Contes fantastiques de l'ère Edo

Ordell Robbie

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Trop de ruptures tuent le charme...

Trop de ruptures tuent le charme...

Ou les limites d'une certaine idée si asiatique du cinéma populaire... Le mélange des genres, les ruptures de tons, le fait de ne pas reculer devant une certaine exagération, tout ceci correspond à des choses qui ont cimenté notre désir d'Asie sur grand écran. Et si l'on avait apprécié la série des Red Peony Gambler de Kato Tai, c'était justement pour son habile dosage comédie/mélodrame/combats à l'arme blanche/code d'honneur. Mais dans cette (très) libre adaptation de la célèbre histoire de Yotsuya (aussi adaptée par Kinoshita et Nakagawa) de Kato Tai il y a surdose de tout et les ruptures de tons brusques annulent le potentiel du film. Inventaire en vrac des ingrédients du mélange... Wakayama Tomisaburo jouant le type de sabreurs désoeuvrés, pas du tout héroiques qui peuplaient le chambara sixties. Et qui en plus semble jubiler à jouer à l'homme brutal en ne reculant pas devant le surjeu. Et puis du combat au sabre, de la comédie, du drame, de la vengeance et du kaidan eiga au mépris d'une certaine lisibilité narrative. Le tout emballé par Kato Tai avec un brio formel déjà présent mais en ne se préoccupant pas de gérer les ruptures de tons par le montage et la mise en scène. Dommage...

visiteur	note
Anel-kun	3
Bastian Meiresonne	2.25
hkyume	1.5
Mounir	2.5

Final Cut

Cette nouvelle adaptation de l'histoire de fantômes la plus célèbre du Japon par le réalisateur iconoclaste Tai Kato n'a pas grand chose pour elle. Réalisé deux ans après la superbe version de Nobuo NAKAGAWA, elle est d'une qualité bien inférieure et n'apporte strictement rien au genre. L'histoire en début du film est pour le moins confuse et tente d'introduire tous les éléments et personnages à un rythme chevronnée, misant sans doute sur la parfaite connaissance des spectateurs pour ne pas avoir à s'adonner à des explications inutiles. La suite ralentit singulièrement en rythme et s'étire même carrément en longueurs, jusqu'au terrible empoisonnement d'Oiwa par son perfide mari. La dernière partie - les conséquences de la malédiction - est à elle un ratage parfait, surtout par une mis en scène des plus maladroites. Mauvaise accaparement du matériel d'origine et une mise en scène carrément bâclée sont d'ailleurs les deux gros points faibles de cette adaptation. Plate et insipide, la réalisation de Tai Kato n'arrivera jamais à instaurer aucun climat d'angoisse ou de terreur. S'il abuse d'une violence graphique - qui fera grincer plus d'une fois des dents par quelques inserts sanguinolents des plus osés à l'époque de la réalisation du film - qui constituera l'unique apport majeur par rapport aux versions antérieures, la cruauté du personnage habité de Tomisaburo WAKAYAMA (Baby Cart) n'est jamais souligné par le cinéaste KAITO, pourtant adepte des contre-plongées qui auraient rendu parfaite justice au caractère inquiétant du sombre personnage. Les scènes fantomatiques sont éparses et très, très, très loin d'égaler la force des mêmes images de l'adaptation par NAKAGAWA. Quant au grand final, il s'agit d'un grand moment de ridicule, la caméra étant simplement planté dans l'angle d'une pièce n'offrant que très peu de visibilité, alors que se déroule un combat acharné entre une dizaine de protagonistes. Courant partout, on n'aura jamais l'occasion de voir l'issue des combats de chacun des personnages. Seule l'interprète d'Oiwa tire son épingle du jeu. Parfaite en femme soumise et d'une bonté imparable, elle réussit à émouvoir pleinement lors d'un poignant plan séquence, où elle tente d'empêcher son furieux mari d'emporter leurs derniers biens pour aller se saouler. L'horreur n'est pas toujours là, où l'on croit...