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The Petrified Forest

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1 critiques: 3.75/5

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1 critiques: 2.5/5



Xavier Chanoine 3.75 Une oeuvre soignée à tous les points de vue, glaciale et 1er degré
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Une oeuvre soignée à tous les points de vue, glaciale et 1er degré

Avis avec spoilers

Quitter un film de Shinoda Masahiro avec les mains moites est un signe qui ne trompe pas, The Petrified Forest est une torpille terrifiante qui sait doser à la fois modernisme, philosophie nouvelle vague et classicisme formel dans une pure logique de narration alambiquée qui prend le spectateur à la gorge pour ne plus le lâcher. Adapté du roman de Ishihara Shintaro à qui l'on doit aussi l'histoire originale du sublime Pale Flower du même cinéaste ou encore l'original et très moderne dans ses propos Season of the Sun, confirmant ainsi le talent d'un écrivain mais aussi scénariste, acteur, réalisateur et producteur. Shinoda adapte donc l'une de ses nouvelles et confirme son statut de grand réalisateur. Le film débute avec un plan sur la ville de Tokyo, non sans rappeler ce que faisaient les cinéastes des précédentes générations nous ramenant plusieurs dizaines d'année en arrière. Une ouverture classique certes, mais qui étrangement instaure ici une atmosphère de doute, comme si le spectateur s'attend à ce qu'il se passe quelque chose de dangereux, de pas commode. On fait alors la rencontre de Haruo, un jeune médecin étudiant qui s'occupe du cas d'un jeune patient atteint d'une pathologie incurable au niveau de l'audition, mais ce dernier et sa famille ne le savent pas encore, Haruo l'ayant appris au cours d'une conversation entre deux médecins, dont l'un n'est autre que le maître de conférence le plus gradé de l'établissement. Ce dernier tient d'ailleurs à ce qu'Haruo ne fasse pas passer l'information auprès de l'enfant et de sa mère sous peine de se passer de ses services. Haruo n'est pas non plus en bon terme avec sa mère, laquelle souhaite pourtant recréer les liens avec son fils quitte à paraître extrêmement possessive, voir amoureuse. Au cours d'une promenade, Haruo tombe nez à nez avec l'une de ses anciennes amies, laquelle travaille pour une agence de manucure, harcelée moralement par son patron. Las de cette écrasante pression, elle décide de monter un piège contre ce dernier, en sollicitant l'aide de Haruo lequel lui dégotera rapidement un petit mélange de derrière les fagots pour le faire taire en toute simplicité : l'empoisonnement. The Petrified Forest peut alors démarrer...

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A l'origine, le film de Shinoda Masahiro est bien plus qu'un thriller, puisque les bourreaux du film ne seront jamais poursuivis par la police, et dans cette optique, le cinéaste s'amuse à les faire se détruire. Il y a d'abord les premiers excès de rage de la demoiselle bossant au service de manucure, Eiko, jalouse de la relation de proximité qu'entretient Haruo avec la mère du garçon sourd. Il y a ensuite la mère possessive qui se liera d'amitié pour Eiko pour mieux la contrer et s'en débarrasser par amour pour son fils, puis les aveux naturels des criminels sur la véracité de leur crime. Ils auraient du se taire. Le film bascule alors en l'espace de quelques minutes dans un tourbillon de névrose et de folie redoutables, transfigurant ce thriller jusque là gentillet en oeuvre d'un pessimisme ahurissant. Le cinéaste opte alors pour un changement radical de ton et massacre alors les projets des personnages : la mère, fière de retourner auprès de son fils, Eiko qui aurait voulu aller plus loin dans la relation avec Haruo, la mère optimiste de voir un jour son enfant retrouver l'ouie. Rien de cela ne se fera. Et quoi de mieux pour noircir le ton général du film? Le recours à un dispositif théâtral permettant d'étirer les plans en longueur et de situer l'action au sein d'un même plan, comme notamment cette terrorisante séquence où cet homme bat sa femme et son enfant sourd au sein d'un même cadre, sombre, agonisant, noir et viscéral? Evidemment, tout comme l'utilisation de la musique de Takemitsu Toru qui semble toujours regorger d'inspiration expérimentale à chacune de ses participations. Le film est aussi bien filmé, annonçant étrangement le cinéma de Nomura Yoshitaro pour ses ambiances dérangeantes et sa thématique qui bouscule les conventions habituelles. Si l'on parlait d'infanticide dans The Demon, Shinoda évoque ici les petits meurtres entre amis comme étant l'acte le plus naturel qui soit : dérangé par telle ou telle personne? Aucun soucis, on leur fait manger des pisenlits par la racine plus vite que prévu. Question degré, le film ne va jamais plus loin que le premier, on doit cette froideur de ton grâce à l'interprétation hallucinée d'un Hagiwara Kenichi passant de l'étudiant sans problème à l'assistant du bourreau, défenseur de femme et sauveur d'enfant. La très grande Sugimura Haruko est tout aussi effrayante dans le rôle d'une mère obsédée à l'idée de retrouver son fils et de ne l'avoir rien que pour elle, le rapport mère-fils est alors étudié avec tact, on pense d'ailleurs que la relation purement familiale peut tendre à la relation amoureuse du fait de cette possession exacerbée.

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L'une des grandes qualités du film est que Shinoda a su mêler modernité du récit (peinture du monde médical hypocrite, préparation méticuleuse du meurtre de manière quasi scientifique), maîtrise formelle à cheval entre classicisme d'époque (pour sa théâtralité) et solutions Nouvelle vague notamment dans la composition des plans et dans l'art du montage. Le film enchaîne alors les prises de risque et n'est jamais ridicule puisque l'absence de second degré l'empêche de verser dans le grotesque. La séquence où la mère d'Haruo se débarrasse d'Eiko est un moment épouvantable, l'objectif se focalisant sur Sugimura Haruko alors au premier plan, tandis que la jeune femme agonise derrière elle. Et que dire de cette conclusion admirable, laissant le soin au spectateur d'imaginer la suite? Hagiwara Kenichi n'aura jamais été aussi proche de la démence et Shinoda d'avoir réalisé un petit bijou noir, pessimiste comme jamais et diablement bien mis en boite. Une réussite totale dont on ne sort pas indemne.



24 janvier 2008
par Xavier Chanoine


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