Magic people, Voodoo people
"Spirited Killer" (ou "Spirited Warrior" dans certaines éditions vidéo) est en fait le quatrième épisode de la série des "Plook Mun Kuen Ma Kah", dont le titre se traduit littéralement "Wake up to kill". C'est une franchise initiée (et toujours écrite et réalisée) par le plus célèbre des chorégraphes d'action thaïs, Panna Rittikrai, surtout connu de nos jours pour être à l'orgine de la plupart des scènes d'action du cinéma thaï et le réalisateur du remake de son propre film "Born to fight" (dont l'original avait été tourné en 1984).
Malgré les apparences très cheap, ce n'est donc nullement l'une des premières œuvres de Rittikrai, qui avait déjà commis une bonne trentaine de films avant de s'attaquer à la réalisation de celui-ci. Des films tournés en très peu de temps et avec très peu de moyens, essentiellement destinés à être diffusés non pas dans la ville de Bangkok (où sont concentrés ca. 80 % de la totalité des écrans de ciné de la Thaïlande), mais bien les cinémas de quartiers et de Provence. Des films pour la plupart inspirés du cinéma hongkongais avec des scénarii extrêmement minces et entièrement construits autour de quelques scènes de baston longtemps préparées en avance par Rittikrai et sa bande de fidèles cascadeurs.
Dans le tas des cascadeurs, il y avait un jeune premier du nom de Yeerum Panom, jeune garçon, qui avait rejoint l'équipe dès l'âge de ses treize ans. Apparaissant déjà dans quelques autres films de l'époque, il a cette fois droit à une scène de près d'un quart d'heure durant laquelle il se bat contre le maître en personne, Rittikrai. Depuis, ce jeune homme est devenu une vedette internationalement connu sous le nom de … Tony Jaa. Toujours drôle de suivre les débuts d'une star affublé d'une coupe typique des années 1990s, mais dont la prestation est encore très loin de valoir celles exécutées dans ses futurs films.
D'ailleurs "Spirited Killer", malgré son important quota de bastons et d'affrontements en tous genres ne convainc guère dans l'exécution de combats (et surtout sa mise en, scène très approximative). Il y a quelques jolis moments en cours de film et surtout de quoi se mettre sous la dent vers la fin, mais la plupart restent des mouvements qui ont l'air d'avoir été clairement répétées au préalable et souvent portés très loin de l'adversaire censé être touché; sans parler des saltos arrière et autres vols planés, alors que le coup porté à l'origine n'a rien d'extraordinaire. Quant à l'histoire, elle est totalement ridicule, aux personnages stéréotypés, scènes comiques pas drôles et longs passages à vide. Le manque de budget est flagrant, les seules copies encore existantes de qualité assez médiocre et la qualité au total très, très loin de nos standards actuels ou même de celle d'autres productions produites durant les années 1994 (même en Thaïlande).
En revanche, c'est un véritable objet de curiosité pour tous ceux intéressés par les premiers pas de Jaa et – surtout – du travail réalisé au préalable par Rittikrai. Son savoir-faire est indéniable, sa volonté de produire du cinéma populaire dans la bonne humeur transpire littéralement à l'écran et il ne faut pas oublier non plus, que durant les années 1990, il était plus difficile que jamais de réunir les fonds nécessaires pour réaliser des films en Thaïlande (de la production de 120 films par an à la fin des années 1970, on en était tombé à…une poignée de films durant les années 1990…et 100% de films commerciaux).
Quant au public plus généraliste, il sera sans aucun doute rebuté par la pauvreté des moyens et un cinéma thaï avant tout local.