Pas mûr, mais à point
Ishii Yuya enchaîne les comédies comme d'autres les perles sur un fil tendu. Il n'arrête plus de tourner depuis son premier succès autoproduit, "Bare-Assed Japan", qui a (justement) gagné le premier prix au Festival du Film indépendant du PIA en 2007 et aura dédié tous ses films à des personnages de losers sympathiques et marginaux authentiques dans une société nipponne légèrement décalée…ou plutôt réapproprié par la vision unique de son talentueux réalisateur.
Aucun de ses films n'est un authentique chef-d'œuvre…Ce sont toutes des comédies sans aucune prétention, qui puisent justement leur force dans la description réussie d'une galerie de personnages hauts en couleur plongés dans une suite de scènes parfois en lien, souvent décalée, qui rend toute prévision de la suite à venir absolument impossible. Une aubaine pour tous les contestataires d'un cinéma ultra formaté, adepte du modèle américain d'aller d'un point A à un point B au happy end obligatoire de fin, dont je suis !!
"Walk beside you" s'éprend de la jolie thématique du couple intergénérationnel, qui a déjà fait l'objet de plusieurs films ces derniers mois, que ce soit au Japon ou en Corée. Un thème majeur dans des sociétés très patriarcaux, où il est signe d'une certaine "réussite" de se coltiner une petite jeunette (ou deux) au bras quand on a atteint l'âge de la retraite, mais où une femme sortant avec un jeunot est considérée comme…une moins-que-rien…
"Walk beside you" décrit ainsi la "fugue" d'une prof avec l'un de ses élèves et leur difficile adaptation à la ville tokyoïte avec une relation très rapidement construite sur un tas de mensonges…Mais ce qui aurait pu sembler comme un authentique mélodrame sur papier va vite s'avérer une petite comédie assez hilarante avec tout un tas d'enchaînements incroyables – mais surtout une galerie de personnages extraordinaires.
Les films d'Ishii s'apprécient comme des petites gourmandises, des glaces "Mystères", où l'on ne saurait jamais de quoi est faite la prochaine couche et surtout ce qui se trouve au cœur de la glace. Un petit plaisir, même pas coupable, qui vous file la banane à défaut de rester gravé à jamais dans votre mémoire…Mais rien que le fait de mettre de bonne humeur en sortant de la salle vaut déjà beaucoup par ces temps de vaches maigres.
