Et plus si affinités !
C'est beau, c'est grand, tout ce qui fait Kurosawa est déjà là :
- Le bien et le mal ne sont pas clairement définis par un personnage en particulier, chacun a son mot à dire et son opinion à défendre.
- La nature et l'harmonie avec elle est le fil conducteur de la philosophie de Kurosawa (le vent, la pluie, le feu, les arbres, les fleurs... (les chevaux pas ici, je crois)).
- Le héros est en formation, observateur au départ puis impulsif, il devient petit à petit sage et grand.
- Les épreuves qui mènent à la plénitude sont des épreuves de vie avant tout.
- Les dialogues sont minimaux et généreux en pensées philosophiques.
- Lorsqu'un grand combattant officie, le peuple est subjugué, le moindre mouvement fait reculer de frayeur tout paysan spectateur.
- De manière générale, tout personnage sage est hautement respecté, voir observé tel un dieu.
- La photographie est déjà impressionante tout comme la mise en scène.
Un joyau qui prend toute sa valeur et plus encore si l'on apprécie pleinement Kurosawa.
La démonstration de Kano sur le dvd Arte est un joyau à elle toute seule, absolument scotchant.
Le premier film de Kurosawa, et déjà un monument !
Petit conseil si vous comptez regarder ce film un de ces jours : visionnez-le tard dans la nuit, lorsque tout le monde dort, si possible lorsque la pluie frappe aux carreaux et fait déborder les gouttières. Vous aurez alors des sensations incomparables, constatant que vous êtes l’un des rares privilégiés à contempler cette petite merveille vieille de presque 60 ans, tournée en pleine guerre pour un public uniquement japonais, et dont les copies ont sérieusement morflé au cours du temps, certains plans ayant été censurés, confisqués puis brûlés et perdus à jamais…
Cependant, même s’il manque des scènes, même si la luminosité tremble, si le son est mauvais et l’image trop sombre, le charme agit. On est transporté dans une époque irréelle grâce à ces images sans âge, une époque historique tout comme cinématographique qui semble à jamais révolue. Raison de plus pour en profiter et vivre avec Sugata Sanshiro la naissance du Judo en l’an 1882, année 15 de l’ère Meiji. Les scènes de combat succèdent aux scènes de dialogues dans des décors typiquement japonais (jardins, tatamis,…) dans l’unique but de prôner le courage, le respect et la maîtrise de soi.
On aurait pu croire que pour son premier film, le jeune novice Kurosawa se soit fait récupérer par le ministère de la propagande et ait signé un film encourageant les masses populaires à se soulever contre l’ennemi américain ; il n’en est rien. Chapeauté par quelques grands noms du cinéma nippon, il réussit son entrée dans le Septième Art de brillante manière. La dernière scène est à son image, lui seul étant capable de lui donner cette force : il s’agit d’un duel à mort dans un pré vallonné couvert de hautes herbes balayées par le vent. La texture et la luminosité de l’image lui procure une dimension quasi-féérique, presque hallucinatoire. Rien que pour ce combat, le film mérite d’être vu.
A l’heure où les scènes de combat et de duel sont devenues monnaie très courante dans le cinéma moderne, ça fait vraiment un bien fou de revenir aux sources. On en oublierait presque que le film manque un peu de rythme…
Historique et encore bien à regarder
La mise en image et en particulier les plans serrés sur les visage est impressionante de maitrise et d'efficacite. Un film plus psychologique que de combat.
Au niveau support, si vous devez choisir, achetez le DVD arte pour la demonstration de Kano qui est en bonus. De quoi remettre en question bien des judokas!
09 février 2003
par
jeffy
l'invention d'un genre, rien que ça!
Meme dans sa version mutilée par la censure, Sugata Sanshiro reste un film-clé car il contient rien de moins que toutes les idées développées par le cinéma d'arts martiaux dans les années qui suivront: parcours initiatique douloureux de l'élève, maitre tyrannique, dimension religieuse des arts martiaux.
Certaines idées de mise en scène sont énormes: la fleur symbolisant la naissance du judoka Sanshiro, la planche tombant au ralenti pour symboliser la mort lors du premier combat, les vols planés des combattants, le gigantisme des combats dans les dojos. Si le film reste regardable de nos jours en dépit du caractère peu spectaculaire du judo, c'est que la caméra se concentre sur l'aspect psychologique des combats et leurs enjeux culturels (l'adversaire final symbolise une occidentalisation de surface donc condamnable parce qu'elle n'est que pose). Kurosawa insiste aussi sur la haine que peuvent susciter les triomphes de Sanshiro derrière leur popularité de surface ainsi que sur le respect mutuel des adversaires.
En bref, meme s'il a fait mieux par la suite, Kurosawa offre un premier film prometteur et une oeuvre qui fait date.
La première graine dans la carrière de Kurosawa.
Maltraité, mutilé par la censure militaire, réalisé à une époque où il était bon de garder ses pellicules dans le grenier, La légende du grand Judo a tout du film poissard. Poissard bien sûr, dans le contexte d'époque. 1943, nous sommes en pleine guerre mondiale, difficile de véhiculer toutes ses idées par le biais d'une pellicule, difficile aussi de garder ses fragments de pensée : 600m en moins, ça craint. La première réalisation de Kurosawa reste néanmoins parfaitement regardable malgré son montage refait au début des années 50. L'ensemble jouit d'un récit parfaitement agencé. Sugata Sanchiro est parfait dans la peau du jeune disciple voulant apprendre (quitte à y laisser sa vie) le Judo. Il mettra tout en oeuvre pour parvenir à ses fins, à maîtriser cet art au détriment du Jiu-Jitsu. Sa détermination, son courage et son envie seront freinés par une demoiselle dont il est amoureux. Cette "partie" de l'histoire (rappelons que le film est entrecoupé de cartons narratifs expliquant les évènements déjà déroulés dans le director's cut, passés -sûrement- à la trappe à cause de la censure) fascine, fait rêver.
Amour, mystère et pudeur s'entremêlent, offrant quelques superbes passages romantiques, filmés avec élégance. Kurosawa maîtrise déjà son sujet en offrant une palette de décors extrêmement réussis (le marais, les grandes marches du village, le dojo, la plaine) et en exposant son talent derrière l'objectif plus d'une fois. Le dernier combat par exemple, fait tout droit penser à un western spaghetti, initié par Leone en 65. Une première réalisation, premier coup d'éclat, La légende du grand Judo reste une oeuvre mineure dans la carrière de Kuro', mais tout de même superbe en bien des points.
La première pierre...
La première pierre de l'édifice, et quel édifice !
Le maître reussit le tour de force de signer un film humaniste et progressiste alors que son oeuvre a été amputée de plusieurs scènes par le gouvernement de l'époque (1943), allié des nazis ! Kurosawa fut même obligé d'inclure dans son film des valeurs nationalistes qu'il n'approuvait pas !
Malgré tout, l'oeuvre demeure humaniste !
21 octobre 2004
par
a woo
un grand début
Voilà comment il commence, le gars Akira, et même si je n'en ai qu'un souvenir confus, l'ayant vu il y a quelques années, quel premier film !
Ce que j'en garde de plus précis, c'est la photographie et la scénographie du combat final, les hautes herbes qui roulent et se tordent sous la violence du vent, emportant les personnages à la limite de la disparition tout en les élevant à la hauteur du mythe.
Une séquence totalement onirique pour un rêve de film.
Prise (de décision)
Premier film de Kurosawa, qui ne nous parvient que dans une version incomplète (manquent 600 m de pellicule) suite à sa censure par le Comité Japonais National durant la Seconde Guerre Mondiale.
L'histoire est pourtant merveilleusement préservée et passionnante de bout en bout.
Dès son premier film, Kurosawa fait preuve d'une maîtrise indéniable tant au niveau de son intrigue, des messages véhiculés, que de sa mise en scène.
L'histoire en elle-même est très simple : un jeune homme veut devenir un judoka respecté. Disposant d'un talent certain, il grimpe rapidement les échelons avant d'affronter un maître vieillissant d'une école adverse. Se pose un problème de conscience : le maître est également le père de la jeune femme, dont le héros s'est épris. Doit-il s'avouer vaincu pour ne pas perdre la face de sa fiancée ou aller de l'avant dans ses ambitions personnelles ? Dans l'ombre, un redoutable adversaire attend sagement son tour pour défier le protagoniste principal lors d'un ultime combat à la vie et à la mort.
L'intrigue n'a pas pris une seule ride et est bien en avance sur son temps. Le jeu d'acteurs n'est pas outré, tous les clichés habituels des productions standard de l'époque sont savamment contourné. Le film de combat (pacifiste) est né avec quelques décennies d'avance. Pour l'apprentissage du héros, Kurosawa s'appuie sur des pensées bouddhistes, notamment de par sa prise de conscience en voyant une fleur au clair de la lune en étant accroché au "pieu de la vie". Ses motivations personnelles seront également menés par cette même pensée philosophique, qui lui apprendront de moins voir le judo comme un art de combat, mais comme un sport rempli de vertus et un art de vivre.
Le combat contre le vieux maître est symbolique de la conquête d'un amour pour une femme selon les traditions (se "battre" pour la main d'une fille et de convaincre son futur beau-père de ses vertus); celui du duel à la mort signifie le combat contre son alter ego obscur, son propre démon, le côté "obscur" (l'adversaire est arrogant, altruiste et ne voit dans le judo qu'un combat à la vie ou à la mort).
Le film se termine bien trop rapidement, tant de choses auraient pu être encore véhiculées et la ligne de narration étant tellement épurée; reste un chef-d’œuvre en lieu d'un premier film parfaitement maîtrisé et embryonnaire d'un futur très grand réalisateur.
Vaut mieux pas s'y frotter, c'est Sanshiro !
L'introduction, avec une caméra subjective représentant l'arrivée de Sanshiro (le héros du film) au centre du village où se trouve l'École Shinmei de Jiu jitsu, exprime d'emblée l'univers de Kurosawa, cet univers à la fois fait de majesté visuelle, de poésie traditionnelle et de mélanges de cultures (on se croirait dans une œuvre de Chaplin, le temps d'apercevoir les costumes des policiers et la diligence ambulante lors de cette première séquence). Mais remettons les choses dans leur contexte:
La Légende du Grand Judo, premier long-métrage d'un cinéaste au talent pharaonique et de loin guère le dernier dans sa prolifique filmographie, paraît en 1943, puis se voit réédité l'année suivante, mais sérieusement amputé par la censure d'alors. Le fait que les coupes en question ne furent jamais retrouvées amplifie considérablement la valeur de la bande, tout en nous laissant sur une petite note de déception au vu de ne pouvoir aujourd'hui découvrir la richesse de celle-là dans son intégralité.
Heureusement, le charcutage ne semble pas avoir amoindri la densité plastique, narrative et émotionnelle du film, c'est le cas de le dire. Les scènes d'affrontement au judo rivalisent de nervosité et de vraisemblance dans leur chorégraphie, tout laissant énormément de place à l'histoire de Sanshiro, ce jeune chien fou d'abord expert en jiu-jitsu puis reconverti en judoka dont la force colossale et le manque de spiritualité finissent par inquiéter son maître. Notre ami s'entraîne alors pour un duel avec un professionnel vieillissant, mais il se prendra d'amitié pour la propre fille de ce dernier sans le savoir et découvrira rapidement la vérité, ce qui déstabilisera son caractère impétueux tout en lui faisant subitement recouvrir des sentiments plus humains. On peut dire avec cela que Sanshiro a l'étoffe d'un héros, d'un vrai héros qui, comme le déclare Kurosawa, parviendra à ses fins quels qu'en soient ses moyens.
La Légende du Grand Judo, c'est aussi le premier symbole d'une fascination pour nos valeurs originelles que sont le respect mutuel, la foi et la dignité, fascination qui se poursuit dans cette représentation de la nature (une fleur, un ciel brumeux, un champ ébouriffée par le vent), des caractéristiques-clés inhérentes à bon nombre d'œuvres futures du réalisateur.
Un film indispensable, un précurseur en son genre, qui reconstitue l'année 15 de l'ère Meiji et l'apparition du judo avec une maestria éblouissante, tout en se doublant d'une fresque martiale, certes courte dans sa durée, mais pétrie de beauté et d'humanisme. Grandiose.
Simple et efficace
Premier film de Kurosawa, amputé de nombreuses minutes...
La Légende du Grand Judo nous expose des combats de judo : certes, c'est moins spectaculaire que des chambaras ou des kung fu virvoletants, mais voilà, ici, le judo n'est que l'accessoire !
Ici, l'important, ce sont les personnages, ainsi que leur relation, et l'ascension du personnage principal, très humain.
Kurosawa nous expose un film touchant, profond mais aussi très simple, et c'est de cela qu'il gagne toute sa force.
Un premier film
Ca se sent.
et de un...
premier film de kurosawa, que je vois ...dans le coffret de 6...
je viens de le regarder 2 fois d'affilé...une fois sans et une autre avec les commentaires francais par dessus que propose le dvd...qui sont tres intelligents...bravo !!(historique,reference ...vraiment bons.)
un film etonnant vu le contexte historique (1943) , et des scenes geniales pas forcement de combats, mais de choix de plans novateurs pour l'epoque...
les commentateurs nous indiquent que sergio leone a du voir le film ou du moins la derniere scene ...et c'est vrai qu'on se croirait ds le bon la brute et le truand ...
bravo encore pour la qualite du dvd ... lefilm lui annonce l'humanisme de kurosawa ..et toute son intelligence ...
bye bye les camikazes !!!
Débuts prometteurs d'un grand réalisateur
La légende du grand judo n'est certes pas le film de Kurosawa que je préfère. Mais il reste incontestablement une oeuvre maîtrisée de bout en bout par son réalisateur. Le combat final en est le parfait exemple notamment grâce à un montage captivant.