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Princesse Chang Ping

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Anel 4
Xavier Chanoine 3.5 Un pur moment de grâce, mais un John Woo difficile à d'accès
Ghost Dog 2 Dwing dwing dwing dwing dwing pong
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Un pur moment de grâce, mais un John Woo difficile à d'accès

Avant de s'adonner aux polars classieux, John Woo baignait déjà dans le Wu xia et ici, le film opéra. Un style à des années lumières de celui qu'on lui connaît et suffisamment intéressant pour attirer toute personne curieuse dans l'âme n'ayant pas peur d'affronter pendant une heure quarante les histoires à l'eau de rose et de sang de deux tourtereaux marqués par la tournure que prend leur Empire. Car tout ce joyeux vacarme débute par une cérémonie d'épousailles interrompues par l'arrivée d'un clan adverse bien décidé à faire capituler l'Empereur, père de Chang Ping. Ne pouvant accepter que ses enfants puissent vivre dans le chaos, l'Empereur décide de leur donner la mort. Heureusement, la princesse Chang Ping survit de ses blessures et se fait alors enlever par un général et son fils qui projettent tous deux de la vendre plus tard afin de s'enrichir. Mise au courant, la princesse simule un suicide afin de se réfugier dans la montagne. Shih-Hsien, son promis, décide de mener sa petite enquête. L'on peut résumer ce film opéra à un vrai vaudeville teinté d'ambiances et de textures chinoises connaissant à cette époque un large succès. Oublions la comparaison/concurrence avec les films de la Shaw brothers, car hormis le joli travail réalisé par les décorateurs, n'ayant rien à envier aux meilleurs productions de Run Run Shaw, toute comparaison s'arrête à un stade purement visuel. Princesse Chang Ping c'est avant tout un film musical de part les voix extrêmement haut perchées des acteurs (tous issus du Young Phoenix Opera) et du ton employé particulièrement chantant.

Etant particulièrement friand des opéras chinois traditionnels, je savais à quoi m'attendre avant même de m'aventurer dans cet univers coloré et ostentatoire . Mais John Woo utilise suffisamment son talent de bon artisan de la mise en scène pour donner une certaine ampleur à son projet. Diriger pendant une heure quarante une troupe de comédiens (au sens propre du terme) pour le grand écran relève du défi dans la mesure où tout est "joué" comme au théâtre ou à l'opéra. Il ne faut donc pas voir son métrage en ayant au coin de sa tête l'idée de regarder un "film" à proprement parlé, mais plus un "spectacle", un "show" parfaitement ancré dans son époque et délibérément exagéré dans ses émotions. Il faut bien comprendre par là que chaque texte, parfaitement écrit, est chanté, nuancé et interprété par des petits génies de l'opéra. La performance, au-delà de l'aspect purement scénique, est à mettre à l'actif d'une vocale saisissante, mais contraignante voir particulièrement gênante pour le spectateur lambda 1) au cinéma Hongkongais et 2) aux opéras traditionnels. Saluons la beauté de certaines séquences, cadrées par un John Woo qui allait finalement atteindre son apogée dix ans plus tard. Le temps pour le cinéaste de nous raconter une histoire savoureuse, exigeante mais non dénuée de défauts, la faute à un premier quart d'heure délicat à appréhender. Si l'on réussit à passer "l'épreuve du premier quart d'heure", Princesse Chang Ping enchaîne les moments de grâce et les surprises, par l'intermédiaire de superbes plans et décors (l'extérieur du couvent dans les montagnes, le paradis) et d'une interprétation fidèle de l'opéra chinois traditionnel, qui aurait sonné encore plus juste si chanté et interprété en Mandarin. Une curiosité.



12 mai 2007
par Xavier Chanoine




Dwing dwing dwing dwing dwing pong

C’est en voyant - entre autres - Princesse Chang Ping que l’on se rend compte du fossé culturel qui sépare l’Orient de l’Occident. L’opéra chinois a beau comporter de jolis costumes et de jolis décors, la déclamation extravagante de ses acteurs sur des textes exigeants (voix très aiguë, insistance sur les voyelles), les cymbales ponctuant chaque fin de phrase et le manque chronique d’action, même signé John Woo, risquent de faire fuir plus d’un novice au bout du premier quart d’heure. Les plus téméraires et les fans du maître des fusillades s’accrocheront, eux, à comprendre pourquoi ce dernier a déclaré que ce film était son préféré de l’ère pré-1986, et remarqueront sans doute le nombre et l’ampleur conséquent des ballets (ballets utilisés plus tard dans des œuvres très violentes comme Hard Boiled) ainsi que la prédominance de thèmes familiers comme l’honneur, la trahison ou l’amour. Côté mise en scène, c’est encore un peu pataud ; les 2 personnages principaux, à savoir la princesse et l’époux princier, ne ressortent vraiment du lot qu’au bout de 30 minutes, et certains zooms avant apparaissent plutôt maladroits.

Sur les 95 minutes parfois pénibles de cet opéra filmé, on retiendra surtout la scène chantée sous la neige entre nos deux tourtereaux tentant de recoller les morceaux de leur passion, de loin l’instant le plus magique et le plus enthousiasmant. Pendant un bref moment, on se retrouve hypnotisé devant l’écran, comme devant un mélodrame indien ou égyptien plein de couleurs. Cette scène justifie à elle seule que l'on range ce film au rayon des curiosités…



19 janvier 2003
par Ghost Dog


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