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Away with Words

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Xavier Chanoine 3 Doyle et Asano sont sur un bâteau. Aucun ne tombe à l'eau...
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Doyle et Asano sont sur un bâteau. Aucun ne tombe à l'eau...

Bande annonce

Lorsque Christopher Doyle, le célèbre chef opérateur quadrilingue –au moins- de Wong Kar-Wai, celui qui trouve l’inspiration après trois bières (marrant son clin d’œil durant le générique de fin avec un "beer is life" franchouillard), se met à la réalisation, autant dire que le résultat peut s’annoncer assez formidable. Imaginez un peu ce scientifique de l’image libéré de toutes les contraintes de tournage, point de réalisateur pointilleux sur son dos, une liberté de mouvements de tous les instants. Et quelle liberté, aussi insensé est le résultat final. Plongée alcoolisée –sans la gueule de bois du lendemain- aux quatre coins d’Asie (Hongkong, Okinawa…) qui ne se soucie ni de ses personnages ni d’une quelconque cohérence. Away with Words se veut œuvre d’art émancipée, déchaînée, formidable expérience formelle et sonore dont on ne comprend pas très bien les rouages, avant de se laisser porter par la générosité du chef opérateur cinéaste, rappelant évidemment le Wong Kar-Wai pré- In the Mood for Love par son énergie brute, son style affranchi de toutes les contraintes possibles et inimaginables. Un brin poseur Asano dans son –presque- propre rôle (Asano Takashi), et il en est conscient. Il suffit de le voir allongé sur son canapé d’angle avec ses lunettes de rock star pour s’en convaincre. La rock star éreintée par les tournées.

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Soufflant par ses contradictions de ton, on est dans Away with Words aussi bien en transe qu’à l’état de zombie, Christopher Doyle expose son univers et ses délires extrêmement poussés sans devoir rendre des comptes pour autant. Comme dit précédemment, l’aventure, très souvent ponctuée de flashbacks sur l’enfance d’Asano, ne s’embête pas à suivre un chemin déjà tout balisé, tout écrit, à l’image de ces cinéastes qui travaillent au jour le jour, sans script précis, net, détaillé. C’est cette liberté dingue, cette sensation d’avoir affaire à un clip expérimental de 90mn avec des choses à voir, jamais empêtrées par une narration lourde se voulant justement être « expérimentale », comme le First Love: The Litter on the Breeze d’Eric Kot assommé par son bordel ambiant et ses plages de dialogues balourdes. Pourtant, la cacophonie est tout aussi redoutable que celle d’Away with Words. On y trouve pourtant ici un beau portrait de types marginaux, aux couleurs très différentes, un japonais, une paumée Singapourienne (la pop star Mavis Hee) et un britannique alcoolique qui n’arrive jamais à se sortir du pétrin dans lequel il s’y met avec panache. Amusant boxon soutenu par le jazz énervé d’Itabashi Fumio, Away with Words sait aussi créer le mystère. Parfois plongé dans le flou le plus total (caméras 8-16mm ?), l’enfance d’Asano contient ses beaux moments nostalgiques tandis que les moments présents semblent être alourdis par une sacrée fatigue ambiante. Tout le monde est dans son coin sans toutefois attendre la faucheuse, mais le fardeau est bel et bien là.

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Et en tant que recueil, si je puis dire, des solutions formelles de Christopher Doyle expérimentées auparavant, Away with Words va même encore plus loin. Gros grain, accélérés, ralentis, rembobinages, grands angles, flous, saturation absolue des couleurs à dominante bleue et rouge, montage haché donnant cette impression de liberté totale de mouvements, mais aussi cette musique d’outre-tombe accompagnant les images prises avec des caméras spéciales qui manipulent la perception du spectateur vis-à-vis de ce qu’il voit, ou l’invitant à y voir tout autre chose. Comme en fin de métrage avec ces cerfs-volants en forme de poissons, filmés avec ce qui semble être une caméra 8mm, qui par le ralenti et le côté trouble de l’image font tout droit penser à des poissons dans un immense aquarium. Et ce n’est qu’un exemple. Alors oui, ça ne fait pas avancer l’intrigue, mais qui s’en souciera ? Away with Words est toutefois à conseiller aux amateurs du travail de Christopher Doyle. Certains y trouveront un catalogue –un peu gratuit par moment- de tous les effets conçus par le génial chef opérateur jusqu’à maintenant. Mais en faisant abstraction de toute forme de classicisme pour exposer sa propre vision du cinéma et la sensation que procurent 24 photogrammes bruts par seconde, il invite le spectateur à y voir avec ce film-ci davantage que des phrases ou des mots sur pellicule.



20 juin 2010
par Xavier Chanoine


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