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Loft

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Xavier Chanoine 2 Un film d'ambiance tout sauf convaincant
Ordell Robbie 1 Plombé par ses effets horrifiques éculés et ses artifices narratifs.
MLF 4
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Un film d'ambiance tout sauf convaincant

Ce qui est frustrant voir rageant avec le dernier Kurosawa sorti en salle, c'est de voir à quel point un agréable film d'épouvante peut se transformer en supplice lorsqu'il n'est pas totalement maîtrisé. Loft accuse en effet un manque cinglant de conviction de la part de son réalisateur, accumulant les belles séquences comme les pires sans se soucier tant que ça. Le contraste est même étonnant, où l'on s'étonne de sursauter face à certaines séquences bien foutues, comme de s'indigner devant des bourdes évitables. Les clichés bien redondants sont ceux que l'on connaît depuis des lustres, en effet Kurosawa doit sûrement se demander si l'on peut qualifier un film "d'épouvante" si il n'y a pas la fameuse scène de la lampe torche qui ne s'allume pas, tout comme la silhouette que l'on aperçoit au loin et qui disparaît lorsque l'objectif fait un aller-retour. Passons sur le physique des personnes louches (depuis l'effet Ring, le look cheveux raides et teint blafard n'a jamais été aussi à la mode) et sur les longs travellings contemplatifs histoire de ne pas trop surcharger la liste des déceptions.

 

Loft parvient néanmoins à susciter un poil d'intérêt de part son héroïne tourmentée à la beauté toute mystérieuse et par son ambiance travaillée. Le personnage de Reiko (interprété par l'une des actrices fétiches de Nakata Hideo) évoque à plus d'une reprise la solitude et le renfermement sur soi (à l'image de l'endroit où elle vit, totalement en contradiction avec le Japon urbain) et s'avère plutôt bien joué par Nakatani Miki. En revanche, difficile de tenir le même discour avec le reste du casting pas franchement folichon, à commencer par Toyokawa Etsushi dans la peau d'un chercheur tourmenté par des hallucinations ou encore Nishijima Hidetoshi particulièrement fade en responsable d'une maison d'édition. Quel dommage d'avoir affaire à des protagonistes si peu recherchés et visiblement peu convaincus par ce qu'il font, tellement Loft aurait pu être au final un joli thriller d'ambiance. A la place, on se coltine un film certes intéressant dans son déroulement mais entaché par une intrigue qui se perd au fur et à mesure qu'elle avance, pour finir par sombrer dans le grand n'importe quoi où le réalisateur du pourtant très correct Kaïro joue avec les ellipses pour se paumer lui-même dans un pêle-mêle d'hallucinations créant le doute sur ce qui est réel ou non.

Car dans le fond, Loft n'est qu'un film montrant le quotidien de personnes désorientées et perdues du fait des pressions externes (en plein centre-ville, Reiko étouffe), sous un vague fond de légende (le personnage de la momie, finalement pas bien utile) pour finalement aboutir à un condensé d'horreur viscérale manquant sévèrement de conviction. Le métrage de Kurosawa aurait pu s'arrêter à une simple intrigue policière, mais préfère jouer la carte du fantastique l'entraînant dans une spirale nonsensique effrayante de nullité et bien trop théâtralisée dans son interprétation pour paraître crédible (il faut voir Toyokawa Etsushi se la jouer Hamlet en fin de métrage!). Malgré tout, on reste en face d'un thriller aux belles images (les séquences brumeuses) et ponctué par deux moments de frayeurs qui m'ont clairement fait frôler la crise cardiaque. C'est déjà bien pour un film dont on n'attendait finalement pas grand chose.

 



05 janvier 2007
par Xavier Chanoine


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