Beuuaaahhhh
Il est bien évident qu’on ne se relèvera pas la nuit pour admirer la virtuosité de la mise en scène, la subtilité des dialogues et la profondeur du message du troisième épisode des aventures de John Rambo. Bourrin à souhait, manichéen, on est d’abord en présence d’un pur divertissement US bien viril, avec de la gâchette, de la bravoure et du sang. Sans compter que Hot Shots est passé par là : lorsque Rambo noue son bandeau de dos, on s’attend bien sûr à ce qu’il se soit bandé les yeux et qu’il se prenne le premier poteau venu…
Mais Rambo 3 est, quoi qu’on en pense, devenu un film important, ne serait-ce que par son aspect historique. Il faut reconnaître à Stallone l’intelligence d’avoir su diversifier les lieux d’affrontement de son héros afin d’en faire un combattant universel de la liberté : après le Viêt-Nam dans les 2 premiers, voici donc venir l’Afghanistan, dont les moudjahidin patriotes luttent contre l’envahisseur soviétique en pleine guerre froide, avant la Birmanie (soutenu par Pékin) dans le récent 4ème opus. Le pari était risqué (l’Histoire de l’Afghanistan était inconnue du public américain), mais finalement réussi : le film contient suffisamment d’éléments, présentés certes de façon basique, pour que tout le monde s’y retrouve et acquiert quelques repères. Un personnage inspiré par le commandant Massoud vient par exemple raconter à Rambo les souffrances de son peuple, un autre lui dit que jamais personne n’a vraiment pu envahir ce pays, depuis Alexandre le Grand jusqu’aux anglais. Et puis, l’Afghanistan n’a pas été pris au hasard pour cette simple bonne raison : le Viêt-Nam fut un bourbier traumatisant pour les USA, et le pays de Massoud, soutenu par la CIA, fut le pendant russe de l’humiliation de la défaite…
A noter que le film fut tourné en Israël avec l’autorisation d’un certain Ariel Sharon. Pour un film mettant en scène des hommes combattant pour le djihad, ça ne manque pas de piment !
Très dispensable, le début de la chute pour Sly
Rambo 3 marque le début de la chute de Stallone de son piédestal de star du blockbuster. La dérive commerciale des suites à répétition avait commencé bien avant, pas toujours avec bonheur, mais le public suivait. Même le très manichéen
Rocky 4 qui s'en prenait déjà à l'adversaire de la guerre froide d'alors avait su attirer plus de spectateurs quelques années auparavant.
Ses précédents films (
Cobra,
Over the top) montraient déjà une érosion, mais en renouant avec le personnage de John Rambo, Stallone partait avec un potentiel commercial certain. Hélas ce blockbuster d'action se montre facilement le plus faible de la série. La partie action/aventure ne se montre pas au niveau du précédent film. Le rythme est plus faible, le personnage de Rambo qu'on connaissait expert en combat dans la jungle viet est ici un peu perdu dans les décors désertiques. Et on passera poliment sur l'aspect gentil américain qui va sauver les gentils afghans des méchants russes, difficile d'en attendre autre chose dans l'Amérique Reagannienne. Même le précédent Rambo, pourtant gros blockbuster d'action testostéroné au possible savait être un peu moins manichéen et critique vis à vis de son propre pays. Ici on baigne gentiment dans l'humanitaire guerrier avec la dénonciation de rigueur des horreurs de la guerre d'Afghanistan, comme si les USA trouvaient ici une petite vengeance suite à la défaite au Vietnam.
Heureusement, Stallone reviendra avec bonheur aux vraies racines de John Rambo dans le film homonyme, n'occultant plus cette fois le côté sombre de son personnage et rendant à la guerre une violence assez sèche que les deux précédents opus avaient édulcorée.