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La Vie d'Oharu femme galante

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.95/5

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13 critiques: 4.15/5



Xavier Chanoine 3 Femme à louer
Tenebres83 3.75
Ordell Robbie 4.75 A sublimer un scénario de plomb le génie (de MIZOGUCHI) suffit.
Ghost Dog 4.25 Ce qui ne te tue pas te rend plus faible
drélium 4 Très solide mais un poil too much.
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Femme à louer

"D'abord l'âge. Entre 15 et 18 ans. Le visage rond, les yeux largement ouverts et écartés. Les sourcils épais, le nez droit, la bouche bien dessinée, les dents blanches. Les oreilles longues et peu ourlées. Les cheveux bien plantés sur le front, le cou dégagé. Les doigts longs et fins, les ongles étroits. Les pieds seront petits et cambrés. Elle aura la taille longue et mince, les flancs aussi. Les fesses charnues, tout en étant élégante et bien proportionnée. Douce, réservée, sans aucun grain de beauté sur le corps."

C'est ainsi qu'est recrutée Oharu, femme galante et humiliée sur une vingtaine d'années, portrait terrifiant de la condition de la femme réalisé par Mizoguchi, qui n'oublie pas les qualités de son cinéma notamment lors d'un formidable jeu d'ombre où un chat arrache une partie des cheveux d'une courtisane. Il y a ceci dit un énorme paradoxe puisqu'à l'origine Oharu se nomme "O Haru" et le "O" signifie un profond respect ("kasan" veut dire maman, "Okasan" voudrait dire mère), hors "O Haru" ne sera pour ainsi dire jamais réellement respectée, sauf par quelques femmes au grand coeur. Le récit est touchant quoi que souvent délicat du fait des longueurs et des plans séquences typiques du cinéaste.

28 mai 2007
par Xavier Chanoine




Ce qui ne te tue pas te rend plus faible

Les œuvres de Mizoguchi ont toujours une dimension sociale et humaniste stupéfiante, et celui-là ne déroge pas à la règle. En racontant la vie d’Oharu, jeune femme de bonne famille vivant à l’époque des Shogun, il brosse un portrait sans complaisance d’une société profondément machiste, violente et injuste, basée sur un système de caste et bardée de tabous et de codes d’honneur étouffants, une vision vraiment à l’opposé de celle renvoyée par Kurosawa au travers de ses films de samouraïs flamboyants ; en témoigne le petit rôle d’amant maudit incarné par un certain Mifune Toshiro au début du film, qui se fait décapiter pour avoir osé séduire une femme de rang plus élevé que le sien… L’histoire d’origine dont s’est inspiré Mizoguchi se centrait sur une femme de petite vertu qui était tombée dans la prostitution et à qui ça ne déplaisait pas. Ce dernier en a volontairement durci le trait et le destin afin de rendre le scénario bien plus tragique et sans espoir, un peu à la manière de la Justine de Sade, femme ballottée au gré des fantasmes masculins et de leur pouvoir qui rendit sa vie un véritable enfer.

La mise en scène est une nouvelle fois exemplaire, magnifiant les situations et les acteurs. La scène la plus belle est sans conteste celle où Oharu tente d’approcher le cortège au milieu duquel se trouve son fils d’une vingtaine d’années, le nouveau Shogun, qu’elle n’a jamais pu élever puisque ayant servie de mère porteuse à son insu. Il faut voir la joie mêlée de chagrin accompagnant les pas et le regard d’Oharu, et l’hésitation des gardes qui ont reçu pour consigne de la laisser à distance raisonnable de son fils étant donné sa vie de « débauchée ».

Le seul petit reproche à faire se situe au niveau du casting : au début du film, Oharu est censée avoir entre 15 et 18 ans, or Tanaka Kinuyo en avait 40 à l’époque du tournage… Et malgré le fait qu’il n’y ait pas de gros plans, ce n’est quand même pas très crédible. Mais cela n’enlève rien à la puissance d’une œuvre réellement majestueuse.



06 mars 2004
par Ghost Dog


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