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Quartet

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Kamiku 3.5


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Quand Joe Hisaishi le génial compositeur rencontre Joe Hisaishi le réalisateur

Kitano avait donné à Sonatine ce titre parce qu'il se considérait comme un débutant en matière de cinéma, de même qu'un musicien joue cette forme de composition musicale (la sonatine) lorsqu'il débute. En appelant son film Quartet, Joe Hisaishi a lui débuté dans le monde du cinéma, peut-être pas par une symphonie, mais au moins par un véritable quatuor cinématographique, et une réussite à la hauteur de ce que l'on pouvait attendre du compositeur, qui a assisté au tournage de plusieurs films de Kitano. Le quatuor, c'est justement le thème du film, dans les différents sens qu'il recouvre. C'est tout d'abord une forme de composition musicale difficile, dans laquelle tous les plus grands compositeurs se sont essayés. Ensuite, le quatuor c'est aussi le groupe de quatre musiciens, qui doivent jouer ensemble, et donc adopter un parfait esprit de groupe. Enfin, le quatuor, c'est la partition même de ces morceaux caractéristiques de la musique d'ensemble. Ainsi, Quartet tourne autour de quatre musiciens et de leur parcours musical - et social - et des efforts qu'ils vont devoir faire, des problèmes auxquels ils vont être confrontés, pour arriver à un parfait esprit de groupe, tout cela afin de remporter un concours de musique (l'objectif final qui va servir en quelque sorte de prétexte au film). Akio Aiba (Yoshihiko Hakamada), fils d'un violoniste renommé, et violoniste lui-même très doué, revient à l'école de musique où il avait l'habitude de s'entraîner avec les trois autres membres du quatuor dont il faisait partie trois années auparavant. A cette époque, le quatuor avait participé à un concours, sur ordre de leur professeur de musique, mais ils n'avaient pu gagner les 3 millions de yens en jeu. Les membres du quatuor s'étaient alors fait la promesse de se retrouver 3 ans plus tard. Akio, devenu depuis un soliste confirmé au sein d'un petit orchestre à Tokyo, avait perdu de vue ses anciens amis musiciens. N'ayant pas autant de talent qu'Akio, Tomoko (Sakurai Sachiko) vit en accompagnant au violon un chanteur pop ringard, qui, en plus de "chanter", lui fait du harcèlement sexuel. Daisuke (Nao Omori), l'altiste de l'ensemble, enseigne quant à lui l'alto dans une petite école de musique, en tant qu'assistant ; mais alors qu'il s'attendait à obtenir un réel poste dans cette même école, le directeur le renvoie pour cause de "restructuration". Et Ai (Kaoru Kukita), la violoncelliste, est pour sa part restée à leur ancienne école de musique, et continue d'apprendre le violoncelle avec leur ancien professeur Aoyama (Miura Tomokazu). Son caractère assez renfermé donnent lieu à une faiblesse qui se ressent lorsqu'elle joue du violoncelle, ce qui lui vaut des reproches de la part du professeur. Comme l'orchestre dans lequel il joue vient à fusionner avec un autre, Akio le quitte pour aller à une audition, où il retrouve finalement les trois autres membres du quatuor, paumés tout comme lui. A partir de là, le film tournera autour du quatuor et de ses péripéties jusqu'au moment du concours final. Joe Hisaishi a précisé que ce film n'est pas vraiment autobiographique, mais que c'est son histoire. On en déduit effectivement que le parcours du cinéaste dans le domaine de la musique a pu se rapprocher assez sensiblement de ce qu'il présente ici sous la forme d'un film (même si sa carrière a plutôt été au départ celle d'un soliste). Cependant, le talent de Hisaishi derrière la caméra n'est pas le même que celui de Hisaishi derrière un piano. Certes, il a bien sûr aussi composé la bande originale de Quartet (absolument magnifique !), et le film est totalement imprégné de musique, mais les talents d'un compositeur (tout Hisaishi qu'il est) ne suffisent pas à faire un bon film (quoique, Joe Hisaishi s'est bien prêté au Petit Poucet de Dahan, devenant dans ce dernier le seul argument véritablement intéressant du film...). Pourtant, Quartet est plutôt bon, voire excellent par moments ! Rien que la scène - splendide ! - où les musiciens exécutent successivement le thème d'ouverture de Mon voisin Totoro, le thème de Hana-Bi et celui de Kids' Return (les trois musiques parmi les plus connues du compositeur au Japon) nous montre qu'en tournant son film Joe Hisaishi ne manquait pas d'idées (peut-être ne manquait-il pas non plus d'un peu de mégalomanie, lorsqu'il reprend ses propres musiques, mais on lui pardonne, puisque devenir le compositeur de l'hymne national des écoles maternelles du Japon n'est pas donné à tout le monde ^^). En effet, la métaphore (visuelle et musicale) de cette scène est de taille, puisqu'au moment où, à l'occasion d'une fête, les quatre musiciens, fatigués de jouer "en boucle" - et assis - le même morceau dans un camp de vacances où personne ne s'intéresse à eux, se lèvent, et commencent à jouer la musique de Totoro, tous les petits enfants tournent soudain la tête vers le quatuor, et l'écoutent avec attention (le morceau en question étant connu de tous les petits écoliers dans les écoles maternelles au Japon, il est naturel qu'ils le reconnaissent). Ensuite, la caméra recule, et offre une vision plus globale des vacanciers regardant un feu d'artifice, puis se tourne vers ledit feu d'artifice ; les musiciens enchaînent alors sur le thème de Hana-Bi (qui, rappelons-le, signifie feu d'artifice en japonais) - ce plan étant sans doute aussi magnifique que la scène finale du Hana-Bi de Kitano, et donc tout à fait digne d'un chef-d'oeuvre. Cette métaphore est absolument magnifique - peut-être aussi belle que celle de Tati dans Playtime, avec les lampadaires et le muguet ^^ - et sûrement la plus belle scène du film. Enfin, le quatuor passe de la musique de Hana-Bi à celle de Kids' Return, et l'on voit alors les musiciens jouer sur une estrade, entourés de lycéens en uniforme ; ici encore, l'allusion, moins subtile que la précédente, est appréciable. Une autre allusion qui ravira tout autant les fans du compositeur (et de ses deux principaux collaborateurs, Takeshi Kitano et Hayao Miyazaki) est la scène où les musiciens arrivent à pied dans la montagne, et entendent tout à coup un quintette d'instruments à vent interpréter le thème que Pazu joue à la trompette dans Laputa, le château dans le ciel (on regrette même que le morceau ne soit pas sur le CD de la BO de Quartet...). Toutefois, le film n'a pas que des qualités ; quelques petits défauts pointent aussi le bout de leur nez, notamment lors d'une scène où Akio, parlant avec les trois autres musiciens du quatuor, au comptoir d'un bar, se retrouve en conflit avec des "concurrents" (pour le concours de musique de chambre qui va avoir lieu), et les moqueries des musiciens rivaux font quelque peu cliché et gamin, dans le sens où l'on s'attendrait à voir ce genre de dialogues "conflictuels" dans des mangas ou des drama (séries TV japonaises), deux formes de narrations où le méchant est toujours battu par le gentil, et ravale ses moqueries du début... Hormis les quelques défauts de ce genre, et le fait que Joe Hisaishi se mette un peu (beaucoup) en avant dans le film et dans la musique (un peu de la même façon que Kitano se met en avant lorsqu'il interprète les rôles principaux de ses films), Quartet est avant tout une histoire de musique (le compositeur a longtemps hésité avant de faire un film, car il le voulait "musical" avant tout), et les instruments comme les partitions, les notes comme les cordes, sont maltraités et tiraillés tout au long du film (pour notre plaisir !), jusqu'à ce que perfection s'en suive. N'oublions tout de même pas que Joe Hisaishi, en plus de l'habitude qu'il a acquise dans le domaine de la mise en scène après avoir participé (comme spectateur) au tournage de plusieurs films de Kitano, a aussi bénéficié de l'influence du formidable cinéaste qu'est Hayao Miyazaki (aux dires du compositeur lui-même), et a aussi tiré parti de sa précédente (et première) expérience en tant que metteur en scène (pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympique de Nagano en 1998). Les acteurs offrent, pour leur part, des prestations plutôt réussies, et pas trop "surjouées" - ce qui pourtant est très souvent l'apanage des acteurs du milieu du drama au Japon. Ils ont de plus appris à jouer de leurs instruments durant les trois mois précédant le tournage du film, car Joe Hisaishi n'a pas choisi des musiciens pour interpréter les rôles de ses quatre personnages principaux : Sakurai Sachiko vient à l'origine du milieu du drama, Nao Omori et Yoshihiko Hakamada sont quant à eux des acteurs plus intégrés dans le milieu du cinéma, et n'avaient pas d'expérience musicale particulière. Quartet est donc l'oeuvre de tout un groupe de personnes autour d'une partition du maître Joe Hisaishi - "comme son titre l'indique", pourrait-on conclure. On ressort finalement de ce film tout à fait ravi, pour peu que l'on connaisse un peu les films de Kitano et de Miyazaki ; mais même sans cela, Quartet reste une oeuvre très honnête, et un très bel essai de la part d'un artiste qui, à l'origine, ne s'occupait pas vraiment d'images mais de musique. D'ailleurs, pas seulement en tant que compositeur pour le cinéma, mais désormais aussi en tant que réalisateur (même s'il a dit qu'il ne se destinait pas à tourner d'autres films), Joe Hisaishi nous montre formidablement bien l'importance du lien entre les images et la musique. (critique provenant de www.joehisaishi.net)

07 février 2003
par Kamiku


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