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3.20/5
One Fine Spring Day
les avis de Cinemasie
2 critiques: 2.12/5
vos avis
13 critiques: 3.46/5
Doux Printemps
Un des ratages de One Fine Spring Day est une présence trop insistante de l'accordéon qui plombe certaines scènes du film. Mais pour le reste, sans égaler rayon "réussite mineure" Christmas in August, le film montre la capacité de Heo Jin Ho à se renouveler tout en imposant tranquillement son style. On pourrait en effet croire que l'usage du plan fixe correspond à un désir d'académisme festivalier. Parce que si la caméra est immobile, c'est qu'elle correspond parfaitement à la position du jeune couple au début du film. A la manière dont ils enregistrent le son de la nature, la caméra se fait enregistreuse de la réalité de leur amour naissant. C'est dans l'attention (à la nature, à l'autre) que leur passion se forge au rythme des légers changements printaniers du paysage. Et justement le film prouve que malgré des choix formels très différents de Christmas in August il existe une signature Heo Jin Ho: cette signature se trouve dans la capacité à capter l'impression de légèreté. Dans Christmas in August, ce captage se faisait par la façon de déplacer la caméra à la manière d'une douce brise. Ici, il se fait par le seul découpage des scènes: là où un Hou Hsiao Hsien étire les scènes jusqu'à plus soif pour rendre au spectateur le sentiment de l'irrémédiable disparition des choses, Heo Jin Ho coupe ses plans de façon abrupte qui surprend le spectateur. Il coupe juste assez pour que le spectateur garde une impression aérienne. Le mouvement arrive progressivement pour accompagner les grands changements suscités chez Sang Woo par la fin de sa passion. Le film offre également quelques moments poignants: ceux où Sang Woo enregistre des personnes agées en train de chanter qui recèlent une légère tristesse, le moment poignant où Sang Woo tourne son micro de la fanfare vers Eun Soo qui fredonne le meme air. Le film capte également très bien le moment d'une relation où ce qui avait fasciné chez l'autre (le coté frivole, superficiel, insouciant de Sang Woo à la légèreté synchrone de la nature) finit par devenir irritant et révélateur d'une certaine immaturité.
Le comportement d'Eun Soo peut paraitre peu vraisemblable vu de l'extérieur au vu du peu de probabilité de sa relation à déboucher sur quelque chose de sérieux. Mais cette relation lui aura permis de développer une attention et une sensibilité absentes chez lui au départ et dès lors il s'est retrouvé involontairement à investir beaucoup sentimentalement dans cette relation et meme à croire à sa possible durée. Du coup, c'est la passion qui prédominera d'abord sur la raison dans ses réactions à la rupture et ses réactions sont justement tout sauf celles d'un homme mur, ce sont plutot celles d'un adolescent attardé qui avait naivement cru au grand amour. Les retrouvailles finales toutes en regrets des anciens amoureux une fois que Sang Woo aura fait son deuil de son amour et muri seront alors d'autant plus touchantes. Quant au personnage de la grand-mère de Sang Woo, il est certes caricatural mais le jeu de l'actrice lui donne le coté poignant de certaines figures de personnes agées du cinéma japonais classique. A ce propos, le duo d'acteurs principaux est remarquable de nuance dans leur façon très retenue d'exprimer par de légers regards leurs petits enthousiasmes ou leurs tristesses et la douceur de leur jeu reflète l'attention à l'éveil de la nature des personnages qu'ils incarnent.
En confrontant le genre du film romantique à son propre regard d'auteur, Heo Jin Ho aura réussi un film restant au-dessus du tout-venant du cinéma commercial coréen du genre. Outre les petits défauts précédemment mentionnés, il manque au film d'être aussi souvent touché par la grâce que son précédent. Ce qui fait que le film ne laisse pas forcément une trace impérissable malgré ses qualités...
Une grosse déception
Il est évident qu'après la grande réussite que constituait Christmas in August, j'en attendais beaucoup de ce second film de Heo Jin-Ho(ou Hur Jin-Ho, comme on veut) mais hélas, on dirait que le succès lui est monté à la tête et il nous délivre ici ce que j'aime à appeler: "un pur film de festival". Autrement dit, de par ses choix, One fine Spring Day risque fort de ne plaire qu'à une poignée de cinéphiles assidus et de se rendre hermétique à un plus large public.
Déjà, la réalisation qu'Heo Jin-Ho a choisi est on ne peut plus austère car uniquement composée de plans fixes, à croire que le mot travelling a été rayé de son dictionnaire. On retrouve aussi beaucoup de scènes muettes, ce qui à la rigueur n'est pas gênant car Christmas In August et les films de Kitano utilisaient déjà cette riche facette du non-dit. Mais surtout, ce qui m'a exaspéré au plus haut point lors de la vision du film, c'est le fond. Dans Christmas In August, il y'avait toujours cette part de drame latent quant à la mort imminente du personnage principal et qui de fait, déteignait sur le sens des scènes; mais ici Sang Woo est un jeune homme d'environ 25 ans dont la psychologie et les caractéristiques sont à peine définies, pour tout dire le personnage est plutôt vide, sonne creux. Le sujet et le tournant du film que constituent la séparation et ses conséquences sonnent aussi très faux car la réaction du personnage est très disproportionnée par rapport à son âge car son union ne comportait que peu d'enjeux(si il avait été plus vieux, il y'aurait eu des enjeux affectifs, familiaux et financiers qui seraient entrés en ligne de compte et auraient rendu le film autrement plus intéressant) et on en viendrait presque à lui dire méchamment: "Bon maintenant t'arrêtes de prendre cet air de chien battu et tu vas te trouver une autre femme". Un personnage que j'ai trouvé très lourd est celui de la grand-mère qui est une sorte de projection de Sang Woo dans le futur si il n'arrive pas à oublier Eun Soo: c'est montré de façon très peu subtil et ça énerve au bout d'un moment.
Alors certes, One Fine Spring Day est loin d'être un mauvais film mais il véhicule une certaine idée de cinéma quelque peu "élististe" que je déteste, les vrais réussites venant de films qui savent allier subtilité des émotions et des sentiments humains avec une réalisation et un ton accessible, qui se soucie du spectateur. Si vous venez seulment de vous mettre au cinéma coréen, je ne saurais que trop vous déconseiller ce film.
24 février 2002
par
Alain
Ce film est une pure merveille !
Contrairement à ce qui a pu être dit, ce film est tout sauf élitiste ! Bien au contraire, je le trouve d'une simplicité et d'une sincérité rare, à la portée de quiconque ouvert d'esprit et sans a priori. C'est un film qui, malgré une réalisation très sobre, mais sans prétention, est captivant de bout en bout, grâce à des personnages incroyablement attachants, dont on ne sait presque rien, mais dont on devine presque tout...Toutes les situations sonnent justes, et surtout, l'interprétation est parfaite :
Lee Yeong Ae et
Yoo Ji Tae incarnent un couple dont l' alchimie fonctionne à merveille !
Rarement la relation amoureuse, sa complexité, n'a été aussi bien traitée, avec autant de délicatesse, de sincérité et de justesse...
C'est un film bouleversant, dont chaque seconde est passionnante, et qui marque profondément...
Beau film qui suscite cependant des réactions contradictoires
Selon le site koreanfilm (critique de April Snow), Hur Jin-Ho aurait confié lors d'une conférence de presse sur One Fine Spring Day que les femmes coréennes n'accorderaient plus assez d'intérêt à l'idée de fonder une famille - de quoi s'énerver, effectivement, de voir un homme donner des leçons, du haut de sa position de privilégié vis-à-vis des implications de ce challenge. Ne voir en One Fine Spring Day qu'un plaidoyer réactionnaire serait cependant aller vite en besogne, surtout après la vision de son plus récent April Snow, une oeuvre assez osée.
Avec One Fine Spring Day, Hur Jin-Ho montre justement qu'il est un fin psychologue. Derrière la froideur apparente du personnage féminin et l'immaturité / possessivité du personnage masculin, le cinéaste montre des aspects assez vraies de ce qu'on pourrait appeler les nouvelles modalités des relations h/f du monde moderne : peur de s'engager de la femme trentenaire, urgence de s'engager de l'homme qui croit avoir trouvé le grand amour, réactions de l'un et de l'autre à la rupture... Toute cette incompréhension ou plutôt ce décalage entre les deux sexes sonne très juste : les aspirations peuvent être globalement les mêmes mais ne pas arriver en même temps, il est arrivé au mauvais moment dans sa vie à elle. D'un point de vue féminin, le personnage de Yu Ji-Tae est proprement exaspérant et sa réaction tout à fait odieuse. C'est pourtant le point de vue de ce mec lourd qui est adopté, et c'est peut-être ce qui rend le film poignant et intéressant : sa vulnérabilité et son insécurité profonde se dévoilent. Avec le peu que l'on sait sur elle, on peut éventuellement penser la même chose de l'attitude de sa partenaire. Cela dit, comme le soulevait Alain, il aurait peut-être été plus crédible de prendre un acteur plus âgé pour interpréter l'homme.
Cinématographiquement, le style de Hur Jin-Ho toujours aussi dépouillé, peut-être un peu trop cette fois. Il manque un petit quelque chose pour faire de One Fine Spring Day un "très beau" film, comme l'étaient Christmas in August et April Snow. Peut-être est-ce en accord avec le sujet de One Fine Spring Day, qui raconte, après tout, la fin d'une passion. On retiendra néanmoins les belles prestations de Lee Young-Ae et Yu Ji-Tae.
un beau jour
On se demande bien comment le scénario, bien écrit mais minimaliste et sans grande surprise (ce qui ne nous dérange pas plus que ça), peut tenir la longueur sur presque deux heures... mais ça passe étonnamment. Faut dire que le couple
Yu Ji-Tae /
Lee Young-Ae fonctionne particulièrement bien, et que le tout est mise en scène avec une belle sobriété, de la distance et du tact, voir même il faut le reconnaitre un certain bon goût.
22 janvier 2008
par
Epikt
Comme le son, une relation amoureuse peut "émettre des ondes" qui semblent être audibles seulement pour certains, notamment pour ceux qui cultivent leurs mémoires ou souvenirs!
Sinon, on peut dire que les cinéastes coréens comme Heo Jin-Ho ont un goût très marqué pour les scènes "qui contiennent de l'alcool"...C'est pourquoi Hong Sang-soo ("La femme est l'avenir de l'homme","Turning gate",etc.) n'est pas le seul à être ivre d'amour et à s'en jeter un derrière la cravate pendant le tournage là bas!!!