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Gantz

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1 critiques: 3.25/5

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Arno Ching-wan 3.25 Bornes des limites dépassées
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Bornes des limites dépassées

"Je meurs, tout commence." Passons sur ce postulat de départ archi usé(1) pour nous pencher sur cette série, inégale mais idéale pour défouler et faire le ménage comme, euh... bah comme un gantz de toilette tiens. ONDA Naoyuki (Ego Proxy) nous présente un chara-design lisse et agréable et Natsuki Togawa une BO très efficace sur ce blockbuster animé touche-à-tout plutôt malin, un truc de jeunes qui, sous couvert de décortiquer l’adolescence à la Buffy, y va à fond dans la dénudation de donzelles aux poitrines protubérantes et dans l’étalage de scènes gores faisant passer Ken le survivant pour du Jacky Chan inoffensif. « No limit » semblent être ainsi les maîtres mots racoleurs de cette série, un show chiadé, futé, imprévisible et, de ce fait, salement accrocheur.

La boule GantzDès le début et malgré la volonté manifeste de faire un DA différent du tout venant, nous sommes en terrain connu et "hype" balisé par les tâches de sang coagulé de jeunes blessés consommateurs de malaises déjà préexistants. En guise d’introduction, la mort accidentelle des héros Kei Kurono et Katou Masaru est un doublon du démarrage sanglant de Suicide Club, un film de tarés où l'on pouvait voir de jeunes adolescentes se jeter sous les rames d’un métro dans la joie et la bonne humeur, leurs têtes volant à l’identique après décapitations violentes. Les deux jeunes hommes se retrouvent l’instant d’après « intégralement » en vie dans une sorte d’anti-chambre de la mort en compagnie d’autres victimes, toutes forcées de jouer au jeu sadique que va leur imposer l’étrange entité Gantz (2). Les règles de ce jeu piochent beaucoup dans celles du tout aussi ludique Battle Royale, les têtes explosent selon le franchissement de limites géographiques, la distribution du matériel de guerre est en partie personnalisée, les morts sont souvent choquantes, quant à l’aspect "lutin farceur" de ce Gantz maître du jeu, il est très proche de l’ambivalence du personnage joué dans BR par Takeshi Kitano.

La belle KishimotoUne affreuse baisse de régime survient sur toute la seconde moitié de la première saison, utilisant comme pour combler des pertes de temps (?) certaines règles propres au shonen. Dans l'ordre il s'agit 1 - des humiliations subies par le protagoniste, 2 - de ses frustrations exacerbées et 3 - de la vengeance s'ensuivant, le tout ne constituant malheureusement pas "1, 2, 3 soleil" en raison d'une historiette qui ne brille pas par son utilité. A ces moments Kurano n'éprouve pas de compassion ni n'évolue. Cette stagnation menace même de rendre notre héros antipathique. Toujours lors de cette deuxième partie, les personnages sont beaucoup trop bavards, les scènes par trop statiques et la narration molle du genou, une réalisation liée à ce qu’elle raconte avec un ITANO Ichiro inégalement inspiré.

La seconde saison relève considérablement la sauce. Le bonhomme ayant déjà œuvré sur le festif Violence Jack de Go Nagai, on attend en effet de lui qu'il se lâche un peu plus... "Un peu"? Le terme est faible pour définir la claque qui va suivre ! Difficile d'imaginer qu'autant de sadisme puisse être ainsi déballé, dur de concevoir et d'assimiler des injustices d'autant plus révoltantes qu'elles nous clignent de l'oeil en se poilant comme Malcom Mac Dowell le faisait dans Orange Mécanique, un film dont le fantôme hante cette série jusque dans son ultra violence et ses clochards méga-poissards éclatés à coups de battes de base-ball. S'ensuit un enchaînement bourrin de plusieurs épisodes reprenant les règles du shonen - les bonnes - pour enfin nous balancer des affrontements de titans violents et désespérés, de longs combats jouant les prolongations via la technique narrative dite des « poupées russes » ou « attention, un méchant peut en cacher un autre », une reprise de Dragon Ball Z et autre SNCF qui nous gratifie d'un crescendo barbare rarement vu ailleurs. Dément. Quelques points noirs énervent malheureusement le spectateur normalement constitué, en particulier les réactions d’étonnement à la longue soûlantes des jouets humains de Gantz alors que la connaissance du danger est manifeste, une marque de fabrique habituellement imputée aux slashers, de ces films élevés en batterie dans lesquels les proies agissent toujours n’importe comment avant de mourir. Le tout conduit vers la fin, inévitablement, une fin des plus déconcertantes mais optimiste dans sa noirceur, tant mieux, il en fallait un peu pour respirer au milieu - ou plutôt à la toute fin - de cette horreur animée.

Gantz est une série bâtarde et malpropre qui met mal à l’aise, une œuvre honteuse surfant sur la vague de vomi gerbée par une société de type « marche ou crève » où ses citoyens s’amuseraient à pisser dans le même sens qu'un vent nauséabond et destructeur, comme ça, juste pour le fun et pour aller au bout d'un concept "real-TV" au voyeurisme perpétuel et à la déresponsabilisation intrinsèque. Cette vision cynique s'auto-détruit pourtant l'espace d'une combinaison amusante et maladroite de deux scènes. Celle tout d'abord de pur hentaï où Kurono y culbute longuement une jeune demoiselle, puis cet enchaînement avec cette même fille lui demandant un peu plus tard, toute gênée, s'il ne veut pas "sortir avec elle". Cette naïveté est complètement à côté de la scène gratos ayant précédé, un lapsus révélateur de sentiments n’en demandant finalement pas tant, une fissure lumineuse bienvenue dans un cauchemar d’une noirceur absurde participant à l'alimentation du malaise des films cités ci-dessus, qu'il s'agisse de la complaisance de cyniques provocateurs ou du commerce de l'idée de suicide. Ou des deux. "No futur" donc, avec toutefois l'apparition d'une brève morale en guise de point final à un discours complètement irresponsable, une ultime pirouette laissant malgré tout un goût amer là où, il faut le reconnaître, un Shubby plus jeune aurait simplement pris son pied sans se prendre la tête devant un carnage bien jouissif à la Renny Harlin. Ca y est, j'ai un cheveux blanc. Si, là regarde. Mais si làààà...

(1) Postulat qui mériterait à lui seul une analyse sévère des mangas en général et du Japon dans la foulée. "Pas de perspective dans cette vie-ci?" Ben mince alors... Voir aussi le dernier paragraphe de cette critique de Mind Game pour avoir un bref topo bouddhiste concernant cette récurrence dans l'animation japonaise.

(2) D'où vient ce mot "Gantz"? Ca sonne vraisemblablement allemand, un dérivé de "ganze" qui veut dire: "tout", "entier", "complètement", un simili-Dieu qui collerait à peu prêt. Pour rigoler on a aussi ça choppé sur jeantosti.com: "Gantch : Nom plutôt rare rencontré dans le Sud-Ouest. La finale -tch semble basque. Dans ce cas, il pourrait s'agir du mot gantx, gantz, qui désigne la graisse, le saindoux. Peut-être le surnom d'un marchand de saindoux." Et dans la foulée : " Gantzer: Porté en Alsace-Lorraine (variante : Ganzer), le nom désigne un gardien ou un éleveur d'oies. On peut éventuellement envisager aussi le surnom d'un homme agressif (ganser = jars). Autre possibilité : celui qui est originaire de Ganz ou Ganzer, localités du Brandebourg."(!)... Aussi 'portnawak que la série tout ça!!



03 juin 2006
par Arno Ching-wan


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