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The Masseur

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 2.75/5

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3 critiques: 2.25/5

visiteurnote
Illitch Dillinger 3
Bastian Meiresonne 2.25
jeremiebarilone 1.5


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Departure

Premier long de Brillante Mendoza, le film s'apprécie d'autant mieux avec le recul et la formidable trajectoire empruntée par le réalisateur depuis. Un exercice de style pas forcément réussi, mais qui colporte déjà tous les prémisses de sa future œuvre à venir tout en rendant un profond hommage au classique cinéma philippin de sa jeunesse – celui de Lino Brocka.
 
Avant de s'attaquer à la critique du film, il faut savoir que Mendoza avait déjà une longue carrière de décorateur et consultant artistique sur toute une flopée de titres (dont certains plus ou moins érotiques) depuis les années 1980 avant de devenir l'un des publicitaires parmi les plus réputés et appréciés de son pays, à l'esthétique particulièrement travaillée. Le travail à la camera numérique (l'un des seuls moyens de parvenir à financer un film indépendant dans l'actuelle industrie cinématographique philippine) et avec de la lumière naturelle devait donc être une véritable gageure pour l'homme et l'artiste.
 
C'est également au cours de sa carrière publicitaire, qu'il vient à travailler avec Coco Martin, ex-mannequin et jeune premier dans ce film et qui va rapidement s'imposer comme l'un des plus célèbres acteurs de l'actuelle scène indépendante philippine en apparaissant également dans les films de Neal "Buboy" Tan (Casked for hire), Rayhan Carlos (Pi7ong tagpo) ou encore Francis Xavier Pasion (Jay). Il va également devenir l'un des acteurs fétiches pour son mentor Mendoza, qui l'emploiera encore dans ses futurs "Summer Heat", "Slingshot", "Serbis" et – bien sûr – le primé "Kinatay", marquant également le début du rassemblement de Mendoza d'une véritable "clique" d'acteurs (comme de techniciens) autour de lui, permettant de tourner plus rapidement ses films.
 
"Le masseur" est déjà caractéristique de sa future façon de faire en ayant été tourné en moins d'une semaine, mais après des mois de préparation (notamment pour saisir au plus précis la vie et le travail dans les fameux "salons de massage" et en interviewant de nombreux hommes y travaillant) et des longues séances de répétition avec l'ensemble des acteurs.
Le résultat s'en ressent, l'ensemble du casting s'adonnant avec naturel aux séances de massage aux techniques parfaitement respectées et aux dialogues parlant de tout et de rien…
 
Ce n'est pas pour autant une plongée hyper documentée dans le milieu des salons de massage, comme le seront plus tard les immersions dans la vie des habitants des bidonvilles de "John John" ou "Slingshot"; en fait, Mendoza met en parallèle al rencontre du personnage principal avec un auteur de romans à l'eau de rose le temps d'une séance de massage le temps d'une après-midi et l'enterrement quelques jours plus tard du père du jeune héros. Ce montage en parallèle donne lieu à des moments cocasses, comme le déshabillage du client, tandis que le cadavre du père se fait habiller ou les pleurs de l'assemblée de femmes à l'enterrement, qui envahissent les étroites couchettes du salon de massage.
 
Pour quiconque qui connaisse un tant que ce soit peu les Philippines, la relation entre ces deux états de faits évoque tout de suite celui de l'énorme paradoxe qui existe entre l'ultra conservatisme religieux (85 % des philippins sont des fervents adeptes du catholicisme depuis leur conversion par des missionnaires européens depuis le 15e siècle !) et la relative libération sexuelle ou du moins le seuil de tolérance qui existe envers des thèmes pas très "catholiques" telle que l'homosexualité. On pourrait également y voir une sorte de dénonciation pour le "coût élevé", qu'exige une bonne pratique avec la présentation d'un enterrement, qui coûte extrêmement cher, surtout pour des habitants pauvres et qui sera finalement en partie financé grâce à l'argent gagné par la prostitution…En revanche, le parallèle est assez maladroitement esquissé et demeure assez sombre jusqu'à sa conclusion quelconque…
 
Le thème aborde également d'autres hèmes sans jamais vraiment s'y attarder, telle que l'éternelle figure matriarcale au sein de la société philippine avec cette mère, qui a accepté de recueillir son ancien mari, qui l'avait pourtant quitté quelques années plus tôt pour sombrer dans l'alcoolisme; ou cette relation tacite entre le père absent et son fils à la vie ratée…Fils, qui va découvrir un peu plus sur la véritable nature de son père dans un ultime rebondissement simple, mais fort touchant; mais là encore, Mendoza passe un peu à côté de son sujet, notamment par une mise en scène encore assez maladroite, qui ne rend pas justice à l'extraordinaire performance de ses acteurs.
 
En revanche, tout y est déjà dans ce premier film embryonnaire en ce qui concerne le futur cinéma de Mendoza: une historie simple de gens ordinaires captée avec beaucoup de naturalisme sur une courte durée donnée et qui en apprend beaucoup sur l'actuelle société philippine. Un long-métrage dans la pure tradition du lus grand réalisateur des Philippines, Lino Brocka, auquel Mendoza rend un grand hommage en reprenant pas mal d'éléments de l'un des meilleurs films de son mentor, "Macho Dancer", où apparaissait déjà l'acteur Allan Paule (Alfredo / Marina Hidalgo dans ce film) et le personnage de la "madre", de l'intendant du salon ressemblant comme deux gouttes d'eau à celui de "Macho Dancer"; sans parler évidemment des scénarii fort identiques avec – dans les deux cas – un jeune homme de la campagne intégrant un salon de massage.
 
Pour terminer, juste une toute petite remarque: la plupart des "masseurs" ne sont pas gays, mais poursuivent une vie hétérosexuelle en-dehors de leurs horaires de travail; ce sont donc des simples "ouvriers" au service de leurs clients, qui savent, pour la plupart, que leurs "prestataires" sont hétéros. Un état de fait, que Mendoza aime généralement préciser lors des présentations à un public occidental de son film.


17 juin 2009
par Bastian Meiresonne


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