Lexique du cinéma japonais

Alors que le cinéma social en Europe fait partie du cinéma d'auteur, il est un genre à part entière au Japon au même titre que le polar. Illustration avec ce lexique des genres japonais et des termes-clés pour comprendre ce cinéma, ses codes et ses références (entre guillemets : traduction littérale).

Bake-Mono : Film de fantômes (o-bake) traditionnels, le bake-neko-mono est un sous-genre où les femmes se transforment en chattes maléfiques.

Benshi : Maîtres de cérémonie lors des projections à l'époque du muet, ils se divisent en deux catégories : d'abord les doubleurs venant du théâtre puis les commentateurs qui racontent et commentent le récit, appartenant au monde du cinéma. 

Bungei-eiga : Films adaptés d'œuvres littéraires, appelés aussi jun-bungaku lorsqu'il s'agit de les distinguer de la littérature populaire.

Bunraku : Théâtre de marionnettes, du nom de la salle fondée en 1872 ne présentant que ce type de spectacles.

Bushido : La voie du samouraï qui devait être observée par les militaires.

Chambara : "Bataille de sabres". Désigna d'abord les duels au sabre au théâtre et au cinéma avant de désigner les films d'épées comportant de nombreux duels au sabre.

DAIEI : "Dai Eiga" soit "grands films"; compagnie cinématographique fondée en 1941 qui fit faillite en 1971 et produisit entre autres Rashomon, aujourd'hui reconvertie dans la distribution.

Eiga : Film.

Geisha : Jeune fille ou femme spécialement entraînée pour les clients des maisons de thé. Elle doit maîtriser tous les arts de société (danse, chant, cérémonie du thé…). N'est pas théoriquement considérée comme une prostituée. Le Geisha mono est un genre cinématographique à lui tout seul.

Gendaigeki : "Théâtre contemporain ". Désigne les films sur des sujets contemporains, principalement les films sociaux.

Giri-Ninjo : Opposition devoir/sentiment souvent utilisée comme ressort de la dramaturgie japonaise.

Hana Mono : Films sur le thème de la mère.

Hara Kiri : Aussi appelé seppuku, cérémonie où les samouraïs pouvaient s'ouvrir l'abdomen puis se faire trancher le col par leur assistant au lieu d'être exécutés comme un roturier.

Ikebana : "Fleur vivante". Art japonais traditionnel du bouquet.

Jidai-geki : Film historique se déroulant avant 1868. Les exemples les plus connus sont les 7 samouraïs et les Contes de la lune vague après la pluie.

Jingi : Code d'honneur des yakuzas. Cf la série des Combats sans Code d'Honneur de FUKASAKU.

Kabuki : Avec le Nô et le Bunraku, l'un des trois théâtres japonais classiques majeurs. Les acteurs sont exclusivement des hommes, il s'agit d'un théâtre classique populaire et stylisé. CHIKAMATSU (adapté par MIZOGUCHI dans les Amants Crucifiés) en fut le maître.

Kaidan : Histoires de fantômes japonais, cf Kwaidan de KOBAYASHI.

Kaiju-Eiga : Film de monstres. Cf Godzilla.

Kamikaze : "Vent des Dieux". Avant de désigner les fameux pilotes-suicides de 1939-1945, il s'agissait d'un typhon qui coula la flotte mongole et empêcha l'invasion du Japon en 1281.

Keiko-Eiga: Cinéma politique.

Kendo : "Voie du sabre". Art et technique du sabre japonais

Kimono : Vêtement traditionnel porté par les hommes comme par les femmes.

Kodan : Histoires transmises oralement.

Kyogen : Intermèdes comiques du Nô.

Manga : Bandes dessinées japonaises et par extension dessins animés

Matatabi-mono : Film, histoire, pièce de théâtre sur un gangster errant.

Meiji-Mono : Film se déroulant durant l'ère Meiji (1868-1911).

Monogatari : "Chose contée ". Contes, fables, récits. Cf Ugetsu Monogatari.

Nagauta : Chanson populaire avec accompagnement de flûte, shamisen, tambourin.

Nikkatsu : Contraction de "Nippon Katsudo Shashin Kabushiki Kaisha", la plus ancienne des compagnies cinématographiques japonaises fondée en 1912.

Ninja : Espion acrobatique aux pouvoirs surnaturels, le Ninja-Eiga est le film de ninja.

Ninkyo-Eiga : "Films de chevalerie". Expression désignant des films de yakuzas "chevaleresques" et certains films de sabre.

Nimaime : Personnage de jeune premier fragile et aimé des femmes.

Nô : La plus ancienne forme théâtrale japonaise, théâtre classique réservé à l'élite, statique avec des acteurs masqués. A eu moins d'influence dans le cinéma (le Château de l'Araignée, Kagemusha).

Nuberu Bagu : La Nouvelle Vague.

O-Bon : Fête traditionnelle des morts se déroulant en juillet-aout selon les régions. Est également la période où sortaient les Bake-Mono.

Onnagata (ou oyama): Acteur interprétant des rôles féminins.

Oyabun : Parrain, chef de gang.

Pinku-Eiga : "Film rose". Films érotiques des années 60.

Rakugo : Forme populaire de monologue comique.

Roman-Porno : Série de films romantiques-pornographiques à petit budget inaugurée par la Nikkatsu au début des années 70 pour se sauver avec succès de la faillite. TANAKA Noboru et KUMASHIRO Tatsumi en furent les réalisateurs-phares.

Ronin : "Hommes vagues". Samouraïs sans maître errant à la recherche d'un travail. Cf Hara Kiri.

Saké: Terme occidental désignant le Nihon-shu ("alcool japonais"). Boisson nationale au même titre que la bière. Cf le Gout du Saké.

Samouraïs: Chevaliers de la noblesse guerrière à l'époque féodale. Ils furent les instruments de pouvoir du Shogun avant l'abolition des privilèges de la restauration impériale du Meiji.

Seishun-Eiga : "Films de jeunesse ". Genre de films traitant des problèmes de la jeunesse de façon sensationnaliste (sexe, violence).

Sengoku-jidai : De 1490 à 1600, période de guerre civile et de lutte des clans. Cf Kagemusha.

Shamisen : Instrument ressemblant à un luth à trois cordes.

Shingeki : Courant de théâtre réaliste inspiré de l'Occident sous l'ère Meiji, distinct du shimpa (nouvelle école du kabuki).

Shinju : "Double suicide" : pratiqué par les amants en fuite. Très souvent présent dans le théâtre et le cinéma.

Shinto : "Voie de l'esprit". Religion nationale vénérant les ancêtres, les éléments de la nature et l'Empereur.

Shintoho : "Nouvelle Toho". Compagnie cinématographique crée par une partie du personnel de la Toho suite aux grèves de 1947. Fit faillite en 1961.

Shochiku : Compagnie cinématographique fondée en 1920 par d'anciens vendeurs de pâtisserie. OZU et KOBAYASHI y travaillèrent.

Shogun : Premiers généraux qui allèrent soumettre les barbares dits Ebisu (aborigènes du Nord). Ils régnèrent progressivement sur tout le Japon jusqu'à l'avènement en 1868 de l'ère Meiji.

Shomin-Geki : "Théâtre populaire". Films sur la vie des salariés. OZU et NARUSE le représentent dans les années 50.

Taiyozoku : "Génération du soleil". Mouvement littéraire lancé par ISHIHARA Shintaro dans les années 50 évoquant la jeunesse désenchantée de cette décennie qui devint plus tard un genre cinématographique qui est un peu l'équivalent japonais des films Rebel without a cause. Film-emblème : Passions juvéniles où joue ISHIHARA Yushiro, frère cadet du romancier.

Takarazuka : "Colline du trésor" du nom de la banlieue d'Osaka. Genre de théâtre à mi-chemin entre opérette et music-hall fondé par KOBAYASHI Ichizo le patron de la Toho et interprété uniquement par des femmes à l'inverse du kabuki.

Tatami: Du verbe tatamu "plier, fermer". Natte tressée couvrant le sol des maisons japonaises. Cf les films d'OZU et NARUSE.

Tateyaku : Héros fort, courageux et insensible aux femmes par opposition au nimaime.

TOEI : " Films de l'Est " compagnie crée en 1951 qui produisit des jidai-geki avant de passer au yakuza-eiga.

TOHO : "Trésor de l'Est". Compagnie fondée en 1951 qui produisit des films d'actions, des comédies, des superproductions.

Tokugawa : Famille noble originaire du 12ème siècle dont Ieyasu est le plus célèbre représentant (cf Kagemusha) et nom de l'ère de leur règne (1603-1867).

Tsuma Mono : Films sur les femmes.

Yakuza-Eiga : Genre de films où les gangsters (yakuzas) jouent un rôle de premier plan. La TOEI en fit son genre emblématique.

Yoshiwara : Quartier des plaisirs à Tokyo, lieu de nombreux films traitant de la prostitution jusqu'en 1957, date de sa fermeture officielle. Cf la Rue de la Honte.

Sources : Le Cinéma Japonais, une introduction, Max Teissier ; Le Cinéma Japonais, Sato Tadao ; A Hundred Years of Japanese Film, Donald Richie.

date
  • October 2005
credits
Introduction


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