Xavier Chanoine | 3.25 | Peinture du Japon d'après-guerre sans concession |
Ordell Robbie | 3 | Trop inégal mais révélant déjà un tempérament de cinéaste frondeur. |
drélium | 3 |
Aucun ne produit le véritable effort pour améliorer une situation fort délicate. La propriétaire de la pension du quartier malfamé souhaite la vendre et de surcroît, obliger un jour ou l'autre ses -pauvres- occupants à partir se chercher un toit ailleurs et se combler de dettes. A force de manquer de moyens, l'argent semble substituer toute forme d'humanisme quelconque, rendant ses principaux intéressés obnubilés par le gain sous toutes ses formes. Les ouvriers semblent aussi aux abonnés absents puisque la démolition est orchestrée par Jo et sa bande de yakuza, payés aussi pour évacuer la pension. Il subsiste heureusement des âmes pures dans ce contexte bien sombre : Nishida représente l'une des rares formes d'optimisme à la fois par ses ambitions et son sérieux, à peine entaché par les sentiments perdus d'une Shizuko. Deuxième collaboration entre Nakadai Tatsuya et Kobayashi (que l'on avait pu voir dans La Pièce aux murs épais), le jeune acteur arrive à démontrer par son regard et ses actes inhumains toute la rage et le déséquilibre total de la société dans laquelle il vit. Kobayashi parvient d'ailleurs à articuler son histoire autour du personnage de Jo, pour tomber dans la tragédie la plus totale en fin de métrage. Cette fin énigmatique est à double tranchant car Kobayashi réussit à instaurer le doute sur les sentiments de Shizuko envers Nishida, dans un final brut exempt de happy end et ne nous renseigne pas davantage sur le sort réservé aux occupants de la pension. Cette volonté de laisser le spectateur dans le doute est à la fois une force et une faiblesse. La force réside dans la mise en scène spectaculaire et mélodramatique de cette séquence de fin, où l'ombrelle (volée par Nakadai en début de métrage) se retrouve cette fois-ci abandonnée dans la rue, tous comme les sentiments de Shizuko qui semblent aussi être à l'abandon. On n'en dira pas plus sur Rivière Noire, qui est en quelque sorte le Dodeskaden de son auteur option yakuza et sans une seule once d'ironie.