois mandarin), s'il est un atout pour les anglo-saxons (Markus dira ne pas avoir tenté sa chance à Paris car on ne peut y réussir en affaires en ne parlant qu'anglais), peut également créer des malentendus révélateurs. Ironiquement, les anglo-saxons qui viennent à Taipei en espérant y faire fortune vite l'appellent "le nouvel Ouest" comme si l'Extreme Orient était le reve américain de ce début de siècle. Pour le comprendre, il faut savoir que l'on est alors à l'approche de la rétrocession de Hong Kong et dès lors Taiwan devient le nouveau pole d'attraction des assoifés d'argent facile car à cette époque la Chine ne montrait pas de vélléités d'annexion militaire de l'ile.

En contrepoint de ces personnages assoifés de mirages, Edward Yang nous montre le personnage de Winston Chen endetté auprès du milieu qui ne pense plus désormais qu'à se ruiner pour entretenir des maitresses plus jeunes. Paradoxalement son fils se retrouve en position de faire la leçon à un père qui autrefois était un modèle pour lui de par son arrivisme. Au travers de la relation Marthe/Markus, Edward Yang décrit un couple déjà usé avant les retrouvailles. Markus a oublié ses sentiments pour Marthe en ayant le volant rivé sur son entreprise, les femmes ne sont pour lui qu'un accessoire et à la fin du film il explique à Marthe que Taiwan est la grande zone d'opportunités financières qu'il ne peut se permettre d'éviter.

Mais Mahjong offre également dans sa dernière demi-heure l'opportunité à Yang Dechang de se distinguer des autres auteurs taiwanais. Il nous offre une scène de kidnapping aux dialogues et aux personnages hauts en couleurs qui ne dépareillerait pas dans Reservoir Dogs. Au rayon personnages hautement comiques, on a également un des membres du gang nommé Little Buddha de par son physique qui recommande à ses amis de ne pas embrasser leurs conquetes féminines car cela leur porte malheur et menace certains personnages de la vengeance des esprits. La mise en scène de Yang Dechang nous offre ses plans-séquences cadrés au cordeau ainsi que des plans semblant pris depuis une fenetre d'immeuble pour nous offrir le regard de celui qui assisterait à la scène en voisin. La scène où un couple usé traverse un couloir où abondent les miroirs annoncent les plans symboliques et elliptiques de Yi Yi. Les acteurs utilisent une palette variée allant du registre comique à la lassitude. Virginie Ledoyen trouve ici un grand role tout en tension sourde.

Depuis, Virginie Ledoyen est devenue une des Françaises les plus connues hors de nos frontières suite à sa participation à un Léonanar et Yang Dechang est s'est fait connaître de la planète cinéphile suite au prix de la mise en scène cannois mérité de Yi Yi, un des succès hexagonaux surprise de 2000. Mahjong, qui n'a pas volé son prix du jury berlinois, demeure donc de ce fait le témoignage précieux de l'association de deux talents juste avant leur explosion hors de leurs fontières.



24 juin 2002
par Ordell Robbie


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