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Lady Yakuza, la Pivoine rouge

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 2.75/5

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8 critiques: 3.38/5



Ordell Robbie 2.5 Un premier volet potable
Xavier Chanoine 3 Le coeur avant les armes
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Un premier volet potable

Si ce volet inaugural de la série Red Peony Gambler se regarde, il le doit avant tout à son scénario et au duo Fuji/Takakura. Le problème du film ne se situe pas dans quelques exçès cabotins épisodiques des seconds roles, quelques petites longueurs dans les sous-intrigues et un usage cliché du ralenti lors du flash back de fin. Yamashita Kosaku fait de plus parfois preuve d'un bon talent d'artisanal. La focale est utilisée judicieusement. Et sans etre mis en scène avec une originalité renversante le combat final est un modèle d'efficacité classique: très peu découpé mais tirant son efficacité de l'énergie déployée par les acteurs. Le combat dans le cimetière du début vaut quant à lui par son usage du gros plan et du ralenti mettant bien en valeur la caractère aérien des gestes d'Oryu. Mais le plus souvent le film est cadré de façon anonyme, très anonyme, tirant la mise en scène vers le bas, vers un classicisme planplan. Reste que Fuji Junko et Takakura Ken forment quant à eux un duo parfait à l'écran. Chacun d'eux sait alterner moments de douceur et capacité à exprimer leur détermination.

Et leur talent est mis au service d'un scénario signé SUZUKI Norifumiposant bien le personnage d'Oryu et ses dilemmes. On y découvre ainsi une fille de yakuza à deux doigts de s'engager dans le mariage et la légalité mais qui décide de dissoudre le clan et de quitter sa vie de femme. Et c'est ce dilemme entre son choix de vie de yakuza errante et la part de féminité restant en elle qui va etre au centre de ce premier volet. Parfois désirée amoureusement ou comme chef par les hommes, elle n'hésite pas à refuser des les commander en leur conseillant la légalité ni à les mettre face à leurs responsabilités. A l'intérieur de l'univers yakuza, elle devient figure de détermination, incarnation du respect des lois du clan. A un yakuza solitaire (incarné par Takakura) lui rappelant sa féminité, elle répond qu'elle est un homme. Et c'est à ses cotés que sa douceur ressurgit. Reste que dans ce volet son coté très "bons sentiments", son désir de rendre possibles les amours interdits par le clan (soit l'existence qu'elle a reniée pour elle-meme) sont teintés d'ambiguité. Femme d'honneur, Oryu est aussi ici femme cherchant à venger son père mort. Et elle va alors jouer indirectement jouer le role de catalyseur des dilemmes du personnage incarné par Takakura: ce dernier connait l'assassin mais se refuse à divulguer son nom à Oryu par fidélité et pour tenir une promesse. Mais se sentant sur la fin trahi par ce dernier il couplera sa hargne vengeresse à celle d'Oryu.

Pour un volet posant bien la "formule" de la saga: acteurs de charisme (Takakura, Fuji, Wakayama), combats à l'arme blanche, jingi, scènes de paris, score entetant, flirt avec les bons sentiments et le mélodrame. Mais un volet qui ne fait pas encore décoller la saga.



18 août 2005
par Ordell Robbie




Le coeur avant les armes

A première vue, il semblerait qu’il y ait plusieurs écoles dans les années 60 à travailler sur la représentation du yakuza à l’écran. On évitera de citer celles des deux Suzuki (Norifumi et Seijun), d’Ishii Teruo ou de Kato Tai, bien que deux d’entre eux seront plus tard impliqués dans l’aventure de la Pivoine rouge, c'est-à-dire Suzuki Norifumi déjà à l’écriture ici mais futur réalisateur, et bien entendu Kato Tai. Reste qu’au sein de la Toei, on n’avait jamais vu pareil yakuza chez un Fukasaku par exemple, sans doute trop occupé à gérer les conflits entre hommes et à essuyer les murs après toute bonne déferlante de violence qui se respecte. Ici, le cinéaste Yamashita Kosaku a rendu service à tout le monde en ayant réalisé le premier épisode d’une future saga à succès mettant en avant une femme héritière d’un patrimoine après la mort de son père. Et pas n’importe lequel, elle décide en effet  de reprendre le rôle de son père, celui de chef de gang. Et même si le statut des femmes au cinéma change peu à peu durant les années 60, avec l’évolution lente des mœurs, inutile de dire qu’il était osé de voir une femme promise à un beau mariage occuper un tel rôle, qui plus est au XIXème siècle. Pourtant, cette femme yakuza tatouée d’une belle pivoine couleur sang n’en versera pas et tentera de ne pas en faire verser, au travers de négociations avec les gangs adverses. Si chez les yakuza de Fukasaku une parole de travers pouvait faire éclater une guerre des gangs, même à une époque plus lointaine, le constat est à peu près le même chez Yamashita, sauf que le réalisateur passera par l’astuce d’utiliser la figure féminine pour débloquer toute situation périlleuse ou mettant la vie d’un membre du clan, ou d’une personne rattachée moralement ou sentimentalement à ce même membre, en danger de mort.

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A ce propos, les mauvaises langues pourraient s’insurger face à l’image toujours conservatrice de la femme, au final, puisque ceci insinuerait que la femme n’est capable que de résoudre des conflits par une langue fourchue, mais c’est purement et simplement totalement faux. Premièrement, Ryuko change d’identité en se faisant appeler Oryu la Pivoine rouge, ce qui démontre déjà la volonté de Yamashita d’introduire son personnage dans un « rôle » à part entière, une personnalité au-delà des normes et des mœurs traditionnels. Deuxièmement, Oryu ne passe pas les trois quarts de son temps en position d’infériorité face à la gente masculine qu’elle déstabilisera aisément. Et malgré l’aspect mélodramatique qui découle de la relation qu’elle entretient avec l’excellent Takakura Ken, le film n’est pas constamment imprégné de cette culture des larmes avec une femme résignée. Loin de là, derrière cette peau à la blancheur irréelle se cache une femme redoutable pistolet au poing, dangereuse mais visiblement jamais désireuse de trahir les siens. A contrario des films de Fukasaku où l’ambigüité persiste, cette fleur qui pique au moindre contact déplacé est une lueur d’espoir dans le renouveau des clans yakuza, bien mise en valeur par une réalisation au classicisme appliqué, entre les superbes images du chef opérateur Furuya Shin et le magnifique score de Watanabe Takeo, autant dire que le traitement opéré sur cette série n’est pas fait à la légère, surtout lorsque l’écriture de Norifumu Suzuki autorise des envolées quasi lyriques et d’autres bien plus violentes, lors notamment d’un épilogue enragé. 



13 décembre 2009
par Xavier Chanoine


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