Re-constitution historique
Ambitieuse reconstitution des dernières 24 heures précédant l'annonce de la capitulation de l'Empereur.
Les premières vingt minutes du film proposent un tour d'horizon assez lénifiant des dernières semaines amenant à la capitulation. Les autorités répondent encore au code du samouraï, hésitent à se rendre et seul le lâcher des deux bombes atomiques semble finalement leur insuffler quelque conscience quant à la perte à laquelle court le pays. Alors que les civils n'attendent que la fin de l'horreur, les gros bras de l'armée proposent "la solution ultime": envoyer 20 millions de kamikaze (soit la moitié de toute une jeune génération de l'époque) à l'encontre de l'ennemi. La décision de l'Empereur de signer le Traité de Potsdam et de diffuser un discours radiophonique officiel semble signer la trêve des hostilités; mais c'est sans compter sur la détermination de quelques militaires, contestant la voix de leur "Dieu Empereur" et lançant une dernière tentative désespérée de renverser le pouvoir en place et d'empêcher la diffusion du message prévue le lendemain midi.
Une première vision est tout simplement désarçonnante: le style est rapide, sec et s'apparente franchement à l'une de ses arides reconstitutions historiques scolaires ou visibles sur ARTE. Les intervenants défilent avec leur nom intégré à l'écran, les scènes se suivent sans réel lien; une voix off commente sèchement les actions. Jamais à aucun moment ne se met en place une réelle "intrigue fictionnelle"; au lieu de cela Okamoto met en scène des simples reconstitutions aux multiples personnages, parfois entrecoupées de quelques images d'archives.
Bien que l'issue est connue, beaucoup d'actions, de décisions et d'événements le sont bien moins. A commencer par ce mini-putsch militaire.
Et puis, sans crier garde au bout d'1h30 de film, un extraordinaire éclat de violence rompt la relative monotonie: une tête tranchée et des geysers de sang ne sont que l'avant-goût de futures scènes de rituels suicidaires et ce qui restera sans doute la plus incroyable scène de seppuku (par Toshiro Mifune en PERSONNE!) jamais portée sur grand écran.
Dans la plupart des rôles, que des grands noms (Mifune, Takashi Shimura, Yunosuke Ito, Daisuke Kato,…); la Toho avait vu les choses en grand en confiant la réalisation de cet ambitieux projet pour ses 35 ans. D'autre part, ils accordaient toute confiance en la personne d'Okamoto pour pallier au "départ" du grand Kurosawa.
A juste titre, le film allait jouir d'un énorme succès populaire, terminant scodn au box-office de l'année. Encore une fois: si la vision est assez aride, ce sont les nombreuses images revenant hanter la mémoire longtemps après la vision du film, ainsi que les dernières phrases du film, qui donnent toute la puissance à ce réel classique de l'Histoire du Cinéma Japonais.