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3.58/5
Récit d'un propriétaire
les avis de Cinemasie
2 critiques: 4/5
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13 critiques: 3.83/5
Gosse à louer
Après le touchant Il était un père réalisé cinq ans auparavant, Ozu change de registre pour retourner aux sources du burlesque de son cinéma muet de la fin des années 20. Un burlesque qui ne se situe pas forcément au niveau du comique de situation comme il était coutume à cette époque, mais plus dans les rapports qu'entretiennent Kohei et le tout jeune garçon retrouvé errant dans la rue. "Forcée" à le garder sous son toit, la vieille Kohei montre alors des signes de mécontentement envers le gamin et veut s'en séparer par tous les moyens, en lui faisant peur, en le repoussant, jusqu'à l'abandonner après une promenade sur la plage qui devait se solder par la récolte de coquillages. En vain. Taxé d'Ozu mineur à cause d'un sujet quelque peu bateau et d'une durée particulièrement courte, Récit d'un propriétaire est pourtant grand par ses objectifs parfaitement remplis et sa thématique humaniste. Peinture du japon d'après guerre plutôt délabré (les quelques passages en extérieur montrent un chaos général, avec des détritus plein les rues, des quartiers sals et des bicoques salement construites), mais message optimiste sur la condition des "Hommes" au sens large, où comment Ozu démontre que l'on peut s'attacher à n'importe qui, différemment socialement, une fois passé les préjugés. Le gamin pisse au lit, ne parle pas et pleure. Mais c'est un enfant, qui plus est orphelin de son père perdu de vue dans une ville voisine.
Comme L'été de Kikujiro réalisé par Kitano bien des années plus tard, on retrouve cette même thématique de l'enfant rejeté et traité comme un moins que rien, puis aimé et considéré en fin de métrage tout simplement parce que les personnes (Kohei chez Ozu et Kikujiro chez Kitano) ont appris à le connaître malgré ses défauts -évidemment- de jeunesse. Et puis chez l'un comme chez l'autre, les "nourrices" ont un caractère bien trempé et n'aiment pas forcément les mômes. Au passage, on retrouve une séquence identique chez les deux films, lorsque le petit en question se voit obligé de dépenser ses yens dans des paris de courses hippiques. Comme quoi l'influence -universelle- d'Ozu est belle et bien présente, on pourrait presque parler d'hommage (tout comme les plans fixes chez Ozu, omniprésents chez Kitano). Dans le fond, Récit d'un propriétaire est une petite fable touchante pleine d'humanisme, rigolote et touchante que tout amateur du cinéma d'Ozu appréciera.
Un Ozu drole et touchant
Récit d'un Propriétaire est parfois considéré comme un Ozu mineur, un simple galop d'essai d'un cinéaste venant juste de regagner le Japon avant sa grande période qui "commencerait" avec Printemps Tardif. Pourtant, cette comédie qui vaut mieux que sa réputation a le mérire de prouver que le cinéaste n'avait pas attendu Bonjour pour avoir un vrai sens du burlesque. Alliance du burlesque et d'un certain style contemplatif? Qui a dit Kitano? Surtout qu'il y a dans le film une scène de bord de mer avec la vieille dame et l'enfant entre contemplation, poésie et humour naif, le genre de scènes/effets de signature kitaniens qu'on retrouvera jusqu'à plus soif chez le réalisateur de Hana Bi. Et il faut voir tous ces voisins essayer au début du film de refiler le gamin à l'autre comme une vulgaire balle qu'on se renverrait, cette vieille dame furieuse que le gamin qu'elle est forcée d'héberger ait uriné au lit, les discussions autour de ce saké qui prendront une place de plus en plus grande dans l'univers du cinéaste, la découverte par une femme de son attachement à un enfant, les émouvantes scènes/retrouvailles de la fin. Ozu enchaine les scènes touchantes qui prouvent que bons sentiments au cinéma peuvent parfois plus rimer avec "mignon" qu'avec "niais" -chose dont ne se souviendra pas Jean-Pierre Jeunet quand il fera sa guimauve montmartroise-. Rafraichissant. Et un Ozu de plus à donner l'impression d'etre un premier film là où la suite de l'oeuvre arpentera avec talent des territoires quasi-identiques à des nuances près.
mineur, quand même.
Les très bonnes critiques ci-dessus exagèrent les mérites de ce ce tout petit film, qui est touchant justement par sa modestie. La mère de substitution est remarquable mais son revirement n'est guère expliqué et apparaît forcé. La scène où elle essaie de le perdre sur la plage reste cependant mémorable.
Ozu le grand
Ozu le plus grand réalisateur de l'histoire.
L'idée se défend.
Ce film trop méconnu se situe à un niveau proche des chefs d'oeuvre plus réputés du cinéaste. On ne saurait comprendre pourquoi tant le film est excellent.
Tête de mule
Un Ozu qui ne fait pas encore partie du cycle des grands films démarrant vers fin des années 40 pour s'arrêter à l'aube des années 60, depuis
Printemps Tardif jusqu'au
Goût du Sake. Un Ozu souvent considéré comme plaisant, mineur, anecdotique, et qui reste pourtant l'œuvre la plus immédiatement attachante du cinéaste. Soixante-douze petites minutes de pur bonheur où drôlerie, pittoresque et humanisme se mêlent avec la plus grande sérénité. Sur un sujet similaire, seuls Chaplin (
The Kid) et Kitano (
L'Été de Kikujiro) feront à peu près aussi bien.
The Kid japonais
Sans aucun doute influencé aussi bien par "The Kid" de Chaplin, que du néo-réalisme italien, Ozu réalise une petite perle de comédie.
Témoignage autant du Japon dévasté de l'après-guerre, qu'il ne brosse le sensible portrait d'une population devant retrouver une identité, les quelques personnages sont tous en redemption et tentent de survivre tant qu'ils ne le peuvent, mais toujours dans la bonne humeur. Ils attachent bien plus d'importance aux petites choses de la vie (un bon saké, de la farine de qualité supérieure, etc) que dans notre société actuelle de consommation et si les inserts d'une ville en ruines rappelle leur dure condition, Ozu insuffle pourtant une espèce d'optimsime dans tout le film.
Partant d'un point de départ très dur (un enfant abandonné, qui se fait "refiler" de main en main pour échouer chez une propriétaire aigrie et bougonne), la dramaturgie est pourtant désamorcée par un comique léger.
Posant déjà sa caméra à raz le sol, sa mise en scène si particulière trouve toute sa justification qu'elle ne pourrait signifier le point de vue du jeune garçon (caméra placée à sa hauteur) ou la signification d'une histoire somme toute très "terre à terre (le sous-titre évoque d'ailleurs des "Chroniques ordinaires".
La scène de la plage a sûrement dû inspirer Kitano pour son magnifique "Scene at the Sea", tant le découpage de la séquence ressemble à s'y méprendre du film de Kitano réalisé près d'une cinquantaine d'années plus tard.
Bien plus abordable que ses films postérieurs, "Récit..." se pose comme un magnifique petit bijou de drame intimiste qui se passe de tout artifice pour dépeindre une histoire ordinaire, mais si touchante !!