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Rickshaw Man

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 2.5/5

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3 critiques: 2.75/5



Ordell Robbie 2 Aussi médiocre que l'original: artisanat planplan et acteurs cabotins.
Xavier Chanoine 3 Malgré ses ficelles passe-partout, un agréable moment
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Malgré ses ficelles passe-partout, un agréable moment

Second film japonais à être honoré d’un Lion d’Or à Venise, huit ans après le sacre de Kurosawa Akira avec Rashomon, Rickshaw Man du spécialiste du divertissement spectaculaire Inagaki Hiroshi ferait presque figure de cas à part dans la filmographie du cinéaste puisqu’il n’est autre que le remake de son propre film, The Life of Matsu, réalisé en 1943. Œuvre de commande pour les comptes du studio Toho, dans le besoin de confirmer à l’international après l’Oscar de Musashi Miyamoto en 1956 ? On pourrait envisager cette donne dans la mesure où Rickshaw Man semble avoir été réalisé dans un pur souci d’exposer au monde, s’il était encore utile, le cinéma japonais classique dans tout ce qu’il a de plus conventionnel et appliqué. D’y montrer également ces acteurs aux nuances bien différentes selon la classe sociale à laquelle ils appartiennent. On pense à Yoshiko (Takamine Hideko) et son jeu tout en pudeur/retenue ou encore aux aboiements de la vieille femme censée cacher cette brute de Matsu (Mifune Toshiro). Organisé et d’une grande douceur, le personnage de Yoshiko contraste drôlement avec les marginaux de l’introduction du film. Cette volonté à peine masquée d’exposer des profiles très distincts ne cache pas les ambitions d’un cinéaste soucieux de mettre en scène une espèce de petite fresque en forme d’archétype du genre. Le film est alors sans surprise, exécuté avec son lot de bons sentiments et de tristes disparitions afin de cibler un public aussi large qu’international. Vulgairement, voilà comment est la condition des petites gens là-bas, à l’époque. Les clichés narratifs ne sauvent pas non plus le film de l’académisme, avec un Matsu qui n’a pas eu l’éducation qu’il méritait suite à une enfance difficile, cette femme devenue à présent veuve et qui devra compter sur lui pour que son fils ait un caractère bien trempé, et ces roues qui tournent comme pour symboliser les émotions positives de Matsu, le temps qui passe.

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Pourtant, en dehors des points soulevés ici, Rickshaw Man dessine le portrait touchant d’une grande gueule, personnage marginal qui réussira à trouver une certaine stabilité grâce à Yoshiko et son fils Toshio. Ces deux derniers représentent la famille qu’il n’a jamais eue, ses rares points de repères. Mais Inagaki pèse le pour et le contre d’une telle relation puisque Matsu finira par tomber amoureux de Yoshiko, mais incapable de lui avouer ses sentiments, il préfèrera s’abandonner à la solitude et à l’alcool. Le personnage de Matsu est une figure masculine presque héroïque qui scie parfaitement à Mifune Toshiro. Inagaki lui a toujours offert –et continuera jusqu’à son dernier film en 1970- des rôles à la hauteur de ses ambitions et préférences (on sait que son personnage de Barberousse en 1965 lui vaudra une dispute de trente ans avec Kurosawa Akira), sorte de personnage bagarreur et peu éduqué, cachant une grande fragilité et sensibilité au fond de lui, à la fois sauveur et père spirituel du jeune Toshio jusqu’à son adolescence. Et à partir du moment où Matsu ne se sent plus particulièrement aimé par son jeune protégé, devenu à présent étudiant émérite, Inagaki filme sa lente agonie à travers les saisons. On reprochera le trait sans doute trop appuyé, avec un Mifune courbé et vieillissant, tandis que Yoshiko garde son tain des plus beaux jours. Le cinéaste garde néanmoins ce sens du divertissement en faisant s’entrecroiser personnages marginaux et situations entraînantes (la bagarre au sein du théâtre, la course, la parade des tambours…) tout en s’attardant sur le passé du personnage de Mifune malgré un résultat pas tout à fait à la hauteur : la farandole d’effets kaléidoscopiques, de distorsion ou de flou n’ont guère plus d’utilité si ce n’est d’impressionner pour l’époque. Aujourd’hui, ces effets paraissent faire tache dans un tableau pictural lorgnant pourtant davantage du côté du classicisme de studio. La conclusion tout en feux d’artifices, éclabousse l’écran par ses effets spéciaux, jusqu’aux effets de solarisation surlignant beaucoup trop l’aura nostalgique et émotive du personnage de Matsu, déjà bien alourdie par la symbolique de la roue du pousse-pousse. Inagaki tombe donc dans le panneau du cinéaste que veut trop en faire pour épater la galerie, mais offre à Mifune un rôle digne des personnages caractériels qu’il aimait tant incarner. L’amateur appréciera à la fois les aboiements et la timidité du pousse-pousse.



07 avril 2010
par Xavier Chanoine


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