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Night and Fog

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 2.5/5

vos avis

5 critiques: 2.3/5



Xavier Chanoine 3.5 Barking dogs always bite
Elise 1.5 Film globalement raté
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Barking dogs always bite

Fait divers secouant, Ann Hui continue dans sa veine réalisme social en numérique et évoque ici le portrait d’un couple ruiné par l’amour et la folie du mari, interprété par un Simon Yam qui tient un rôle de personnage dangereux et épouvantable. Il faut bien remonter à ses rôles odieux qu’il interprétait durant l’âge d’or de la catégorie III hongkongaise pour retrouver pareil personnage, ici d’autant plus ambigüe qu’il peut procurer au spectateur à la fois un sentiment d’empathie et de dégoût. Tour à tour amoureux au grand cœur (qui ira jusqu’à retaper la maison de ses beaux parents) et mari brutal voir douteux vis-à-vis de la relation qu’il entretient avec ses jeunes filles, Simon Yam étonne par son registre outrancier caractéristique du côté bipolaire de l’homme qu’il interprète. Face à lui, une Zhang Jingchu éprouvée et tenace, cette dernière ne sachant jamais sur quel pied danser, la faute peut-être à cet amour aveugle d’une jeune fille de campagne pour l’homme de la ville, cet Hongkong synonyme de réussite, si proche mais pourtant loin de la Chine continentale.

Le film dresse un intéressant état des lieux du Hongkong d’aujourd’hui, bien avant Edmond Pang et son trop rapidement surestimé pamphlet gore Dream Home, surestimé parce que faisant renaître la catégorie III à l’ancienne de ses cendres, cette même catégorie où gratuité rimait avec perversion et discours social plus ou moins tenu : pas de chance, Ann Hui a déjà rallumé la flamme avec certes moins de style, sans toutefois atteindre le côté m’as-tu-vu un peu lourd de son compatriote doué. Night and Fog est justement intéressant pour ses maladresses et son étrange poésie naïve : les séquences à la campagne pourraient être piquées dans n’importe quel sitcom local, Ann Hui s’en sert pour confronter aussi bien le regard nostalgique des lieux (l’achat de la télévision, le départ pour Hongkong) et le rêve qui prendra une tournure cauchemardesque à mesure que leur relation prend forme, que leur mariage approche : d’abord un Simon Yam qui commence à montrer une facette de personnage impulsif et dangereux, puis cette attirance pour le sexe opposé sans impunité aucune (les attouchements ni vus ni connus sur la sœur de la jeune mariée lors de leur fête de mariage). L’ascension peu à peu du personnage de Simon Yam vers la folie est bien mise en scène par Ann Hui qui recourt ici à une certaine forme de lenteur, d’horreur contenue, de sourdine et de ralentis propres à l’idée de malaise. Certes, peu d’autres éléments viendront expliquer le changement de personnalité du personnage de Simon Yam –et c’est bien dommage, mais l’effet ou plutôt la mise en scène de cette dégringolade est réussie, voir tétanisante. Tout comme le malaise que l’on peut ressentir face au personnage de Zhang Jingchu qui tient malgré toujours à celui qui l’a mise à la porte, elle et ses enfants.

En parallèle, les témoignages des proches et moins proches des victimes –on sait dès le départ que le film va se termine dans un bain de sang- ne sont pas balancés au hasard, comme on peut lire plus haut sur cette page. Les témoignages permettent au film déconstruit de se reconstruire, de comprendre l’acte terminal du mari, la mise à mort du couple : en soit, les témoignages n’apportent factuellement rien de concret, ils permettent simplement au film de se relancer, au récit d’évoluer, un moyen comme un autre de mettre en place, non pas des flashbacks, mais bien l’histoire de cette famille rongée par une certaine forme de misère sociale. C’est peut-être bien ça l’élément déclencheur des perturbations, en fait bien évoqué par la cinéaste, moins survolé que dans Dream Home. Il y a donc de belles choses et de moins bonnes dans Night and Fog, comme ce sens du cadre toujours évident chez Ann Hui, ses images foudroyantes : la « gueule » de Simon Yam grimaçant en gros plan le rabaissant au rang de chien battu enragé –l’ironie, c’est qu’il a lui-même battu à mort un chien qui n’a rien demandé, le bain de sang final filmé au ralenti comme pour symboliser la violence de la scène qui laisse sans voix. Assez marquant, Night and Fog est le genre de projet casse-gueule symbolisant le caractère assez singulier et passionnant de la cinéaste. Reste qu’elle officiera peu après dans le cinéma plus commercial avec All About Love et son duo de femmes bisexuelles fraîchement mariées.



27 mai 2011
par Xavier Chanoine




Film globalement raté

Il est extrèmement dommage qu'un sujet aussi sérieux soit traité de manière aussi tâche. Le film étudie les événements qui ont mené au massacre d'une famille par le père et la passivité générale de l'entourage ; tout cela, en mêlant flashbacks et scènes d'intérrogatoire, sans vraiment faire de liens entre chaque. Si certains flashbacks viennent pour illustrer les interrogatoires, d'autres sont jetés gratuitement dans la mélée, à telle point qu'on se demande pourquoi subitement, on voit des images de la campagne chinoise alors que tout le film se situe à Hong Kong. On apprend finalement que la fille est une immigrée chinoise, qu'elle s'est mariée avec un Hong-Kongais et qu'au fil du temps, celui-ci est devenu de plus en plus aggressif, au point de tuer sa famille. Et on nous balance entre divers sujets sans vraiment être sûrs de l'objectif réel de la réalisatrice. Est-ce qu'elle accuse la mentalité de la ville, les oreilles bouchées des policiers face aux continentaux, la passivité de l'entourage qui savait tout, ou une banale histoire de famille ? Voire tout en même temps ? Finalement, le scénario est un gloubi-boulga de tout cela, lors duquel ressortent deux scènes clés, qui le sont plus par leur complète idiotie formelle que par le discours auquel elles renvoient. Tout d'abord, l'horrible grimace de Simon Yam sur le pont qui n'a strictement rien à faire dans l'histoire (mais qui aura beaucoup fait rire), et ensuite ce désastreux ralenti totalement inutile alors que tout le film avait jusque là fuit ce genre de procédé dégoûtant. Ajouter à cela une direction d'acteurs déplorable, et Night and Fog est finalement la trahison d'un sujet qui méritait bien plus de sérieux de la part d'une réalisatrice engagée.

08 février 2010
par Elise


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