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My Heart Is That Eternal Rose

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.4/5

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20 critiques: 3.71/5



Xavier Chanoine 3.5 Un polar visuellement soigné, classique mais indémodable
Ordell Robbie 3 Casting et charme d'époque compensent poncifs et effets de style clinquants.
Aurélien 3.75
Arno Ching-wan 3.25 On va se boire un verre au 88 ?
Anel 3.5
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Un polar visuellement soigné, classique mais indémodable

My Heart is that Eternal Rose confirme la belle polyvalence des polars HK d'époque. Si John Woo n'a pas encore atteint la superbe d'un The Killer pour son romantisme, Patrick Tam marche déjà sur ses plates bandes en confectionnant une histoire sur des retrouvailles épiques entre deux tourtereaux six ans après la mort accidentelle d'un policier. Toute l'essence du cinéma romanesque de John Woo est là, Patrick Tam usant d'artifices visuels et sonores sentant bon le miel, et privilégie les rapports humains très forts autour des personnages de Kenny Bee, Joey Wong et Tony Leung CW, formant une bande que n'aurait pas renié une fois de plus John Woo pour ses films plus masculins, Just Heroes en tête. La comparaison s'arrête là puisque My Heart is that Eternal Rose est un métrage tout sauf sexiste, Joey Wong étant l'une des vedettes d'HongKong de l'époque, ici particulièrement bien employée dans son rôle de femme hésitante aux côtés d'un Kenny Bee charismatique (l'alter ego d'un Danny Lee de la belle époque polar) et d'un Tony Leung CW à la gueule d'ange. Ce dernier n'atteint pas la superbe qu'on lui connaît depuis plusieurs années, mais son rôle à contre emploie lui vaut quelques honneurs bien mérités.

A la fois polar stylisé et ballade romanesque, Patrick Tam soigne tous les aspects de son oeuvre : à la fois nostalgique et rappelant les belles heures de la jeunesse avec son introduction rock'n roll affirmée, ses combats de lancés de choppes de bière, ses paries d'argent et son ton plus grave au fur et à mesure que le film avance, toute l'essence du polar -mainstream- est là. La plus-value concerne en revanche son visuel particulièrement travaillé, et l'on doit sa belle réussite technique à Christopher Doyle aussi inspiré que "débutant" dans le milieu. Les film propose d'ailleurs trois tons bien différents : la photographie très lumineuse du premier quart d'heure laisse place à de l'expérimentation pure et simple de la couleur (dominante bleu et rouge) pour finalement tomber dans la simplicité lors des scènes d'action coordonnées avec David Chung, où la caméra semble éviter la recherche formelle pour s'attarder sur l'action brute. Les gunfights n'atteignent pas la superbe d'un John Woo de la même époque mais sont suffisamment nerveux pour combler les amateurs de genre, Patrick Tam n'hésitant pas non plus à verser dans le gore, Tony Leung s'en souviendra encore au cours d'une séquence de torture bien gratinée. My Heart is that Eternal Rose n'a peut-être pas une personnalité très affirmée mais démontre combien le polar HK de la fin des années 80 avait une certaine valeur intrinsèque, et si Patrick Tam mettra presque 20 ans à revenir sur le devant de la scène, il possédait peut-être à cette époque l'un des polars romantiques les plus intéressants qui soit. Joey Wong au micro, aurait presque les faux airs inoubliables d'une Sally Yeh de The Killer...

26 novembre 2007
par Xavier Chanoine




On va se boire un verre au 88 ?

Le 88, ça pourrait être le nom d'une boîte de nuit, d'un café, d'un ciné. Là, c'est une date, 1988, celle de ce film daté au carbone 14. La nouvelle vague s'intensifie déjà bien comme il faut avant de pétarader dans les 90's, en sachant qu'elle va s'applatir comme une merde après la rétrocession. Ca n'était pas une vue de l'esprit. Preuve en est qu'aujourd'hui Tsui Hark rejoint Dante Lam et Chen Kaige pour nourrir l'effort de guerre chinois et "célébrer" la bataille du réservoir de Chosin (ah tiens, j'ai vomi). Désormais, les blockbuster "mainland" défilent à la vitesse d'une mitrailleuse en action. Un film, une balle, sans romantisme aucun ni vent dans les cheveux (y'a des casques) ni même autre grand sentiment que celui nécessitant le drapeau rouge pour essuyer ses larmes. Ca défouraille et ça pleure aussi dans My Heart is That Eternal Rose, mais pour Joey Wong, sacré nom ! Pas pour cet uniforme pourtant rejetté par Tsui Hark dans ABT3 ! L'égérie Joy Wong, elle, traverse le film tel un fantasme - un fantôme. Elle chante, rend les hommes fous et fait tourner le monde. 

Si la trame en elle-même est des plus classiques, le personnage joué par Tony Leung CW l'est beaucoup moins. Electron libre au milieu de personnages stéréotypés, il nuance le propos, les points de vue et tendrait même à faire tourner le monde comme ça plutôt que comme ça. Il apporte un vent de fraîcheur à un cahier des charges certes agréable, mais convenu. Sa scène du baiser est désarmante au possible. 

Le traitement est globalement carré et très beau. Les plans que nous offrent le BR Spectrum valent le détour. Surtout ceux autour du bad guy, c'est surprenant. Chacune de ses apparitions fait preuve d'une imagination notable. BR qui a la bonne idée, aussi, de nous proposer le doc In The Mood for Doyle dans ses bonus. Cette sortie coincide joliment avec la ressortie technique de In The Mood for Love au ciné (pasque Christopher Doyle, tout ça). Je disgresse : je reste fasciné par cette scène de danse joyeuse non utilisée dans ITMFL parce que, justement, elle l'était trop (https://www.youtube.com/watch?v=szvRRy8Lkz4). On a un vrai sujet de film, là : celui d'acteurs riant et s'éclatant dans la vraie vie entre deux scènes de film mélancoliques et belles, mais peut-être un poil trop tristounes à l'usure.

01 août 2021
par Arno Ching-wan


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