Bof bof...
Tokyo Babylon est l'une des œuvres les plus connue et reconnue de Clamp, pourtant, allez savoir pourquoi, je n'accroche vraiment que très très peu…
Pas de surprises niveau graphismes, très comparables à ceux de X, avec un petit bémol tout de même : des arrières plan et décors beaucoup moins soignés et recherchés… Mais en prime les robes bizarre de la sœur de notre héros ! Bref, il faut aimer la touche particulière d'Apapa Mokona.
Du côté scénario, rien de bien entraînant. Une suite d'histoires courtes, avec un fil conducteur, certes, mais cela donne tout de même un rythme haché et des histoires rapidement traitées, sans grande profondeur. Ajoutons à ça les messages philosophiques à 2F (ou 2€, soyons au goût du jour :) du type "violer c'est mal" ou "sauvons la planète : n'utilisons pas d'aérosols". Ouais. On a vu plus subtil et profond…
Des dessins pas inoubliables, un scénario moyen mais sympa pour peu que l'on aime les formules magiques et autres envoûtements (et aussi les amourettes homosexuelles…). Pas mauvais, pas exceptionnel : moyen !
Le meilleur Clamp.
Rares sont les manga qui atteignent un tel degrés artistique.
La plupart des planches sont une recherche permanente du contraste entre le noir et le blanc, à la façon d'un Frank Miller. Les personnages et costumes sont rarements détourés au crayon : l'ombre de leurs vêtements fait apparaitre leur silouhette. C'est le seul manga de clamp (avec leurs Contes des neiges) dessiné à la plume et au pinceau, avec de gros aplats d'encres.
Quant aux histoires, tant dans leur contexte que dans leur approche, elles sont excellentes.
Ici, des étudiantes brimées se renferment dans leurs illusions d'otaku, et s'imaginent être les élues qui sauveront le monde.
Là, une immigrée explique qu'elle a oublié ce qu'est un sourire.
Plus loin, une adolescente victime d'un viol, tombe dans un profond comas, pour ne pas affronter la dure réalité.
Tokio Babylon puise sa richesse dans les faits divers, ceux de tous les jours, qui peuvent arriver à n'importe qui. Celà renforce le contraste apporté par le fantastique, qui survient aux moments les plus innatendus.
Les personnages décrits sont loin des habituelles caricatures.
Un exemple : Subaru explique à une mère brisée par la mort de sa fille, que cette dernière ne veut pas se venger de son assassin. Pour confirmer ses dires, il invoque le fantôme de la fillette, et STUPEUR! : la fillette est en larme et ne réclame que la vengeance, elle a mal, elle souffre, elle est terrorisée sans sa mère !
Subaru, qui seul peut entendre le fantôme, ment alors à la mère, et explique que sa fille veut que sa mère oublie la vengeance et vive heureuse.
Le fantôme ne comprend pas, on voit dans son regard qu'elle se sent trahie par le jeune exorciste.
Après être rentré chez lui, Subaru s'effondre en larme.
Tokyo babylon est ce que Clamp a fait de plus noir et de plus cynique. Mais en partie pour cette raison, c'est leur manga le plus puissant, et leur meilleur à ce jour.
Un des meilleurs manga tout court, dailleurs.
Chef-d'oeuvre absolu
Certainement l'un des trois meilleurs mangas qui soient. Une merveille qui se révèle pudiquement au fur et à mesure de sa lecture dans toute sa portée philosophique et, surtout, humaine. Rarement un manga, et une oeuvre tout court, ne sera parvenu à rendre si palpable la détresse humaine, et ce avec compassion et délicatesse.
Deux histoires se mêlent dans Tokyo Babylon : celle de Subaru, Hokuto et Seishiro tout d'abord, leur relation d'abord amusante, puis de plus en plus trouble et complexe, et derrière la bonhommie de départ, c'est l"histoire de Tokyo qui nous est contée, sa cruauté et son implacabilité. Le récit se concentre principalement sur l'immense solitude des êtres, sur l'incompréhension qui sépare les groupes et les individus, et cette atmosphère oppressante trouve finalement un catalyseur dans l'évolution inattendue des rapports entre les personnages principaux, jusqu'au final qui laisse sans voix..
D'ailleurs puisque les deux thèmes se rejoignent finalement, ne pourrait-on penser que Seishiro Sakurazuka, l'assassin, représente à lui seul cette froideur glaciale de la ville qui nous est décrite? Beaucoup de personnages rencontrés au gré des aventures de Subaru se sentent trahis par les promesses de cette ville où le bonheur est inacessible, tout comme Subaru lui-même se rend compte que celui qu'il comptait comme son meilleur ami, la personne en qui il avait le plus confiance, s'est en fait joué de lui et s'avère totalement incapable d'aimer.
La profondeur de Tokyo Babylon se redécouvre au gré des différentes relectures, et il est étonnant de noter qu'on quitte à chaque fois cette histoire avec la même impression vertigineuse que celle que ressent Subaru lui-même à la dernière page : l'impression d'une désespérante solitude.
La mise en page très cinématographique de Tokyo Babylon, le côté parfois abstrait de sa narration, la beauté de son graphisme ajoutés à sa finesse psychologique et philosophique font de cette oeuvre un bijou artistique OVNI dans l'univers du manga.