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La Femme des Sables

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les avis de Cinemasie

4 critiques: 4.56/5

vos avis

26 critiques: 4.27/5



Ghost Dog 4.5 Un classique éblouissant
Ordell Robbie 5 Sables émouvants
Sonatine 4.75 Que j'aime cette femme ...
Xavier Chanoine 4 Seuls sur le sable...
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Un classique éblouissant

Ce scénario catastrophe et pour le moins original est-il une métaphore critique du mariage? On peut le penser après la vision de cette oeuvre artistique et absurde. En tout cas, elle amène à une réflexion sur le comment du pourquoi sommes-nous sur Terre ainsi que sur le caractère humain: ce scientifique emprisonné malgré lui va d'abord comme tout un chacun penser à s'échapper, mais en vain. Puis il va s'habituer à sa vie misérable et même s'attacher à la jeune femme avec qui il vit, pour finalement décider de rester dans son trou quand on lui rendra sa liberté. L'homme s'apprivoise-t-il donc, comme un animal? Cela semble bel et bien le cas (songez aux travailleurs modernes, à nous tous par conséquent: nous sommes embrigadés dans un système rigide - 20 ans d'études, 40 ans de travail, 20 ans de retraite - qui ne satisfait pas grand monde mais dont tout le monde se contente, faute de possibilités extérieures).

Même si on ne fait pas de démarches intellectuelles devant ce film qui peut être interprêté de nombreuses manières, il y a encore de quoi se régaler: situation incongrue, huis-clos haletant, images superbes saupoudrées d'érotisme soft et musique parfaite; et malgré la lenteur de l'action, qui contribue à l'envoûtement, on se surprend à se passionner pour ce film d'une grande intelligence qui possède quelques scènes très marquantes.



22 octobre 2000
par Ghost Dog




Sables émouvants

Avis avec SPOILERS

Si la Femme des Sables est plus classique formellement que les autres Teshigahara (malgré quelques plans rapprochés et caméras portées), c'est qu'il choisit de rendre la descente de l'entomologiste dans la folie et l'isolement par les ruptures rythmiques, les variations de montage sur certaines scènes (notamment celle où les villageois masqués l'encerclent en lui demandant de faire l'amour devant eux). Car après tout le film n'a pas besoin d'un surcroît de stylisation pour etre étrange: le sujet, les situations, le score de Takemitsu Toru suffisent déjà à souligner cet aspect. Le sable qui envahit progressivement l'habitation, le fondu enchaîné entre le désert et le corps dévêtu de la villageoise, les multiples plans où les insectes sont malmenés (quoique pas dans un but sadique comme dans the Pitfall ou chez Kim Ki Duk mais dans un but d'intérêt pour la nature), les multiples plans de gouttes d'eau, les bruits de vent persistent longtemps das la mémoire du spectateur.

Par rapport à d'autres films consacrés au phénomène de l'évaporation (celui d'Imamura entre autres), l'originalité est que le film est traité du point de vue de l'évaporé et non des enquêteurs. Le but de l'isolement est de l'amener avec succès à renoncer à sa "liberté", à tout faire pour que son évasion soit impossible afin qu'une fois la liberté possible il la refuse (ce qui se passera dans le final). A l'instar des héros de Buzzati, il poursuit un but absurde auquel il renoncera finalement: il est inutile de s'échapper, le sable s'effondrera encore plus de toute façon à chaque tentative. La fascination urbain/rural est un autre grand thème du film qui peuple les conversations entre la jeune femme et l'entomologiste. Car outre le renoncement volontaire à la "liberté" relative de la vie urbaine, le film est aussi le récit d'une découverte de soi où la folie peut devenir une révélation, un moyen de développer sa sensibilité (le travail d'entomologiste): la femme des sables, par sa sensualité, son érotisme terrien, révèle le héros à lui-même. Le film est au final double, conquete et renoncement, étrange et distant comme terriblement sensuel, lieu de massacre de la nature (les insectes) comme célébration de sa puissance contre laquelle l'homme ne peut rien.

On n'a pas fini de faire le tour de cette oeuvre fondamentale de la Nouvelle Vague japonaise simple et pourtant venant de nulle part. A l'instar de l'entomologiste, on n'a pas envie de quitter cet océan de sensations, ce lieu du jamais vu.



12 octobre 2002
par Ordell Robbie




Seuls sur le sable...

Tandis qu'en 1964, certains grands réalisateurs (Naruse, Kurosawa, Kobayashi) usaient du cinémascope pour embellir leur image et leur donner une dimension épique chez l'un, facteur de densité et de contemplation mystique chez l'autre, Teshigahara quant à lui restait au format plein cadre pour véhiculer ce sentiment de peur panique et d'étouffement spatial, comme si les protagonistes (un instituteur, une femme mystérieuse) étaient prisonniers (et ils le sont!) de leur environnement, de leur sable, de leur foyer bricolé, accentués par la caméra souvent très proche de leur visage afin de faire transparaître la moindre des émotions. La peur est relayée par la sueur qui se fait d'avantage présente, parsemant leur corps de fines perles, de même que l'emprise du décor qui ne fait bientôt plus qu'un avec eux (le gros plan parcourant le visage recouvert de sable de Kishida Kyoko). Cette mutation presque organique avec le sable est la métaphore même de la nature qui s'impose et qui défie l'être humain à chaque instant (l'instituteur, incapable de sortir du terrain), comme si il renvoyait l'ascenseur à l'insecte capturé par ce dernier pour son plaisir "personnel". La nature aussi s'amuse et rit de la douleur de ses prisonniers, fait presque avéré par la musique impressionnante du grand Takemitsu Toru simulant les ricanements d'un vent bien présent et inquiétant.

Difficilement classable, La femmes de sables (sous-titré La femme du sable pour la version longue inédite) est donc une oeuvre aux lectures infinies, un survival à part entière que n'aurait pas renié Wes Craven pour sa Colline a des yeux et ses rednecks cannibales, presque pompés sur les autochtones du film de Teshigahara, en moins féroces bien sûr. Le cinéaste préfère d'ailleurs ne pas s'attarder sur ce "peuple des sables", et prend le temps de filmer le quotidien des deux êtres (superbe Kishida Kyoko, non moins excellent Okada Eiji) dont le comportement change au fil des saisons : l'instituteur au départ craintif fait tout pour s'échapper de son antre, jusqu'à ne plus vouloir la quitter tellement la vie "là-bas" ne l'intéresse plus après sept ans de "captivité" (les dunes de sable prenant en otage ses victimes) et la femme "mystérieuse" finit par aimer son homme. Des instincts primaires (après s'être lavé le corps, ils feront logiquement l'amour) dans un monde sans issues (l'instituteur tournant en rond dans les dunes de sables après s'être enfui), pour une oeuvre tout bonnement fascinante, véritable leçon de mise en scène et d'aboutissement formel.



16 avril 2007
par Xavier Chanoine


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