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The Terrorizer

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 3.83/5

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6 critiques: 3.29/5



Anel 3.5
MLF 4
Ordell Robbie 4 Un beau thriller lent et contemplatif
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Un beau thriller lent et contemplatif

The Terrorizer montre Edward Yang se réapproprier magnifiquement le thriller. Tout commence par une idée géniale de scénario: Susan, une jeune métisse, se casse la jambe en s'échappant d'un tripot illégal où son copain gangster s'est fait arrêter. Un jeune photographe (un fils de riche qui attend ses papiers militaires) la prend en photo à ce moment-là et tire un portrait géant de cette femme qu'il accroche dans son studio (il a loué le local de l'ancien tripot). Yu Fen, une jeune femme écrivain, reçoit un coup de fil de Susan qui se prétend la maitresse de son mari Li Chung dont la carrière de médecin bat de l'aile. Le film va alors se faire se rencontrer les destinées de tous ces personnages, les faire incidemment se croiser d'une façon rappelant le meilleur Altman.

Yang fait un film de genre et n'oublie pas de tourner les scènes à faire mais elles sont montrées de façon très personnelle: à l'instar des scènes d'intervention de la police, les cadavres sont filmés de loin comme s'ils étaient vus d'une fenêtre et les longs plans-séquences renforcent l'impression de pourrissement, on ne voit jamais d'où viennent les coups de feu, les scènes de meurtre sont filmées à distance et on ne voit que le résultat de la violence. Le film contient beaucoup de passages très peu dialogués où la lassitude, le désespoir, la solitude urbaine des personnages s'exprime superbement dans le regard des acteurs. A cet égard, les moments de solitude dans les boites de nuit ou les centres commerciaux sont des moments forts du film et la scène où la mère de Susan écoute Smoke gets in your eyes en pensant au pére de sa fille (un GI de passage) est superbe de nostalgie. La mise en scène se focalise sur les détails (pieds, poignets de porte) comme pour contraster avec l'anonymat immense de Taipei. Edward Yang crée de la tension avec des plans où les pièces sont filmées juste avant qu'une personne y rentre (pièces dont le vide évoque celui de l'existence de tous les protagonistes). Sa caméra semble mimer la mort et la solitude à l'oeuvre par la lenteur de ses déplacements. Ses plans de personnages filmés au travers d'une vitre où se reflètent les buildings soulignent bien leur solitude dans l'immensité de Taipei. Le vent soufflant sur le portrait géant de Susan, son évanouissement devant ce portrait, les scènes montrant Susan planquant son couteau dans une poche du bas de son pantalon sont d'autres plans hypnotiques qui paricipent de la force de ce polar désespéré.

Mais surtout, Yang nous offre un beau regard sur les grands changements de la société taiwanaise: Yu Feng représente la nouvelle classe moyenne asiatique qui a emergé suite au miracle économique. Li Chun est un médecin accro à son travail qui ignore tout du travail d'écriture de sa femme et son univers va s'écrouler quand il verra sa femme réussir mieux que lui (les appels téléphoniques seront pour elle la matière d'un succès littéraire). Le photographe est un garçon de milieu riche qui fait une escapade afin de provisoirement se distraire de son confort de vie bourgeois. Et tous ces personnages vont se retrouver mélés à une affaire qui va révéler la face noire de la vie urbaine de Taipei: un type de vie menant à l'ennui du couple, à l'adultère, à la lassitude voire au suicide. Les acteurs passent superbement de l'ennui pesant à la rage que leur inspire l'ambiance de la ville.

Avec The Terrorizer, Yang s'imposait comme le complémentaire du Hou Hsiao Hsien première manière: si Hou se focalisait à cette époque sur un cinéma naturaliste du monde rural centré sur ses souvenirs, Yang nous offrait quant à lui un film de genre évoquant le monde urbain, celui du tertiaire et plus centré sur les femmes que ne l'était alors le cinéma de son génial collègue de la Nouvelle Vague made in Taïwan.



06 avril 2002
par Ordell Robbie


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