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3.52/5
Le Couvent de la bête sacrée
les avis de Cinemasie
4 critiques: 3.75/5
vos avis
17 critiques: 3.68/5
Une claque !
Un esthétisme sans faille, une image 70's superbe qui n'a pas vieilli d'un iota, une belle réussite de Norifumi Suzuki qui va au delà du simple film d'exploitation bête et méchant.
Le cadre, un couvent de nonnes à priori interdit aux hommes (et quelques escapades en boîte de nuit délurée), une jeune femme parfaitement émancipée y entre pour découvrir le secret de la mort de sa mère. Elle y découvrira avec nous, des pratiques lesbiennes, des abus de pouvoir et sexuels, des tortures (au fouet principalement), du sadisme, du masochisme et de superbes japonaises qui cachent (pas pour longtemps) de non moins superbes poitrines dénudées, une galerie de nonnes qui ont toutes beaucoup à cacher et qui se révèlent bien moins coincées que l'on ne le pense...
Direct, hautement insolent et blasphématoire pour tout bon catholique fervent qui se respecte, "Le Couvent..." n'est jamais vulgaire, il est même d'une beauté ahurissante, Norifumi installant une ambiance surréaliste entre gothique et baroque qui se mêle à merveille à l'esthétisme érotique plus traditionnel du genre : beauté, sainteté, chasteté et perversité, tout un programme. Je suis tombé sous le charme définitivement, en particulier de notre héroïne et sa compagne de galère toutes deux immensément belles et charismatiques.
Une qualité générale et un esthétisme propre à l'exploitation japonaise sans commune mesure avec les réalisations européennes du même genre et un supplément de mysticisme et de psychologie des personnages qui en font une réussite majeure de l'exploitation.
Merci Monsieur Dionnet...
Après une dernière journée passée à croquer à pleines dents dans les plaisirs de l’existence, Takigawa Maya entre dans les ordres et intègre un couvent de bonnes sœurs dans lequel règnent discipline et foi, mais aussi perversions et cruauté (quand il s’agit de redresser la route de brebis égarées loin du droit chemin). Entre une mère supérieure tortionnaire et un révérend lubrique, les obstacles sont nombreux pour Maya qui est bien décidée à élucider le mystère de ses origines troubles qui, semble-t-il, prend racines dans ce couvent de jeunes filles…
Dans la pure tradition du Roman-Porno 70s de la Nikkatsu (même si il s’agit d’un des rares films du genre produits par la Toei) Le Couvent de la Bête Sacrée de Suzuki Norifumi se propose de montrer le plus grand nombre de scènes de nu possible, en une heure et demi d’enquêtes dans un univers plus ou moins interlope. Bien sûr le film reste conforme aux règles d’éthique fixées par l’Eirin (l’organisme de censure japonais pour le cinéma) c'est-à-dire qu’on n’y voit n’y pilosités pubiennes, ni parties génitales et encore moins de scènes de pénétration (rappelons que la seule exception à ce règlement, l’Empire des Sens de Oshima Nagisa est considéré comme un film étranger au Japon). Ces contraintes amènent donc souvent les réalisateurs de films érotiques à compenser l’absence de scènes « hardcore » par une large exploration d’un grand nombre de perversions, notamment sado-masochistes (comme on peut le voir par exemple chez Ishii Teruo dont les films n’ont parfois rien à envier au plus trash de Miike Takashi ce qu’on a tendance à oublier quand il s’agit de vilipender l’« extrémisme » du cinéma de ce dernier). Ainsi Le Couvent de la Bête Sacrée contient son lot de viols, de lesbianisme ou encore de scènes de flagellation, soit autant de passages obligés des films de « nun-exploitation ».
Pour parvenir à ses fins, Maya (interprétée avec talent par la sublime Tagikawa Yumi) doit donc passer par mille supplices que lui font subir ses congénères dont l’inhumanité n’a d’égal que l’intransigeance…quand il s’agit des autres, car l’on voit dans le film de nombreux personnages faire preuve du sadisme le plus atroce vis-à-vis de « pauvres pécheresses » mais se substituer à leurs responsabilités quand ils se sont eux-mêmes éloigner des règles que leur impose leur habit. Cette hostilité à l’égard de la religion catholique (très minoritaire au pays du soleil levant) et la récupération de la Sainte-Cène à des fins critiques font écho à toute une tradition de films anticléricaux dont le chef de file est le sublime Viridiana de Luis Bunuel. Et c’est entre autres cet investissement idéologique du réalisateur qui confère au film tous son intérêt.
En effet, on est a mille lieux du tout venant de la production érotique des seventies nippones. Suzuki Norifumi a des choses à dire et il n’hésite pas à mettre le médium cinématographique au service de son propos. Celui qui collaborera plus tard avec Sonny Chiba pour des chambara kitschs expose une vision acerbe du christianisme à travers la vie de ce couvent où la plupart des jeunes filles ne pensent qu’à transgresser les règles. Bien sûr on est bien loin d’être en présence d’un véritable film d’auteur (dans l'acception académique du terme) mais cette délicieuse série B, perverse, sensuelle et réalisée de main de maître par Suzuki (ce qui ne gâche rien) confirme (s’il est encore besoin) que tous les genres peuvent offrir de véritables pépites filmiques, surtout quand un réalisateur nippon se trouve derrière la caméra.
Ames catholiques sensibles s’abstenir
Passée la surprise de voir des bonnes sœurs aux yeux bridés, le film de Suzuki s’avère être une œuvre aussi provocante qu’esthétiquement belle, exploitant avec brio le filon du fantasme sexuel masculin (comme féminin d’ailleurs) concernant les représentant(e)s de la religion catholique. Egalement exploité en France (Justine de Sade) ou en Italie, il atteint ici un niveau de qualité sans commune mesure, et suscite l’admiration, celle d’être allé aussi loin dans l’imaginaire barbare de l’inconscient humain tout en bafouant sans limites un culte certes mineur au Japon mais majeur à l’échelle de la planète. Difficile de songer aujourd’hui au quart de la moitié d’un tel film en Occident sur le catholicisme et encore moins sur l’islam, qui dénonce sans langue de bois les excès d’une religion qui retient des jeunes filles dans une prison déguisée aussi bien physique que mentale, en prônant une morale vertueuse tout en punissant de manière cruelle et perverse celles qui transgresseraient les lois. Evidemment, les fantasmes vont bon train, mais il n’y a pas de fumée sans feu et certains comportements déviants de notables religieux n’infléchiront pas la tendance…
Ce qui pourrait n’être qu’une vulgaire série B mal ficelée étonne par la qualité de sa mise en scène (le passage en revue des sœurs est un modèle du genre), la beauté de ses couleurs et la maîtrise des cadrages. Ainsi, les scènes les plus atroces de fouettages, de rétention d’urine, d’accouchements par pendaison ou de viols apparaissent à l’écran de manière fascinante, bien relayées en cela par l’actrice principale dont le regard est enivrant. Et même si le scénario n’est pas toujours crédible, la dénonciation reste efficace et le plaisir présent. Amateurs de bizarreries cinématographiques et de chair fraîche, jetez-vous sur le DVD Studio Canal !
Visuellement intéréssant, simpliste dans son discours anticlérical
Le Couvent de la Bete Sacrée est très supérieur cinématographiquement rayon "film de tortures" aux films d'un Ishii Teruo (mieux cadré, mieux interprété). Pour autant, il peine à totalement convaincre parce que son discours anticlérical est bien moins élaboré que celui des chefs d'oeuvre de Luis Bunuel dont il est en somme l'héritier bisseux. Passons rapidement sur le manque de subtilité évident de cette dénonciation de l'église, après tout le film revendique sa dimension pamphlétaire. Reste néanmoins que le film n'évite pas par moments un exçès de surlignage dans sa façon de mettre à mal les contradictions entre principes religieux et réalité de la vie au couvent: les tortures qui sont identiques à celles subies par les chrétiens sous le Shogun, la pénétration par un homme déguisé en nonne qui réalise le fantasme d'une pensionnaire, les soeurs lesbiennes qui remplissent à la fois l'objectif de satisfaction des fantasmes du spectateur masculin et les objectifs pamphlétaires du film -on peut au moins reconnaitre à Suzuki de détourner en cinéaste de contrebande le cahier des charges du film de nonnes-.... Toujours au rayon du discours du film, l'intrusion subite d'un speech sur l'absence de Dieu lorsque la bombe atomique a frappé le Japon fait partie des points malheureusement pas développés par le film qui aurait pu avoir un discours un peu plus complexe en soulignant le doute des religieux vis à vis de Dieu et en introduisant le traumatisme japonais vis à vis de la bombe atomique. Le cinéaste se borne juste à souligner le contraste hypocrisie de l'église/libération des moeurs affichée du monde extérieur (avec les scènes de boite évoquant le Japon pop des films de Suzuki Seijun). Au final, le discours anticlérical du film demeure trop simpliste. Reste qu'en tant que revenge movie stylisé le film convainc plus. La recherche de l'audace visuelle offre ainsi au film une belle variété stylistique même si tous les parti pris formels de Suzuki ne fonctionnent pas. D'où un film surclassant bien des films d'exploitation nippons de l'époque, une oeuvre emblématique du désir transgressif du cinéma seventies, du niveau technique du cinéma d'exploitation nippon très supérieur aux productions occidentales du meme genre.
Le Couvent de la Bete Sacrée est un film de nunsploitation, un film d'exploitation ayant pour theme les nonnes...une premiere pour ma part.
Le film apporte sa petite dose de dénonciation/reflexion à propos bien sur de la religion catholique, des religieuses, des croyances, et même de la bombe atomique...alors bien sûr, ce ne sont pas de grands discours philosophiques, ce n'est pas le theme du film, loin de là, mais ils ont le mérite d'exister, entre plusieurs scènes de tortures.
Certains pourront voir en ce film, un film anti-catholique, mais je ne pense pas que ce soit son but (en tout cas, ce n'est pas le theme du film, c'est un film d'exploitation ayant pour contexte un couvent...), même si quelques petits pics sont quand même lancés.
Qui dit nunsploitation, dit sexe et torture : côté sexe, on ne trouvera pas vraiment de scènes vraiment érotiques et/ou sensuelles, c'est plutot des bouts de seins par ci par là...par contre, niveau tortures, les amateurs doivent être servis...mais de ce coté là, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé (mais bon, j'avais eu une bonne surprise avec La Femme Scorpion)
La réalisation du film est vraiment superbe, et en fait, c'est ce qui m'a le plus génée : les scènes de tortures en deviennent malsaines tant elles sont superbement filmées, en plus, il y a pas mal d'idée au niveau de l'esthetisme de ces scènes (comme la scène avec les roses et leurs épines) : çà en devient dérangeant, je trouve (bon, on sait que c'est un film, mais la réalisation est vraiment très bonne, comme on aimerait en voir dans des réalisations plus classiques !)
L'actrice principale se débrouille aussi très bien (tout comme certains seconds rôles)
Donc voilà, le film a beaucoup de qualité esthetique, de mise en scène et dans son interprétation, mais c'est vrai que les tortures, ce n'est pas pour moi, mais bon, le film se laisse regarder tout de même.
De plus, je pense que pour l'apprécier à sa réelle valeur (ce que je n'ai donc pas pu faire), il faut bien connaitre les contextes sociaux du Japon à l'époque de la sortie de ce film, car je me demande s'il n'y a pas des métaphores (les nonnes par rapport aux japonaises, dans le sens où elles suivent ce qu'on leur dit sans aller plus loin...et l'héroine qui incarnerait peut être la femme moderne, qui s'affirme...mais bon, ce n'est qu'une supposition, mais vu la qualité esthétique du film, je pense qu'il y a forcément un message derriere tout cela, en plus de l'exploitation basique...)
une sacrée bête
Le couvent de la bête sacrée n'est pas un film de "nunsploitation" de base. Certes, on aura droit à toute la panoplie de l'abbaye de pécheresses, entre saphisme et punitions en tout genre, mais ces passages obligés du genre sont amenés avec une certaine malice, et jamais ils ne parraissent artificiels ou ne donnent l'impression de vulgaires inserts. Le scénario est classique, mais efficacement mené (et pervers), avec une très bonne maîtrise de la narration qui ne souffre pour le coup d'aucune baisse de rythme (courrant dans ce genre de film, où entre deux scènes de sévices on s'ennuit souvent ferme). Quand à la réalisation, si elle manque parfois de clareté (dans les scènes de rixes, manquant de recul) elle est très soignée, vive, et parfois même carrément inspirée, voir belle.
Un classique quoi, qui n'a en plus pas pris la moindre ride.
16 juillet 2007
par
Epikt
Dieu pardonne,moi pas
LE COUVENT DE LA BETE SACREE ou une traduction française typique du style des titres des seventies.
Contant la vengeance d'une jeune et jolie fille dans le milieu clos et en principe austère d'un couvent de nonnes,l'histoire apporte bien vite son lot de scènes dénudées ou la cruauté et la soumission sont reines.Nous sommes dans un "roman porno" ou le cahier des charges stipule de ne pas montrer de poils pubiens...mais de pouvoir en réalité dévoiler beaucoup plus par le biais d'un scénario échevelé propice aux situations fantasmatiques.Et le film parvient sans peine à ses fins:trés esthétisant,il présente une succession de tableaux érotiques soignés ou de magnifiques actrices se retrouvent entravées et tourmentées par leurs consoeurs un tantinet perverses.Lesbianisme,viol,urologie,flagellation,bondage,la liste est encore longue,et les costumes de religieuses sont un argument supplémentaire pour l'aspect hautement fétichiste de l'ensemble.
Mais Norifumi Suzuki parvient à insuffler pas mal d'idées subversives dans cet ensemble sûrement déjà sacrilège pour certains.Dressant le portrait d'une femme libre à une époque ou celles-ci se battaient pour la reconnaissance de leurs droits,le réalisateur utilise plus le décorum chrétien pour son austère élégance et comme un symbole d'autoritarisme arbitraire que pour critiquer directement cette religion,car si l'oeil occidental voit facilement un anticléricalisme ouvert,les japonais quant à eux et dans leur trés grande majorité, ont toujours été hermétiques au christianisme et à ses symbôles sacrés.
Libertaire et anticonformiste,le film déroule ses intentions contre tout pouvoir,perçu comme corrompu.Si les protagonistes ont tous des raisons d'être devenus la négation de ce qu'ils représentent(ni bonté ni compassion animent les soeurs supérieures ou le grand prêtre),aucune circonstance atténuante ne leur est accordée face au jugement vengeur de la jeune Hayumi.Et si certains passages s'avèrent plus maladroits(la référence à Nagasaki),ils restent trop fugitifs pour plomber une intrigue toujours intéressante à suivre ou la tension dramatique ne se relâche jamais.
L'interprétation est excellente,Yumi Tagikawa apparaissant alternativement forte et fragile face à une cohorte de cornettes blanches et un grand prêtre trés Raspoutinien.
Sous le couvert d'un film par ailleurs troublant et trés efficace,Suzuki parvient à insuffler un propos intéressant et représentatif d'une époque ou cinéma rimait souvent avec contestation,au Japon comme ailleurs.
La jeune Hayumi aurait en fait pû se servir du titre d'un fameux western-spaghetti de la même période :"Dieu pardonne,moi pas".Une manière parfaite pour définir cette héroine contemporaine en lutte contre l'injustice et la frustration !
classique de l'exploitation nippon; visuellement excellent ce film surclasse aisément les produits de consommation courante ds le même genre
...et une actrice principale magnifique!
Magnifique
J' ai été hypnotisé par ce film. Déjà le fait de voir des japonaises habillées en soeurs catholiques fait son effet.
L'histoire tragique bien menée par une mise en scène surprenante et innovante (certains plans sont terriblement beaux) est bourrée de rebondissements.
Les séquences érotiques sont magnifiques. La musique aussi est bien. Enfin, j' espère le revoir en salle.
A découvrir d'urgence.