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Le vagabond de Tokyo

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les avis de Cinemasie

6 critiques: 3.96/5

vos avis

22 critiques: 3.97/5



Xavier Chanoine 4.25 Beau comme un camion !
Ordell Robbie 4.5 un must du film de yakuza
drélium 3.75 Un chef d'oeuvre étrangement froid
Chris 4.5 Tout est une question de style !
Aurélien 3.75
Arno Ching-wan 3 Ai vagabondé sur un autre chemin pour le coup
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Beau comme un camion !

Les polar japonais jazzy ont quelque chose en plus que la normale. Un truc, une odeur, une image en plus, je ne sais pas. Le vagabond de Tokyo respire la folie et emmerde tout le monde d'un bras d'honneur élargit aux amphétamines. Que dire de ce spectacle hallucinant qu'est ce métrage de Suzuki? Un jeune yakuza plutôt vanné du métier décide de poser les armes. Malheureusement ses acolythes ne l'entendent pas de la même oreille et décident de le pourchasser. Une chasse à l'homme va alors débuter des un splendide Tokyo et à travers le monde. Le film débute dans un sublime noir et blanc, non sans rappeler un certain passé nostalgique. Ensuite, véritable contraste, les couleurs arrivent, explosent et déchirent l'écran mêlant allègrement mauvais goût et sens artistique hors norme. Suzuki est un bon, que dis-je, un géni, un hystérique, un mec qui crois en son talent et en ses ambitions. Apparaissent alors à l'écran une furya totale d'images et de son. Les décors sont hallucinants, à base de fonds blancs, noirs, bleus, de silouhettes, d'apparences. La mise en scène ultra dynamique propose des plans de géni, des zooms fantastiques à la Chang Cheh, des plans-séquences en veux tu en voilà, des travellings vertigineux et la lise est longue. Le summum est peut-être atteint avec l'apparition de la neige, d'une blancheur exquise. Le tout, accompagné de trompettes à la Al Hirt ou à la Morricone (l'intro musicale est digne d'un western italien). Un polar speed et dôté d'un scénario efficace, narré ou même accompagné par la sublime chanson récurrente portant le nom du film "aah le vagabond de Tokyo" dont la MONUMENTALE séquence de baston finale (à base de 40 loustiques qui se foutent sur la gueule) épate, assome et passionne. On sent l'influence d'un tel film sur Kill Bill, c'est une évidence, dont Tarantino y rend un superbe hommage de par ses couleurs et sa musique. On appelle ça un chef d'oeuvre, peut être même un film culte que ne renierai pas un Jean-Pierre Dionet. Les + : - La mise en scène hallucinante, formellement exceptionnelle. - Les images, la musique omniprésente - Quelques moments de bravour Les - : - Dégoûtera les réticents au kitsh

27 mars 2006
par Xavier Chanoine




un must du film de yakuza

Il n'y a que Suzuki pour oser ça. Car par ses audaces formelles et narratives, le Vagabond de Tokyo n'a rien à envier aux relectures contemporaines du cinéma de genre par la nouvelle vague française. A travers les errances d'un yakuza solitaire, Suzuki fait alterner récit de polar classique et scènes de comédie musicale qui commentent l'action avec un brin d'ironie et barde les costards de son héros ainsi que la décoration de couleurs pastels voyantes ou fluos. Surtout, le film capte l'énergie qui se dégage des nightclubs de son époque avec la même frénésie que Godard dans la célèbre scène de danse de Bande à Part.

La chanteuse et le héros solitaire, on a déjà vu ça notamment dans le samouraï sorti à la même époque? Et alors, le cinéma de Hong Kong n'a jamais brillé par l'originalité de ses scénarios mais celle de leur traitement. Il est donc absurde de reprocher à un cinéaste japonais d'il y a 30 ans ce que l'on aime chez les cinéastes hongkongais de ces dernières années. Et transcender un scénario de commande, c'est ce qu'ont fait tous les grands du ciné us (Hitchcock, Ford...).

Il n'y a donc aucune raison de passer à côté d'un grand du polar japonais.



15 février 2002
par Ordell Robbie




Un chef d'oeuvre étrangement froid

Le Vagabond de Tokyo est un polar, certes, mais il se cache plutôt bien derrière cette dénomination pour mieux se révéler un champ d’expression Pop Art pur et simple.

Ni montée de suspense, ni tension progressive ne viennent apporter de relief, l’esthétisme lui-même s’en charge et c’est bien là où l’étrangeté de Suzuki se retrouve. Scénario de commande, je veux bien, mais quand même, pour un polar, de la tension, du suspense, ça aide.

L’histoire est tout ce qu’il y a de classique, violence, gangsters, suprématie, complots, honneur, amour impossible, et les acteurs ne sont pas particulièrement charismatiques, limite figés tels les mannequins de Kraftwerk ("Nous sommes les ma-nneu-quins !"). A vrai dire, Jo Shishido est irremplaçable et bien plus imprévisible et énigmatique que Tetsuya Watari. Il manque cruellement au casting mais de toute façon, il ne s'agit pas ici d'un rôle pour lui, ici on veut des ma-nneu-quins !. La vipère, ennemi mortel, est très fin dans le sens où il ne prend pas beaucoup de place, la chanteuse... est belle et le vieux caïd yakuza... est vieux.

Seijun Suzuki semble plus s’intéresser à son travail d’esthète qu’au reste, sans pour autant l’abandonner totalement. Il se paie même le luxe de chansonnettes. 2 en fait, "Tokyo Nagaremono" et "Blue night in Akasaka", qui sont un peu trop souvent revenus. Un tueur qui chante, c'est fou non...

Que ce soit en extérieur ou en intérieur, la liberté visuelle de Suzuki respire à pleins poumons. Il utilise déjà toute la panoplie qu’il débridera plus encore et plus tard dans La marque du tueur : lunettes noires, chaussures rutilentes, ambiance swinging Tokyo, dancing room 60’s, minimalisme, sols et murs laqués ou transparents, rose bonbon, blanc, vert pistache, spots flashy, rouge, poupre, jaune, orange, espace organisé exclusivement pour un rendu 2D, gunfights tirés directement des vignettes de mangas : poses stylées, costumes tirés à 4 épingles, montage anti-conformiste bourré de raccourcis, découpages multiples et pourtant très peu de mouvements, lignes droites et obliques à profusion...... C’est de la photographie avant tout. Tout est organisé pour et par la 2D sous l’influence énorme du Pop Art.

C’est beau, léché, gominé, presque kitsch et aussi un peu fou, par moment. C’est un objet d’art filmique où chaque ligne est scrupuleusement installée dans le cadre, chaque objet habille formellement et symboliquement dans un souci prononcé de minimalisme métaphorique. Les couleurs vives jaillissent et révèlent l’humeur ambiante. Elles font le travail que nous cache les acteurs ("Nous sommes les ma-nne-quins !"). Un mort, le rouge apparaît.... pureté, force, le blanc débarque... Mais c’est un peu trop froid et rigide à mon goût. Faut dire que le Pop Art, c’est pas ce qu’il y a de plus chaleureux.

L’intérêt principal du film reste le traitement visuel phénoménal, le style Suzuki, qui écrase l’intérêt plus que relatif de l’histoire et les personnages qui trouvent leur consistance dans leurs chansons tristounettes malheureusement répétitives. Le côté polar est à la traîne contrairement à La jeunesse de la bête par exemple. L'ambiance est intéressante et unique mais distante et froide.

10 novembre 2003
par drélium




Tout est une question de style !

On dit souvent de ce film que celui qui le visionne pour la première fois ne s'en remet jamais, qu'il n'existe rien de comparable dans la planète "cinéma", que le polar n'a jamais été aussi bien mis en images, ... Ainsi que d'autres joyeusetés du même genre.

En effet, s'il est souvent fait mention de Jean-Pierre Melville, de Kirk Wong ou de Ringo Lam comme polarmen ayant réinventé le genre, le sieur Suzuki n'est que très souvent mis aux oubliettes. On pourrait ainsi penser que ça n'en est que meilleur ! Combien de fois avez-vous lu des pages et des pages vantant sans limites les bienfaits d'un OCTB, d'un Samourai ou encore d'un Full alert ? Et combien de fois avez-vous été si abreuvé que vos grandes espérances ont été quelque peu déçues ?

Donc, avec Suzuki, moins nombreuses sont les chances que vous aurez de tomber sur des éloges sans retenue (sauf si vous trainez souvent ici !!), et plus grande sera la claque.

Un héros presque solitaire. Une chanteuse mélancolique. Des méchants partout partout. Pas très original ? Mais tout est une question de style ! Lorgnant sans équivoque possible du côté du western dans la plus pure tradition fordienne, avec en plus un jeu sur les couleurs terriblement réjouissant, le résultat dans sa forme procure une jouissance totale.

Les personnages sont des ombres monochromes (héros blanc, tueurs noirs) évoluant dans des décors surréalistes, pastels, parfois surexposés, pouvant tirer ses racines dans les comics de la même époque. C'est un véritable bonheur pour les yeux. Avec une idée lumineuse à chaque plan, le morceau forme malgré tout un objet d'art extrêmement homogène.

Et le duel final - un gunfight mirifique - est totalement anthologique. Oui vous avez lu ça des milliers de fois déjà, mais là vous en redemanderez...



23 mars 2001
par Chris


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