Alain | 2 | Bonne réal mais pas convaincant pour le reste |
Les coréens raffolent décidément bien des drames et le genre est mis à toutes les sauces. Dans le cas présent, c'est à un bon vieux film en costumes(début du vingtième siècle) auquel on a droit. Le hic, c'est que le bilan est plutôt mitigé. La cause est due à des petits défauts mineurs mais qui mis bout à bout se révèlent assez nuisibles au film.
La première chose est que dès le générique, on a droit au beau thème du film mais on déchante très vite quand on se rend compte qu'on va devoir se le taper toutes les trois minutes(et je n'exagère pas, c'est vraiment ça) ce qui fait qu'au bout du compte, on aurait presque envie de couper le son. Un autre détail aussi est la modernité des décors: autrement dit, ils sont beaucoup trop neufs, trop clean, trop brillant pour un film sensé être d'époque(cette remarque est aussi valable pour les vêtements qu'on dirait tout droit sorti du département couture).Bae Chang-Ho aurait du faire comme Christophe Gans sur Crying Freeman(la scène finale dans la forêt) et trouver un moyen d'user les décors car tel quel, cela donne vraiment un côté artificiel au film. Maintenant dans un autre domaine (et même si je ne remets pas en cause la qualité du jeu de la femme de Bae Chnag-Ho qui houe le rôle principal), c'est que le personnage de l'héroïne du film est quelque peu sous-écrit dans le sens qu'il y'a des caractéristiques psychologiques qui manquent et qui font que le personnage manque cruellement d'épaisseur ou de réelle personnalité, une donnée qui n'est pas justifié par le scénario(contrairement au rôle de sainte rédemptrice, voire d'ange de Cecilia Cheung dans Failan), pour tout dire, on dirait presque qu'il s'agit d'un personnage secondaire. Tant qu'à parler des personnages secondaires, on pourrait remettre aussi en cause la construction en épisodes(l'adolescence, le potier, la femme et son bébé, le présent) qui est quelque peu vaine car cela casse toute ligne directrice du récit et cela fait quelque peu ressembler le film à une série télé.
Maintenant, si il est une qualité indiscutable qu'on peut trouver à My Heart, c'est incontestablement la réalisation de Bae Chang-Ho qui joue habilement avec la dispostion des lieux(que ce soit en intérieur ou en extérieur) et cette direction artistique absolument parfaite(hormis la question des décors). Et évidemment, on retrouve ces mouvements de grue qu'il perfectionnera encore plus dans Le dernier témoin et signe ici l'un des plus beaux plans du cinéma coréen lorsque l'héroïne et le potier traverse les plaines montagneuses en chantant le thème du film et le cadrage qui part d'un plan moyen pour finir sur un superbe paysage où nos deux protagonistes apparaissent comme des fourmis au milieu de l'immensité de la campagne(c'est d'ailleurs ce plan qui sera ré-utilisé pour l'affiche du film). En fin de compte, ce film serait plutôt à réserver aux curieux qui ont adoré Le dernier témoin car My Heart révèle bien des aspects du cinéma de Bae Chang-Ho.