Summer's Tail

L'économie cinématographique taïwanaise est loin d'avoir fait surface. Le public local boude toujours la plupart des productions locales et les artistes indépendants ont la vie dure pour mener à bien leurs projets. Le cas de CHENG Wen-Tang n'est qu'un exemple parmi d'autres. Après l'échec total de son précédent "Blue Cha-Cha", qu'il avait espéré attirer l'attention d'investisseurs mondiaux pour persévérer dans un circuit indépendant et pouvoir enfin signer sa biographie du nageur handicapé LU Fu-hsiung, il accepte donc la proposition du nouveau studio de production SUNDREAM de signer un film plus commercial. Qu'est-ce qui marche au cinéma et qui ne soit pas trop cher à produire ? Des bluettes d'ados pour un public ado, pardi. Et ça tombe plutôt bien, que la propre fille de Cheng Wen-Tang soit une ado, qui se destine à une carrière artistique et cherche à percer comme musicienne. Ni vu, ni connu, il lui propose donc de coécrire un scénario, qui s'adresse aux ados et qui permette de mettre la fille au premier plan. Elle so'ccupe donc de parler des choses qui touchent les gens de son âge et lui de la mettre en images – avec une touche arty pour ne pas totalement trahir son propre cinéma.  

Difficile dans ce cas précis de trop en vouloir au réalisateur, qui bataille dur dans l'industrie cinématographique de son pays – et on lui pardonne à condition, que ce film lui permettre de concrétiser ses vraies convictions la prochaine fois. La patte du réalisateur reste tout de même identifiable, notamment par quelques très belles images, un "appel du ciel" prononcé (des nombreux inserts du ciel) et une curieuse séquence onirique en fin du métrage.

Dur également d'en vouloir à ENNO, qui a trouvé un moyen comme un autre de parler d'elle pour tenter de faire carrière, a une bouille sympathique et une belle présence discrète à l'écran et qui signe une histoire honnête…Tout juste honnête, car elle est loin de casser des briques, de proposer des choses inédites ou même de raconter quoi que ce soit de vraiment intelligent. ENNO signe une simple tranche de vie de plusieurs ados, qui vont finir par se trouver. C'est frais et agréable pendant une demi-heure, puis commence par ennuyer pendant la seconde demi-heure avant que plusieurs éléments forcément dramatiques tentent de re-lancer un intérêt quelconque, mais sont de trop. On tentera donc oublier la fantasque histoire du garçonnet, comme les "peines du cœur" de l'héroïne principale pour uniquement retenir les quelques instants de grâce au bord d'un canal sous un soleil de plomb le temps d'un été.