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Shiri

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les avis de Cinemasie

11 critiques: 2.82/5

vos avis

61 critiques: 3.23/5



Arno Ching-wan 3.75 Relecture coréenne hargneuse du Black Sunday de J. Frankenheimer
Flying Marmotte 3.75 Très bon film d'espionnage
MLF 2.75 Le courage s’oubli avec le temps….
Aurélien 0.75 Insipide !
jeffy 3.5 Bon film d'action sans plus
Ghost Dog 2.75 Blockbuster (trop) calibré. La romance est plus convaincante.
Ordell Robbie 2 Heureusement que le football existe...
François 3.25 Un mélange réussi de polar SDU et de romance
Alain 2.5 Trop inégal que pour pleinement convaincre
Yann K 3.5 Un film emblématique
Elise 2.5
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Le courage s’oubli avec le temps….

Shiri se passe de commentaires dans ses rapports au médium cinématographique. Film à gros budget construit en tant que tel, il est de l’envergure de ses ambitions : il n’est nul question d’en faire un film aux enjeux plastiques, mais d’avoir l’efficacité d’un film hollywoodien. De ce fait, chercher la petite bête sur ce plan là semblerait malhonnête, car reprocher à un film de ne pas être ce qu’il ne cherche pas à être est stupide et nombriliste. Shiri n’est pas non plus un franc succès dans sa gestion du suspense, il est un peu grossier et on le voit venir.

Mais ce n’est pas là qu’il faut questionner le film. Shiri intervient à un moment pivot dans l’économie du cinéma coréen. La notion de budget record est devenue un argument de vente sans consistance puisque que d’un gros budget à un autre le fonctionnement reste le même. Dans le cas de Shiri, l’affaire est différente. Shiri est un des premiers « vrais » blockbuster coréens. C’était la première fois qu’une Chaebol prenait le risque d’investir autant d’argent dans un film. Qui plus est, le pari était doublé en faisant une histoire mettant en scène la séparation des deux Corée. L’opposition nord/sud n’est pas un thème nouveau, il a soutenu un grand nombres de films depuis 53. Mais poser une relation privée, humaine entre ces deux entités était une grande première. L’effet de miroir posé entre le flic du sud et l’espionne du nord, loin de faire du flic un monstre (vision commune des nord-coréens par les sud-coréens, jusqu’au représentation dans les livres d’écoles des années 80), fait de l’espionne un être humain semblable au flic. Pour cette simple raison, Shiri fût une bombe qui dépassa toutes les attentes de ses commanditaires au point que d’autres films, moins imaginatifs (comme JSA) surferont sur la vague, emprunteront ce chemin bien débroussaillé.

L’enjeux est fondamental, ce que montre sans complexe Shiri c’est la façon dont, pour plagier Duras, « on a monté un peuple contre son propre peuple » (monologue dans Iroshima mon amour « [….] le soulèvement d’un peuple contre d’autres peuples […] »). Nord / Sud voici un clivage dans la péninsule coréenne qui n’a d’autres raisons que politiques et stratégiques ; deux entités, américaines et soviétiques, ont joué à la guéguerre sur cet espace aux dépends de ses habitants. Ces deux puissances ont réussi l’exploit de couper un pays en deux en faisant des coréens le premier ennemi des coréens.

Shiri montre que derrière l’appareillage politique et médiatique (motif officiel du match de football) la Corée reste victime de ce crime. Le sud, pas plus brillant que le nord massacrait les communistes, il était interdit d’être communiste. Drôle de pays où pour vivre en paix il faut être capable de dénoncer son frère si celui est rouge (en fait, la suspicion suffisait).

Shiri est un blockbuster. Ce n’est pas un des meilleurs de sa catégorie, c’est un fait. Mais Shiri à ce poids historique pour le cinéma d’avoir introduit une donne humaine dans la relation opposant le nord et le sud. Ce double courage suffit à lui seul à faire de ce film un incontournable pour toute personne s’intéressant soit à ces questions, soit au cinéma coréen. A chacun sa place et il me semble que celle de ce film est ici.



28 juillet 2006
par MLF




Insipide !

Je rédigerai certainement une critique plus conséquente dès que j'en aurai le temps. Cependant, la vue des notes données à ce film me force à écrire ces quelques lignes.

Shiri n'est rien d'autre qu'une tentative (plus ou moins réussie) de prouver que le cinéma coréen peut produire des gros blockbusters à l'américaine. Alors, ça donne quoi ?

Il était possible d'envisager un minimum d'originalité... Il n'en est rien. Aussi bien sur le fond que sur la forme, Shiri est un film calqué sur ses modèles américains. Clichés en pagaille, action omniprésente, explosions surréalistes, intrigue à 20 centimes d'euros, ...

Un film insipide que même les acteurs principaux ne parviennent pas à sauver (et surtout pas l'actrice d'ailleurs !)

Film insipide à la réalisation molle, Shiri n'est rien d'autre que cette preuve que le cinéma est avant tout devenu une industrie.



09 décembre 2005
par Aurélien




Bon film d'action sans plus

L'intrigue est assez classique, on aurait pu espèrer plus de rebondissement. Mais la mise en scène correcte et des acteurs crédibles permettent de passer un bon moment. Au final, ce film vaut largement le détour même si on pouvait esperer un final un peu plus "explosif".

09 février 2003
par jeffy




Blockbuster (trop) calibré. La romance est plus convaincante.

Comme beaucoup, j’ai été déçu par les 3 premiers quarts du film. Shiri se contente en effet d’appliquer les recettes des gros films d’action musclés américain sans originalité ni couleur locale. Deux flics sud-coréens enquêtent sur un réseau de terroristes nord-coréens qui se sont emparés d’une bombe new-generation capable de raser Séoul ; au programme, fusillades à répétition, recherche de la balance qui diffuse les renseignements à l’ennemi, femme délaissée,… Bref, rien que du très convenu, se rapprochant entre autres de Mort Subite, d’Une journée en Enfer ou encore de True Lies.

Pourtant, dès que le rebondissement sur l’identité de la femme de Yu (Han Suk-Kyu) survient, le film prend une autre dimension, plus intéressante, sur les rapports Nord/Sud. En basculant dans une romance inattendue, Shiri parvient finalement à émouvoir, à toucher, tout en explicitant progressivement les zones d’ombre du récit (notamment la symbolique des poissons). Et la musique jusque là pompière se mue en un slow dont on se rappelle encore les paroles plusieurs jours après :
When I dream, I dream of you
Maybe one day, You’ll become true…



05 octobre 2002
par Ghost Dog




Heureusement que le football existe...

Parce qu’il permet à Shiri de sortir un peu durant sa dernière demi-heure du ventre mou du blockbuster d’action dans lequel il barbotait le reste du temps. Après une première partie faite de résucée médiocre du cinéma d'action US et de caméras à l'épaule sous-Soldat Ryan, d’un montage confus, de musique pompière à la Hans Zimmer, de vision schématique du conflit Nord/Sud, on était à deux doigts de crier au gâchis de ressources humaines particulièrement talentueuses (Han Suk Kyu, Choi Min Sik, Song Kang Ho quand même).

Certes, les problèmes de couple comme reflet de la tragédie d’une nation commencent à pointer leur nez lors de la seconde partie mais cette dernière contient encore trop d’action sans âme. Le mélodrame est certes présent mais de façon beaucoup trop sporadique. Par contre, il réussit à s’emparer des commandes du film et à compenser largement tous les défauts mentionnés plus haut durant un titanesque final dans le stade de foot qui laisse un court moment à penser que John Woo venait de se délocaliser en Corée lors des derniers jours du tournage : les acteurs s’y surpassent dans la dramatisation et retrouvent la force des grandes années du Chang Cheh des triades, à savoir la capacité à élargir la tragédie d’une poignée d’individus aux dimensions du monde. On croit alors qu’une fois cette scène achevée le film va revenir sur des sentiers plus conventionnels : mais non, conclusion toute en regrets, chanson aussi sirupeuse que déchirante, le film a trop longtemps gardé ses meilleures cartouches pour la fin. Ce qui laisse beaucoup de regrets...

Manichéisme? La fin en sauve le film in extremis. Idéologiquement douteux? Cf question précédente. Kang Je Gyu ne fait pas dans la dentelle? Bien sûr, on est plus proche d'un blockbuster US de base mâtiné d'un peu de romance à l'asiatique que d'un JSA plus finaud. Mais rayon mélodrame le cinéma coréen a connu pathos plus appuyé. Grâce à Taegukgi : Freres de Sang signé Kang Je Gyu justement...



25 septembre 2002
par Ordell Robbie




Un mélange réussi de polar SDU et de romance

Annoncé à 51% action et 49% romance, le fameux Shiri est en fait plus déséquilibré au niveau qualité. La partie action seule n'est pas si bonne que ça, alors que la romance politisée l'est bien plus.

Soyons clair, le film n'invente pas la poudre, avec ses scènes d'action ultra-réalistes à l'américaine et sa musique très Hans Zimmer. C'est de la copie très bien faite, mais rien de plus. Les fameuses scènes d'action sont très efficaces, mais n'innovent pas. Elles ne font cependant aucune concession et sont très violentes. Aucune surdramatisation ou surstylisation ici, c'est du caméra à l'épaule et on balance des cartouches. On peut regretter parfois l'impression de confusion (voir les scènes d'entraînement trash du début) et des aberrations un peu gênantes. Les coréens du sud ont tendance à se jeter sur les balles quand même... Ca passe dans un film stylisé, mais dans un polar réaliste, un peu moins...

L'aspect romantique et dramatique est par contre plus intéressant, puisqu'il mêle histoire d'amour assez convainquante avec côté politique poignant. Les terroristes ne veulent pas d'argent ou libérer quelqu'un, ils veulent que leur peuple ne meurt plus de faim. C'est tout de même la romance qui fait le film, avec en plus un nouveau côté opposition Nord/Sud qui apparaîtra grâce à un scénario habile à ce niveau. La fin est alors très émouvante et prenante, et fait la force du film, bien plus que les scènes d'action, trop froides au début.

La réalisation est très correcte et à l'aise sur les scènes dramatiques, moins sur les scènes d'action. La photo est de très bonne qualité et la musique soutient bien le film que ce soit pour l'action ou les moments calmes. Par contre le doublage cantonais est moins bon que la version originale. Il est donc conseillé d'éviter le VCD HKgais pour cette raison. Les acteurs sont convainquants, malgré une ressemblance un peu gênante entre les deux flics. Bref, c'est une production de qualité.

Au final, sans être une révolution, Shiri est un très bon mélange action/drame. Rien de franchement nouveau ici, mais une efficacité certaine et très asiatique dans le mixage de genres et d'influences éprouvés.



19 décembre 2001
par François




Un film emblématique

Shiri (parfois appelé "Swiri") a les avantages et les défauts d’un bon gros film américain : efficace mais pas finaud, facile à suivre mais sans grandes surprises, riche en moyens mais pauvre en belles images. La Corée du Sud a bien ingurgité les codes du film d’action U.S., sans y apporter une touche locale comme à Honk-Kong. C’est dommage, mais pour l’économie du cinéma coréen, il vaut mieux que ce film soit auto-produit plutô qu'importé. Après tout, ce petit pays au cinéma encore moribond il y a vingt ans, a réussi là ou la France, malgré Le Pacte des Loups ou consoeurs, rame depuis des dizaines d’années. Shiri est plus impressionnant que Joint Security Area (JSA), l’autre « blockbuster » d’action sud-coréen, mais il est plus formaté. Dans JSA, les métaphores récurrentes de la ligne et de la croix donnaient de très beaux moments de mise en scène. Shiri est avant tout sauvé par ses comédiens, notamment la saisissante Kim Yoon-Jin, qui joue aussi bien ses deux personnalités.

Sans intérêt, alors, le film qui a battu Titanic dans les cinémas Sud-coréens ? Non, car Shiri est poignant par sa seule histoire. Vu d’ici, elle paraît d’un autre âge (l’époque de la Guerre froide). Seulement elle est comme celle de JSA, juste un peu exagérée. L’attentat lors d’un match de football de la fin, après tout, vaut bien l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo, et question diplomatie, rappelons que les Etats-Unis citent encore la Corée du Nord comme un ennemi nucléaire qui justifie à lui seul toute la politique de réarmement de Georges W. Bush. Cela peut paraître ridicule, ça ne l’est malheureusement pas.

Michael Mann résumait ainsi son magnifique Révélations : "C'est l'histoire de gens ordinaires soumis à une pression extraordinaire". Shiri devient poignant lorsque il soumet à cette pression extraordinaire (le sort de la nation) un couple symbole, alors dépassé par des enjeux qui nient les sentiments. Dans le face à face final des deux, canon tendu l’un vers l’autre, dans leurs regards désespérés, dans ce constat que leur amour est à jamais brisé, toute l’histoire de la Corée semble passer en quelques secondes. A côté de ce mélodrame national, Titanic paraissait bien anodin aux coréens.



28 août 2001
par Yann K


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