Déboulé peu de temps après la claque « Shiri j’ai agrandi la Corée », Purple Storm pompa allègrement le blockbuster venu du pays du matin calme en l’adaptant à la sauce HK. Les festifs khmers rouges succédèrent aux joyeux nord-coréens, GAM Gwok-Leung remplaça CHOI Min-Sik dans le rôle de l’ultranationaliste revanchard, hop, ça mitraille, un attentat avec une super bombe est en prévision, ça fight dur sur fond de pseudo questionnement identitaire... tout comme dans Shiri mais en moins bien.
Malgré les tentatives d’élévation de l’œuvre que sont ce personnage d’amnésique joué par Daniel Wu et quelques gunfights bien sentis, il est difficile d’accrocher à cette histoire foutraque. Non pas à cause d’une mise en scène limite de Teddy Chan ni en raison d’une BO trop décalée mais parce que le scénario éparpille trop les points de vue. Surtout, aucun des personnages n’arrive à être attachant. Le thriller n’est pas haletant, on n’a pas le temps, ma sœur allaite tant et je n’aurai pas le temps de visiter toute l’immensité d’un si grand univers. Emil CHOW Wah-Kin incarne un assez fade flic obstiné, quant à Joan Chen, auparavant remarquée pour sa prestation dans la série Twin Peaks, elle donne peu de profondeur à son personnage de psychiatre-hypnotiseuse. Ce pivot aurait dû être primordial pour les quelques rares ressorts dramatiques à peine esquissés. Le final s’éternisant à n’en plus finir, finissons-en là en s’étonnant du succès qu’eut ce film, dû sans doute à l’apparition de sa violence au milieu du vide cinématographique bourrin d’alors. Le fan de douille fumante trouva là sa p'tite dose revigorante de poudre.
L'histoire part sur des bases intéressantes ; des khmers rouges cherchant à rétablir leur régime par la voie du terrorisme, et là-dessus, l'histoire d'un terroriste qui perd la mémoire suite à un accident et dont la police profite pour tendre un piège au groupe terroriste. Finalement, le scénario monte toute une histoire avec un gas mortel, histoire de ne pas faire comme tout le monde et montrer la grande cruauté des terroriste qui veulent utiliser ce gas via les phénomènes météorologiques, tout cela monté à grand coups d'explications pseudo-scientifiques. On a aussi le droit a une petite histoire sur les différents états de conscience de l'être humain pour expliquer comment la police monte "inconsciemment" le terroriste contre son groupe. En outre, on peut voir que le coté psychologique du terroriste est bien représenté dans le film ; c'est d'ailleurs ce qui est le mieux fait, et cela en grande partie grâce à Daniel Wu qui est formidable dans ce rôle. Les autres personnages sont bien moins bons que lui ; le chef des terroristes se la joue "idéologique", mais un peu trop pour avoir assez de crédibilité, le transformant tout simplement en stéréotype du méchant idéologique. Quant à Emil Chow, il souffre d'un manque flagrant de profondeur dans son personnage.
Coté action, on remarque que les scènes de fusillades manque cruellement de crédibilité, ce qui est plutôt dommage dans un film qui essaye tant bien que mal de gérer un minimum de sérieux ; en effet, je suis toujours très choqué de voir des troupes d'élite rater un terroriste fixe et de dos à moins de trois mêtres, comme je suis choqué de voir 4 terroristes faire trépasser tout un commando sans la moindre perte (on se croirait dans 2009 : Lost Memories) ; et je ne parle pas du grand méchant qui meurt plusieurs fois afin de pouvoir prolonger le suspens jusqu'au bout (et donc rater la fin par cette stupidité). Sinon, les scènes de combat à main nues sont putôt sympas, énergique, mais malheureusement peu nombreuses par rapport aux fusillades ratées. Donc finalement, je suis assez décu de ce film ; malgré Daniel Wu qui joue très bien le dilemne psychologique de son personnage, le reste manque de crédibilité et de sérieux.
Sorti à l'automne 1999 à Hong-Kong, Purple Storm a connu un joli succès, malgré l'absence de grosse tête d'affiche au casting. On reconnaît quelques visages, mais personne de première catégorie (Daniel Wu débutait à l'époque). Le succès du film était donc a priori plus dû à ses qualités même qu'au nom sur l'affiche. Et bien effectivement, c'est un excellent film d'action.
En approchant les deux heures, il est plus long que la majorité des productions locales, plus proches des 90 minutes. Bien que ce soit un film d'action, les personnages sont suffisamment développés, et le scénario prend la peine de ménager quelques scènes plus calmes et plus profondes que ce qu'on attendrait au premier abord. Je ne dis pas non plus que c'est un chef d'oeuvre d'écriture. Mais pour un film d'action, spécialement Hong-Kongais, le scénario est très soigné, avec un personnage principal intéressant.
Après une première scène d'action assez explosive, le film devient beaucoup plus intéressant grâce au dilemne que doit résoudre Saw-Kit. Est-il vraiment un policier ? Est-il un terroriste ? Et que veut-il vraiment être ? Finalement outre cette première scène très mouvementée, Daniel Wu passe plus son temps à tenter de se trouver qu'à se battre. C'est déjà un bon point. Autour de lui, quatre personnages sont développés. Le flic, dans un rôle à la Danny Lee, simple et efficace. La psychologue, interprétée par Joan Chen, personnage là aussi assez simple. Son père, rôle déjà plus intéressant de Khmer aveuglé par sa révolution. Et enfin son ancienne coéquipière, autre tueuse impressionnante. Le pauvre Saw Kit se débat au milieu de tente de discerner le bien du mal, et doit choisir entre retourner à sa famille, mais redevenir un terroriste. La plupart des scènes de doute, de souvenir et de dilemne sont plutôt réussi pour un film de se genre, et on se prend à partager la souffrance du personnage.
Bon, ce n'est pas Rain Man non plus, ça castagne quand même pas mal. Et malgré sa durée et ses scènes calmes, le film est très bien rythmé et passe comme une lettre à la poste. Je n'ai pas décroché pendant deux heures. Les scènes d'action consistent essentiellement en des fusillades, et sont très très nerveuses, même si un peu fouillies parfois. Mais globablement, on n'est pas déçu et il y a souvent un intérêt dramatique dans ces passages.
Le reste est globalement de bonne facture : bonne musique, réalisation simple et efficace, qui se permet quelques effets de style lors des scènes de flash-back intérieur de Saw Kit, la photo est bonne, quelques effets spéciaux numériques de bonne qualité (d'autres loupés par contre...), le film a de la gueule. Il ne ressemble pas à une série Z tournée en trois semaines. La qualité globale satisfera même les novices, alors que les fans se satisferont du savoir faire lors des scènes d'action et du léger mélange des genres classique dans le cinéma de Hong-Kong.
Dans la famille "j'ai pas inventé la poudre mais je sais la faire parler correctement", bienvenue à Purple Storm, ersatz regardable du blockbuster high tech qui eut sa vogue à Hong Kong suite au succès du premier Mission: Impossible. Coté réalisation, un filmage blockbustérien sans trop de bavures mais anonyme. Coté photo, du légèrement bleuté attendu pour ce qui concerne un blockbuster. Musicalement, c'est du déjà entendu outre-atlantique meme si c'est bien plus supportable que les contrefaçons emphatiques zimmeriennes made in Korea. Pour ce qui est de filmer une scène d'action, Teddy Chen n'est ni un couturier imposant sa griffe comme le font To, Woo ou Tsui Hark, ni comme les réalisateurs coréens d'action un cinéaste qui tente d'en mettre plein la vue avec la réalisation ou le budget: il croit simplement aux vertus de la psychologie et d'un montage nerveux pour donner toute leur force aux scènes d'action. Où est la touche HK alors? Tout d'abord dans la multiplication de cadrages penchés pour signifier la perte de repères des personnages mais également dans quelques idées visuelles pas très heureuses: les flashs pour souligner le retour en arrière ou la déformation de l'écran qui s'étire lors de certaines scènes.
Mais surtout dans un scénario (plus écrit que la moyenne hongkongaise) qui privilégie la psychologie et quelques moments intimistes au grand spectacle la plupart du temps et distingue ainsi le film du tout venant coréen ou américain: la bonne idée du scénario est de faire se confronter les deux identités de Daniel Wu, celle d'indic que lui donne de force la psychiatre (les moments où sa nouvelle identité est forgée sont réussis) et son identité de terroriste endoctriné par les Khmers rouges qui lui revient petit à petit lors de sa mission et de faire de cette confrontation un catalyseur des changements psychologiques du personnage. Daniel Wu incarne avec talent un personnage complexe mais le reste du casting n'est pas autant en verve loin de là. On pourrait reprocher un développement psychologique inégal des autres personnages: si le personnage du policier a dans le film l'espace pour se développer, les personnages de la psychiatre et du terroriste khmer aveuglé par la révolution ne dépassent pas l'archétype et les dilemmes de la coéquipière de Daniel Wu auraient mérité plus de place dans le film. D'un autre coté, la multiplication des points de vue permet d'éviter de traiter au bulldozer la dimension politique du film. Globalement les dimensions action, intimisme et politiques sont traitées avec la meme attention et du coup on n'a pas l'impression comme dans Shiri de voir une juxtaposition de films différents mais un seul et meme film sans temps mort pendant ses près de deux heures. Tout juste quelques effets numériques ratés sont-ils à déplorer.
Purple Storm prouve ainsi que la spécificité d'un cinéma peut demeurer malgré une apparence de formatage. Qu'est-ce qui fait pourtant que le film s'oublie vite? Une direction d'acteurs globalement médiocre barrant au film la route de l'actioner correct.