Et un Ippon dans la face, un !
Décidément, Johnnie To m'étonnera toujours. Se poser devant un de ses films est toujours synonyme de grosse surprise, bonne ou mauvaise, mais son entreprise fini toujours par trouver la scène ou le climax qui fait que l'on a toujours envie de découvrir ce cinéaste, d'étudier son style, ses approches, voir même ses messages confinés derrière un comique de situation contrastant efficacement avec ses ambiances glauques à peine éclairées, tout droit sorties des bas-fonds de Hong Kong. Judo : Throwdown représente en cette année 2004 la quintessence du réalisateur, multipliant les clins d'oeil tout en offrant un spectacle hyper jouissif, à des années lumières de ses premiers polars. Comme chacun ici le dit, To change avec le temps. Et ce To des années 2000 (tout du moins post 2003) figure parmi les cinéastes les plus passionnants qu'il m'ait été donné de voir, si l'on fait l'impasse sur le vraiment pas terrible Breaking News aussi impersonnel que raté dans sa démarche de thriller dénonciateur.
Formidable road-movie à travers tout Hong Kong, Judo est une pure comédie sous ses faux airs de film martial emprunt de messages optimistes sur la condition de tout HongKongais (voir tout être humain) si il met un peu du sien : tomber, se relever, encaisser, se relever, toute une démarche imagée émanant des principes mêmes du Judo. Ajoutez à cela un trio de loosers juste formidable (l'incroyablement nonchalant Louis Koo, le nerveux Aaron Kwok et la géniale Cherrie Ying (quelle intro!)) et vous obtenez un film dans le fond sérieux, rappelant plus d'une fois la saga du Judo de Kurosawa Akira, mais qui se révèle être au final une comédie charmante, presque inclassable. Un film trompeur qui use des codes du film martial traditionnel pour bluffer son spectateur et l'emmener vers des lieux fascinants. Judo représente un divertissement absolu et définitif, en plus d'être incroyablement classe dans sa mise en scène.
Esthétique : 4.25/5 - Des ambiances, des lumières et un cachet général fascinants.
Musique : 4.5/5 - Peter Kam excelle une fois de plus. Une bande-son de très haut standing.
Interprétation : 4.25/5 - Ces gens là ont une classe.
Scénario : 4.25/5 - Vibrant hommage à Kurosawa, Judo est remarquablement construit et parfois terriblement drôle.
Du Karma au Judo...
Le générique de fin de Throwdown comporte une dédicace à Kurosawa et une publicité pour Gilette. Comme un résumé d’un cinéaste/producteur chez qui calcul commercial et talent ont toujours marché main dans la main. Cette dédicace confirme également le rapport particulier du Hongkongais au regretté géant nippon : The Mission avait les 7 Samouraïs dans le rétroviseur de son pitch, PTU reprenait le point de départ de Chien Enragé et Throwdown confronte le judo tel que décrit dans les Sugata Sanshiro à un mélange des genres typiquement HK. Cette volonté de revenir à un mélange des genres à la hongkongaise rapproche d'ailleurs le film de Running on Karma. Avec lequel il a malheureusement aussi en commun le fait de mettre ses qualités cinématographiques au service d’un propos ne dépassant pas la philosophie de comptoir. Sans être extraordinaires, les acteurs sont corrects et le cinéaste emballe comme toujours son film avec la Milkyway’s touch. Même si le score du film est assez inégal.
On pourrait aussi louer le cinéaste de ne pas tenter de refourguer sous un emballage neuf les idées narratives des premiers polars Milkyway. Reste que le potentiel narratif des belles idées du film n'est pas totalement exploité. Le trio qui est au centre du film d’un point de vue narratif était par exemple assez intéréssant de par la diversité des horizons dont ils proviennent. Mais si leurs points communs sont bien mis en évidence –le désir du combat, qu’il soit physique ou personnel, les réunit-, leurs antagonismes n’arrivent jamais à se compléter. Du coup, on perd la force narrative que peuvent donner les figures d’individualités complémentaires réunies par un but commun au cinéma. Reste la grande qualité du scénario : centrer le maximum d’éléments narratifs sur la question du combat. La rue, les salles d’arcade, les bars sont ainsi autant de lieux où le désir des personnages de se mesurer à l’autre trouve le moyen de s’exprimer. Et le personnage de la chanteuse tente de donner une résonance plus large à ce thème en y ajoutant l'idée des rêves professionnels et personnels que peuvent avoir les individus. Le problème, c’est que le propos du film n’est pas développé de façon vraiment ambitieuse thématiquement. Du coup, il n’arrive jamais à dépasser le fait que la vie est un combat. L'humanisme de To parait simpliste comparé à celui de Kurosawa.
D'où un film intéréssant comme projet de cinéma mais raté. Tout en ayant suffisamment d’éléments pour maintenir malgré son irrégularité inévitable To comme un cinéaste/producteur à suivre vu le contexte HK actuel...
Légère déception...
Il est facile de voir ce que Johnnie To a voulu donner avec ce film, trop facile peut-être. Avant de parler du fond, deux mots sur la forme; comme toujours il n'y a rien à redire sur la maîtrise des plans qui caractérise M. To, on a droit ici à une photographie assez sombre, avec beaucoup de scènes interieures ou de nuit en accord avec le sujet traité. Le problème vient du choix scénaristique qui donne la priorité à la maturation psychologique très prévisible du personnage de Louis Koo. Ceci implique un dévelopement assez lent de l'action qui se fait au détriment du rythme. Autant ce type de rythme confèrait une texture bien particulière à un film comme PTU par exemple, autant ici cela passerait presque pour un manque de profondeur. Pourtant le jeu du trio d'acteurs principaux ne souffre d'aucune critique, mais il manque ce quelque chose qui fait que l'on s'interesse vraiment à un film. Ajoutons que trouver quatre experts en judo qui s'affrontent dans un milieu aussi confiné que celui dans lequel se déroule l'action tient quand même du miracle, et que la vraisemblance des combats dans la rue uniquement en technique de judo est difficle à avaler. Il n'en reste pas moins que ce film demeure dans la bonne moyenne de ce qui se fait, Johnnie To continue avec perséverance et application à traiter des sujets à la manière d'un challenge qu'il se lancerait perpetuellement, mais qu'ici le sujet n'est peut-être pas aussi interessant que ce à quoi il nous avait habitué.
20 septembre 2004
par
jeffy
Pas convaincant
Il y a de beaux moments de cinéma dans Throwdown, bien aidé en cela par une très belle photo qui s’adapte parfaitement aux scènes nocturnes : un combat de judo au ralenti, une course poursuite dans les rues de Hong Kong des dollars plein les bras, un marmonnement de gars bourré à l’arrière d’un bus, un affrontement dans la prairie inspiré de La légende du grand Judo… Oui mais voilà, quelques jolies scènes ne font pas un film, surtout quand ce dernier est affublé d'un scénario et un rythme aussi pauvre – difficile de ne pas s’ennuyer ferme devant cet hommage appuyé à l’œuvre de Kurosawa, car on ne se sent jamais vraiment concerné par les personnages ou par les enjeux de l’intrigue. Et Johnnie To de me décevoir à nouveau…
La troisième ère Milkyway?
Après avoir produit des polars ré-écrivant chacun à leur manière les différents codes du genre, après avoir produit des comédies bien plus commerciales pour rendre le studio viable financièrement, la Milkyway semble entrer dans une nouvelle ère ouverte par l'étrange Running on Karma. Celle des films difficiles à définir, plus philosophe sans pour autant négliger le côté divertissant. Throwdown s'inscrit dans cette optique, en utilisant un sport, le judo, comme métaphore d'une philosophie de vie.
Tout comme ROK, le dernier Johnnie To (enfin, avant dernier, son nouveau film est déjà bouclé pour une sortie en Octobre, cet homme est fou) est difficile à cerner. Le film s'ouvre sans véritable introduction des personnages, on découvre juste Aaron Kwok qui souhaite affronter au judo un Louis Koo alcoolique, tandis que Cherrie Ying tente de devenir chanteuse. On suit donc ces trois personnages le temps de quelques jours. Le tout est traité à la fois de manière sérieuse et légère, avec humour et sérieux. Johnnie To livre une réalisation une nouvelle fois soignée, avec quelques morceaux de bravoure dont il a le secret. Soit au niveau action, avec du judo évidemment plus chorégraphié qu'une compétition (où serait l'intérêt sinon?), mais aussi des scènes plus comiques (comme celles des trois tables dans le bar). Mais non content d'avoir un scénario original, il sait également bien s'entourer.
Le casting est en effet solide, avec un trio principal convainquant. Louis Koo manque un peu de crédibilité au niveau judo (surtout comparé à Aaron Kwok), mais s'en tire assez bien. Aaron Kwok est une nouvelle fois à fond dans son rôle et nous livre même un revival tout à fait jouissif de One Armed Swordsman, mais appliqué au judo (vous savez, le "je n'ai plus qu'un bras, trouvons une technique pour s'en servir"). Quant à Cherrie Ying, elle trouve ici un rôle taillé sur mesure pour sa fraîcheur. Les seconds rôles sont également soignés, avec notamment un Tony Leung Ka-Fai à nouveau impressionnant. Le côté musical est comme toujours bien étudié par un Johnnie To qui cette fois-ci a embauché le meilleur compositeur HK du moment, à savoir Peter Kam. Lequel continue de délivrer des partitions d'excellente qualité.
Soigné aussi bien sur le fond que la forme, Throwdown est donc une réussite, à laquelle il manque principalement un final plus fort et une ligne directrice plus implicante. En suivant trois personnages, on observe trois mini-histoires, mais sans vraiment s'impliquer pour une ou pour l'autre. Le genre "tranche de vie" fait que le film n'a rien d'un thriller au suspense haletant non plus, et le côté métaphorique et philosophique ne convaincra sûrement pas tous les spectateurs. Résultat, on peut soit accrocher au ton léger du film et au style visuel, soit trouver le film tout simplement ennuyeux. Mais Johnnie To et Milkyway persévèrent encore et toujours dans leur volonté de faire du cinéma de qualité qui se renouvelle un peu à chaque film.
Jouissif à souhait
Le judo plein de bons sentiments et solution à tous les problèmes.. EXCELLENT!!!!
Celui là est bien mon préféré des films de Johnnie To, tout bonnement exquis.
Très bon Johnie To, pour moi bien supérieur à Running on karma ou même Breaking News.
Ce film de Johnie To est plutôt passé inaperçu contrairement à Running on karma ou Breaking news. Et pourtant je le trouve bien meilleur que ces 2 films.
Donc j'ai bien aimé, voir même adoré, et le seul reproche que je peux lui faire c'est de survolé trop facilement quelques personnages, même les personnages principaux. On sait très peu de choses d'eux et c'est plutôt déstabilisant. Il m'a fallu mater les bonus du DVD pour avoir mes réponses auprès d'Aaron Kwok, Louis koo, Cherrie Ying et Johnie To.
Film assez mélancolique de Johnnie To, auquel il greffe parfois quelques scènes drôles/décalées ( la scène des WC), Throw Down est une oeuvre réussie et sincère, en plus d'un hommage à Akira Kurosawa.
Proposant un univers décalé et original, le film est bien réalisé et propose des personnages attachants et bien campés.
une superbe allégorie
Ouf j'ai eu l'temps enfin d'voir Throw down,une superbe allégorie utilisant le judo comme leitmotiv afin de travestire ce qui fait qu'un être humain est mue par son orgueil et son amour propre et l'incite de manière inextinguible à se réaliser
et ce quoi qu'il advienne ne jamais capituler..hommage à Kurosawa..c'est surtout un message d'espoir...quand au reste l'aspect technique la façon de cadrer ceci me dépasse et je laisse les cadors de ce site les commenter.
j'ai aimé voilà
Malgré le concept philosophique intéressant, l'ensemble est trop long pour emporter totalement l'adhésion.
Sublime, parfois drôle et constamment fascinant. La classe!
J'aime beaucoup les films de Johnnie To, mais je ne m'étais jamais intéressé à celui-ci jusqu'alors. Parce qu'un film centré sur le judo, ça ne me faisait pas trop palpiter. Une belle erreur surtout, ce film est une bombe. Visuelle, déjà. C'est limite plus classe que
PTU, quand même. Je ne me lasserais jamais de ce scope dans les ruelles de Hong Kong, éclairées par tous ces néons (Cheng Siu Keung est un des tous meilleurs directeurs photo de la planète) et ces ambiances de nightclubs, ici jazzy. Et puis il y a ces séquences de baston où les tables et les verres s'éclatent sous les coups dans un magnifique ralenti, vraiment superbe. Quelle mise en scène! Certes, le visuel ne fait pas toujours un film et il ne suffit pas d'aller chercher très loin : le très bancal
Sparrow. Mais le scénario de ce
Throwdown est tout à fait passionnant bien qu'on comprend qu'il puisse en faire chier plus d'un: c'est original, c'est surréaliste (enfin pas trop non plus), ça parle pas beaucoup..., je dois par contre avouer qu'il y a peut être un ou deux creux longuet au milieu du film. Et puis ce plan final sous forme de Hong Kong qui rend hommage au Japon (même si cela se ressent aussi pendant tout le métrage !), ça c'est vraiment classe.
05 décembre 2009
par
Hotsu
Surprenant!!!
J'ai la meme réaction qu'avec RUNNING ON KARMA,c'est le 2ème film de TO avec une ambiance "bizarre"!
Ce film a éxércé sur moi une force hypnotisante assez incroyable,encore une fois la réalisation du père TO est encore sublime,scope toujours aussi beau,lumières extremement bien travaillées,montage dynamique,musique superbe....bref,tout pour séduire!
Les acteurs sont trop bons,avec quelques guest stars,tel que le méconnaissable JORDAN CHAN en mac afro,TONY LEUNG toujours aussi bon(bien qu'il ait prit un sacré coup de vieux je trouve!)...
L'humour est omniprésent,il n'y a qu'a voir ce pauvre jeune homme qui arrive toujours en retard pour remettre l'argent a son patron,il loupe le métro,trp de trafic...ce qui lui vaut un coup de cutter,des projections...
Je sais pas trop quoi dire vraiment de ce film,si ce n'est qu'il m'a énormèment plu,je le conseille fortement,en prévenant toutefois que ce flm est a part dans la filmo de TO,au meme titre que RUNNING ON KARMA,en tout cas ca fait plaisir de voir qu'il sait se renouveler,avec autant de talent!
Je l'ai préféré au suréstimé(bien que bon!)BREAKING NEWS!
Ceinture noire
Un beau film que nous a fait Johnnie To. J'avais été trés déçu par Running on Karma tellement ce film me paraissait nié.
Heureusement ici il retrouve sa crédibilité et nous fait un film à la fois trés beau et prenant. De plus c'est trés agréable de ne pas savoir où le scénario va nous mener et on se laisse aller par les périples des 3 protagonistes. On y retrouve de l'émotion, de l'humour ("le jeu que je préfère c'est Street Fighter, hi hi hi!"), des personnages charismatiques (chefs de clans...) et des bons loosers.
Certaines scènes dans le bar me font penser à des scènes de "Exilé" : des personnages atablés avec des situations tendues.
Pause philosophique
Après un "Running on Karma" emprunt de mystiscisme, Johnnie To récidive avec ce film sur l'esprit Judo. Et vous risquez d'être une nouvelle fois surpris par ce réalisateur insaisissable, qui s'est essayé à bon nombres de styles cinématographiques, avec plus ou moins de réussite. Alors que d'autres aurait accouché d'un film archi chorégraphié,reposant sur les mandales,To a su s'impreigné de l'essence même du Judo et de le transcrire à l'écran. Cette fois ci la surprise est plutôt bonne,avec un Aaron Kwok lui aussi surprenant en combattant vagabond. En attendant la prochaine tuerie made in Milkyway, l'entracte fut agréable...
du trés bon to
mieux que breaking news .les personages sont plus fouillés.
la musique qui est exellente renforce l'histoire,d'une certaine façon.
le vcd malaysien contient la ba making of.mais version recadrer.
plus ce qiui est etonnant il avait avec le vcd un petit livre sur la
delf defence pour femme,il contient les premiere base de defence
de judo contre une éventuel agression.bonne initiative !
THROWDOWN est une fois de plus un bon film de Jonnie TO, au style visuel travaillé et reconnaissable. C'est d'ailleurs l'ambiance visuelle créee qui fait en partie la réussite du film, une ambiance assez intimiste dans un quartier que TO filme une fois de plus très bien. Le casting est lui aussi assez sympa, entre Aaron Kwok, Louis Koo, la charmante Cherry Ying et le toujours bienvenu Tony LEUNG ka fai. L'utilisation du judo et sa parabole est originale et fonctionne relativement bien, meme si les combats deviennent un peu répétitifs. Enfin c'est un détail mais on aurait préféré un vrai sax plutot qu'un synthé horriblement peu réaliste.
Chose assez courante chez Jonnie TO/Milkyway post-the Mission, le film ne restera pas dans les annales mais constitue un honnete divertissement avec une belle ambiance.
Judo do, Judo don't
Son ambitieuse politique largement payante, suite à son deal avec China Star signé en 2000 et qui l'engageait à tourner des comédies populaires (Love on a diet) pour pouvoir glisser quelques films plus personnels (Mission, PTU), To poursuit toujours plus en avant son affinage personnel.
Film enchaînant directement sur le déjà hybride "Running on Karma", To poursuit plus en avant son désir de mêler artistique avec quelque chose de plus personnel. Son hommage rendu à Kurosawa en fin de film, suivi par une pub de Gillette est tout à fait évident et représente plus qu'un simple clin d’œil à son propre univers. D'avantage encore, les gros néons publicitaires durant quelques moments intimistes du film.
To rend donc hommage aux films de Kurosawa, dont il est un très grand fan. La scène du combat de judo dans la plaine est directement reprise de "Sanshiro Sugata", mais To souligne le fait que ce ne soit qu'un hommage par HONG KONG, en intégrant un magnifique plan au-dessus des brins d'herbe sur la ville de HK au loin. D'autre part, il aborde également les personnages comme le faisait Kurosawa (notamment dans "Les 7 Samouraïs") : mystérieux, intériorisés, peu de paroles, mais faisant ressentir par leur simple présence ou des détails tout ce qui les motivait.
sur ce chapitre, to n'arrive pourtant pas à la cheville du grand maître. Trop de choses sont sous-entendues, sans jamais donner assez d'explications : pourquoi ce plongeon du personnage de Koo dans la déprime; pourquoi son fight ajourné, etc.
(mon explication : contrairement à Kwok, Koo est effectivement atteint d'une maladie incurable concernant ses yeux; sinon d'où viendraient les cartes de visite des ophtalmos trouvées par Koo et pourquoi la réaction de Koo, quand il apprend la vérité concernant le mensonge de Kwok ?).
To manque d'état de grâce quant à ses personnages; il a toujours su brosser sommairement les stéréotypes (le tueur, le loser, etc), mais n'arrive pas à toucher le degré d'humanité et de sensibilité, dont Kurosawa avait le secret. To expérimente et s'améliora, mais pour il a clairement raté sa cible dans le présent film, en ne faisant de ses personnages principaux que des carcasses vides joliment mises en scène.
La mise en scène est vraiment magnifique : choix des cadrages, lumière hallucinante, découpage étudiée. Calquant ses progrès effectués sur ses films plus intimistes comme PTU ou Mission, il les retranscrit dans un scénario plus basé sur action et réussit un magnifique film d'action de ...non-action. Il est aidé en cela par la retranscription du judo, sport de combat, mais avec de lents mouvements limités, tout le contraire d'un style de kung-fu plus rapide. Les combats prennent d'ailleurs une tournure doucement surréaliste, créant un véritable univers pour les besoins du film, où tout le monde ne se battrait que par le judo.
L'interprétation est inégale : Kwok est convaincant en jeune chine fougueux, mais décalé par rapport à l'univers instauré. Koo trimballe un air de chien battu, symbolisant son alcoolisme par l'utilisation abusive de son mouchoir (or l'alcoolisme provoque plus le dessèchement, que de la transpiration...). Seul Tony Leung sort son épingle du jeu, mais son personnage est sous-utilisé.
Que veut nous dire le film ? Qu'il faut se battre dans la vie pour réussir. Koo ne reprend goût à la vie que lorsqu'il se remet au judo; Kwok réussit dans ses ambitions (limitées) que par sa persévérance; le personnage de la fille s'obstine à vouloir réussir dans le monde du show-bizz - mais est d'ailleurs la seule à échouer, ne pratiquant pas l'art du combat et pourchassant un rêve (symbolisé par le ballon, également métaphore de la liberté qu'elle retrouvera en s'enfuyant après avoir libéré le ballon rouge)...
Le film fascine par son univers décalé, la beauté de ses images et son histoire imprévisible (à ses débuts); mais il passe complètement à côté des ambitions affichées de son réalisateur. Pas grave, To aura sûrement tiré les leçons de ses défauts et saura améliorer ses faiblesses lors de ses prochains films. Passionnant de voir, comment cet homme s'obstine à vouloir devenir un grand en tirant le meilleur profit d'une économie cinématographique difficile à HK. Son chef-d’œuvre reste encore à venir - j'en suis sûr et je serai là pour l'attendre !
Dommage...manque un quelque chose
Je m'attendais à bien mieux aux vues des critiques precedentes, mais je n'est pas été deçu non plus.
Je dois reconnaitre qu'il y a de trés bonnes chose dans ce film, mais cela reste des brides distillés à travers un film plutot lent, avec des acteurs pas toujours justes (particulierement 'Cherrie Ying Choi Yee') sous une camera parfois lourde...
Les scene dites d'action sont trés bonnes et la photo en générale est impécable, la fin est parfaite à mon gout sans rien dévoiler...