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Brothers from Walled City
les avis de Cinemasie
1 critiques: 3.25/5
vos avis
4 critiques: 3.94/5
Un drame social un peu trop éclaté et caricatural mais sympathique malgré tout et loin du Nam Lai Choi que l'on connait.
En remontant la filmo du légendaire
Nam Lai Choi on trouve quelques films Shaw Brothers réédités chez célestial dont celui-ci, drame social sur la vie dans les bas quartiers de Hong Kong. Qu'en est-il du roi du nanar fantasmagorique à cette époque ? Et bien, on peut dire qu'il s'en sort pas mal et tout à fait sérieusement cette fois-ci. Il débute, reste donc dans les rails du studio mais la violence brute qu'il affectionne y fait déjà surface en beauté et les prémisses de sa nanaratitude sont encore loins mais pas inexistants. Ce film n'est pas un nanar ni une bisserie au sens strict mais Brothers from the walled city a quelque chose de typiquement Nam Lai Choi déjà, quelque chose d'étrange qui le rend par moment réellement invraisemblable.
L'histoire commence par un prélude sur l'enfance des deux héros. Deux frangins turbulents vivent dans les bas quartiers de Hong Kong au début des années 60, une vie âpre cernée par la violence qui laisse forcément des traces. Ce premier morceau installe correctement le duo et les deux gamins toujours prêts à se bastonner font preuve d'une belle énergie qui les rend sympathiques. Le portrait est réaliste et les personnages originaux, notamment ce jeune marié drogué qui veut forcer sa femme à faire des strip tease en public alors qu'elle refuse catégoriquement de le faire. Nous retrouvons ensuite les deux frères au début des années 80 où le cadet, joué par Chin Siu Ho, et sa bande de copains copines vont s'attirer des ennuis en provoquant un gang de "bad tronches" qui roulent en porsche. L'aîné quant à lui, interprété par un Philp Ko Fei convaincu et convaincant, tient un bar discothèque, suivant la voie de son père, et semble s'être rangé des bétises de sa jeunesse.
Au rayon des bons points, Nam Lai Choi propose un scénario plutôt bien ficelé où chaque protagoniste est lié à l'autre, avec des personnages assez intéressants, notamment les deux frères et Wang Lung Wei, dans un rôle non martial pour une fois, qui joue un flic assez tyrannique et un père à la main lourde. Un cercle bien senti de relations se tisse et apporte son lot de tension et de noirceur. Pourtant, le récit est surdécoupé de scènes rigoureusement accessoires qui montrent déjà la logique unique du futur maître du n'importe quoi. Nam Lai Choi part un peu dans tous les sens et s'attarde très longtemps dans le coeur du film sur les jeunes qui inventent des stratagèmes tous plus farfelus les uns que les autres pour humilier le gang des "bad tronches", alors que tout cela n'a débuté que pour une course en voitures perdue. Ces scènes débiles à souhait, bien que vaguement spectaculaires, n'apportent pas grand chose au pitch principal qui aurait mérité un développement plus ample à la vue des relations et interconnexions posées au départ. Philp Ko Fei, le frère ainé, en pâtit et on ne le voit que trop peu au final.
La mise en scène reste ténue et emprunte d'une violence maussade et directe qui nous fait croire en Nam Lai Choi. Les scènes d'action en particulier, les bastons notamment, y sont très réussies, nerveuses, et rappellent le chaos des polars secs tels Man on the brink ou le réalisme des films de yakuzas nippons. Une chute vertigineuse du toit d'un immeuble et un pré final extrême ajoutent encore au côté ténu et noir de la chose. Je parle bien de pré final car le final en lui-même, bien que cohérent, tombe plutôt comme un cheveu sur la soupe.
Il est difficile (et inutile) de tout résumer tant ça part dans une multitude de directions pas toujours probantes mais Brothers from the walled city, bien qu'assez bancal, parfois caricatural et un brin molasson, reste un drame social pas dénué d'intérêt et plutôt sympathique au final qui risque de bien accrocher les amateurs.
Lam Nai Choi n'est pas encore le maître que nous admirons tous lorsqu'il réalise ce "brothers from walled city", et cela se ressent. Néanmoins, on retrouve cette fibre sociale si forte qui irradie dans des films tels que "her vengeance", avec lequel il partage une violence crue et sans concession.
Moins rythmé que les classiques du maître, ce film déçoit quelque peu par l'absence de final cathartique ou de scènes extrêmes. Néanmoins l'ensemble se révèle noirissime et la fin totalement nihiliste et désespérée reste en mémoire. Ne vous attendez cependant pas à de l'action débridée, il n'y a aucun gros affrontement, aucune explosion de fureur.
La première partie, qui conte l'enfance des deux frères, est très réussie et prend le temps d'installer l'ambiance, permettant à la dramaturgie d'exploser plus tard.
La violence, omniprésente, oppressante, dévoile une ville à la dérive, une population en proie à la détresse la plus totale et une jeunesse désoeuvrée qui conduira à la tragédie. Beaucoup de sang et de rage, mais c'est surtout d'un point de vue psychologique que le film se révèle violent, réhaussé par les prestations de Phillip Ko (qu'on voit trop peu) et Wang Lung Wei. Chin Siu Ho hérite d'un rôle moins intéressant, et même s'il s'y révèle à l'aise, il ne brille pas comme c'était le cas dans "killer's nocturne", un film essentiel du maître.
Beaucoup plus sobre qu'à l'accoutumée, "brothers from walled city" reste un film désespéré et une peinture tragique d'une société en pleine perdition où seule compte la lâcheté et où tous les coups sont permis. Les scènes plus légères qui relatent l'affrontement entre les deux groupes, sont amusantes et plutôt originales, et permettent au film de ne pas sombrer dans le désespoir total.
Pourtant l'issue reste inévitable. Pas une oeuvre majeure du maître, mais les prémisses d'une filmographie fascinante.