Leone revisité par Miike
Un westerm ramen d'une grande qualité rendant hommages aux westerns italiens des années 60/70. Totalement maîtrisé, il emprunte au genre son style en lui ajoutant des touches de films de samourais, montrant ainsi un tableau surréaliste et sans fausse note.Il met ainsi en scène deux clans se partageant un village : les rouges et les blancs. Evidemment, difficile de ne pas faire le rapprochement avec la couleur de peau des indiens et des cowboys, sauf qu'ici, ils sont tous japonais et la couleur correspond à leurs habits. On oublie donc les fringues sales et poussiéreuses des conquérants de l'ouest pour retrouver un univers finalement très coloré. Même certaines architectures sont japonaises et les noms de lieux ou de personnages sont en japonais. Les deux clans sont ainsi rivaux dans une ville d'où ils ne sont pas orginaires ; les rouges sont arrivés les premiers et ont envahi la place, et les blancs sont venus ensuite la leur disputer. Au final, les blancs sont en passe d'épuiser les rouges, mais un nouveau venu, un "cowboy" solitaire, fait irruption dans le village, et va être l'objet de convoitise de la part des deux clans pour mettre la main sur un trésor.
Miike s'en sort merveilleusement dans cet exercice difficile. L'action est superbe, sans blocage. C'est d'ailleurs ce qui se rapproche le plus d'un vieux western spaghetti. A coté de ça, beaucoup d'humeur, toujours placé au bon moment, pour détendre une atmosphère qui devient soit trop sérieuse, soit trop violente. Les acteurs sont impeccables dans leurs rôles et respectent bien les stéréotypes dans ce mélange des genres. Finalement, un excellent divertissement loin d'être idiot qui fait bien tenir pendant les longues nuits de festival.
26 octobre 2007
par
Elise
Malgré un style visuel époustouflant, quel ennui!
On aurait aimé meilleur hommage à Django de Corbucci que cette navrante bouillie cartoonesque d'une ignoble suffisance. C'est simple, Sukiyaki Western Django est la définition même du néant cinématographique puisqu'en dehors de ses clins d'oeils amusants voir déjantés ou son simple éventail de scénettes amusantes, formant tout sauf un tout, cette parodie du western spaghetti, nommé macaroni au Japon, se trouve être un simple exercice de style visuel plus que narratif. On retrouve à peu de choses près les mécaniques du classique de Corbucci, avec ce héros solitaire et une bande de muchachos voulant à tout prix les services de ce dernier pour prendre le pouvoir et régner sur la ville. Mais l'hommage au cow-boy s'arrête là et le spectateur connaissant ce qui s'est passé dans le film de 1966 (pas Le Bon, la brute et le truand de Leone, lequel s'était fait massacré par Django au Japon la même année) se rendra gentiment aux toilettes pour y vomir, Sukiyaki Western Django étant l'antithèse même du western italien : absence totale de figure héroïque, absence de gueules en sueur, absence de cohérence narrative puisque Miike s'approprie le genre pour le cuisiner à sa sauce, c'est à dire en faisant l'apologie du gag déjà vu chez Tex Avery en l'y mêlant dans une soupe navrante de violence : le film n'est clairement pas avare en headshots ni en passages sadiques comme cette séquence où l'époux d'une des paysannes se fait exploser à coup de revolver alors qu'il agonise dans ses bras, et cette dernière de se faire violer par la suite. Et c'est justement ce trop plein de violence qui fait que le film est d'une grande linéarité, chaque affrontement peut être anticipé, chaque gag se voit attribuer un son cartoonesque marrant au début mais juste gonflant par la suite, chaque moment potentiellement dramatique se voit contredi par une bouffonnerie dont seul Miike a le secret et la direction d'acteurs est une nouvelle fois quelque peu aléatoire : Momoi Kaori, l'un des seuls personnages capables de captiver rien que par son regard finira comme tout le cast, c'est à dire morte. De plus, on note que peu de références au film de Corbucci, à peine aperçoit-on brièvement le cercueil, et l'utilisation massive de la sulfateuse est bien trop lourde et gratuite pour faire écho à Django. De plus, le look des deux bandes ne rivalisent pas avec les masques effrayants portés par ceux du film de Corbucci. S'il faut chercher des qualités à ce western atypique car au dessus des conventions habituelles, normal avec un tel cinéaste capable du meilleur comme du pire, c'est du côté de sa réalisation.
En toute objectivité ce Django est une petite merveille de mise en scène, clichée certes, mais d'une technique sans faille, toutes les qualités du scope sont passées en revue avec ces plans larges de toute beauté, cette belle virtuosité lorsqu'elle est maîtrisée sur épaule, ces nombreux jeux de focales particulièrement intéressants et donnant un cachet plus que mystérieux aux cow-boys notamment lors des duels, esthétisés mais d'une belle souplesse. Miike joue aussi avec les contrastes et les couleurs qui virent à l'extrême saturation lors des passages plus anciens, accompagnés d'une texture originale, et si cette technique lorgne trop du côté du clip, son utilisation reste louable. Le plus terrifiant dans cette affaire, c'est encore sur le papier que cela se passe : Miike prouve encore qu'il n'est pas encore apte à faire, sur la durée, un grand film du début à la fin. Sukiyaki Western Django aurait pu être un court-métrage de commande au Japon pour les 40 ans du film compte tenu de son immense succès au pays du soleil levant. Et pourquoi? Parce qu'il est quasi intouchable lors de son prologue et épilogue, véritables petites perles d'humour pour l'un et de nihilisme pour l'autre. Le caméo de Tarantino est un petit régal de fan boy service avec son énergie folle et son background en toque, et voir ce dernier se préparer un sukiyaki tranquillement au soleil, après avoir massacré un cow-boy, est un petit moment de cinéma capricieux pour tout bon fanboy qui se respecte. Et le duel final au sabre et au revolver est plutôt bien agencé et techniquement irréprochable. On serait même amené à dire que les effets spéciaux sont relativement bien réussis pour une production signée Miike et si pour l'instant, Le Grand Silence du même Corbucci reste l'un des leaders question nihilisme (et comme par hasard, Sukiyaki Western Django se termine lui aussi dans la neige), son alter ego nippon l'est presque tout autant, l'humour et la dérision en plus. Mais à trop vouloir se la jouer Tex Avery au soleil levant avec des revolvers, Miike fait plus qu'il n'en fallait, au film alors d'être entaché par sa surenchère de violence pas bien utile (on ne compte plus les tirs de revolver en hors champ atterrissant dans la jambe d'un des cow-boy étonné dans le champ, avec une grimace au passage) et ses passages à vide plus nombreux qu'il ne faut réduisant ainsi, et de manière paradoxale, Sukiyaki Western Django au rang de film ennuyeux et interminable.
Un bon sushi est un poisson mort!
Miike, l'homme qui tourne plus vite que son ombre! A peine l'adaptation du jeu Playstation "Yakuza", "Dragon", mis en boîte, il enchaîne par "Sukiyaki" pour sortir une semaine plus tard une production vidéo sur un détective dérangé en même temps que son adaptation théâtrale de "Zatoichi" fête sa première, que la transposition de "Crows" est mis en vente aux professionnels…et qu'il est dit occupé à mettre en boîte les premiers rushes de l'adaptation d'un roman de SF…Mais comment fait-il donc?
"Sukiyaki" s'annonçai comme particulièrement savoureux, surtout connaissant l'amour inconditionnel qu'entretient MIIKE pour les westerns spaghetti. Et dès le départ le ton est donné: Quentin Tarantino (lui se fait payer son rôle, à la différence d'un Miike se prêtant gratuitement au jeu du caméo dans le film du pote de Tarantino, Eli Roth, "Hostel 1") sur fond de toiles peintes d'un coucher de soleil…et d'une espèce de Mont Fuji. Un japonais passe par là et déblatère avec Tarantino dans un improbable dialecte – qu'il faudra endurer pendant totu le film (surtout pénible sur grand écran en version non-soustitrée). Un gag un peu trop rapidement éculée et lassant. Après un ultime gag, place à l'action et là, on se trouve rapidement en territoire archi-reconnue, puisque l'intrigue reprend – ni plus, ni moins – que celle du célèbre "Yoshimbo" (déjà modèle de "Pour une poignée de dollars" ou encore "Last Man Standing" et bien d'autres encore). Un sombre héros, sollicité par deux clans s'entredéchirant dans une petite ville du fin fond du Nord…EST. Après quelques bons gags et une coquette mise en place, l'histoire s'enlise malheureusement dans une succession de scènes plus ou moins réussies, mais finalement sans grand intérêt. Les clins d'œil à des célèbres classiques du genre et des répliques cultes fusent ("You want some bitch"? "You got yourself a new toy?"), mais il faudra véritablement attendre les dernières vingt minutes pour en avoir pour son argent. Ce ne sera pas l'un des ces finales hauts en couleur, mais une bonne fusillade dans le meilleur style (avec mitrailleuse, mais aussi un affrontement au sabre contre pistolet assez détonnant) pour conclure.
Reste la folie démesurée de l'entreprise, qui mérite un bon coup d'œil, aussi bien des fans du Mad Asia Style, que des westerns spaghettis.
Et un incroyable caméo surprenant (car totalement inédit…allez, je file un indice: il fait tomber ses lunettes!!!) pour tout fan qui se respecte!