Quand Fruit Chan fait dans le lard ...
Autant dire que c'est une mauvaise surprise, Fruit Chan avait quasiment fait un sans faute jusqu'a présent, et sans vouloir dramatiser Hollywood Hong Kong fait désormais tache noire dans sa filmographie. Considéré à juste titre comme un des derniers cinéastes / auteurs encore présent à Hong Kong et surtout connu pour sa trilogie tournant autour de la rétrocession (Made in Hong Kong, The Longest Summer, Little Cheung), on peut légitimement se poser la question sur le pourquoi du film. Le thème de la prostitution est très maladroitement et bizarrement peu traité, et on est très vite fatigué de voir les déboires d'une famille d'obèses coexistant avec ... des porcs.
Autre gros défaut, une musique totalement transparente et qui, quand elle se fait entendre, arrache des grimaces. Un semblant de musique électronique avec des mélodies "niaiseuses" à souhait, très surprenant quand on sait que Fruit Chan avait l'habitude de collaborer avec Kenneth Bi, compositeur talentueux et jeune réalisateur. Le film finit par se perdre dans des intrigues peu captivantes (un porc fait une fugue, un porc va peut être donner naissance à un gamin ...) et l'idée de départ, aussi noble soit elle, n'a pas donné suite à grand chose.
Allégorie cochonne
Le film commence par un générique que l'on ne peut oublier si facilement. s'en suit une première partie que je trouve abslument superbe dans son rythme, qui nous situe les personnages dans leur quotidien, en reussissant à nous faire sentir proche d'eux, ce qui vu le contexte du film n'était pas évident. Autant je me suis laissé porter par cette première partie, autant je me suis ennuyé dans la deuxième. Cela commence lorsqu'on quitte la naration descriptive pour enter dans une intrigue de chantage. Et là, Fruit Chan manque sa cible, à part une disparition de cadavre et une histoire de mains, rien n'est parvenu à me sortir de la torpeur qui s'installe. Bien dommage donc, d'autant que l'allégorie porcine est vraiment bien amenée, même si je n'oserais pas parler de comédie à propos de ce film.
Léger et très ironique, une réussite moins marquante pour Fruit Chan
Après sa trilogie pas très rose sur la rétrocession, j'attendais un autre film de ce Hollywood Hk. Surtout que le thème de la prostitution m'attirait très peu, étant assez peu ami avec la condition de la femme en Asie. J'entrais donc un peu à reculons dans ce film dont la réputation est pourtant flatteuse. Alors, sombre histoire de prostituée chinoise exploitée à Hong-Kong? Que nenni, petit film follement drôle et attachant, tout en étant sérieux et pessimiste.
Le ton est ici beaucoup plus léger que dans les autres Fruit Chan, même si l'humour était toujours présent. Simplement ici on évite tout dramatisation grâce à un humour noir très étonnant. On y perd évidemment beaucoup d'émotion, mais le film a encore suffisamment de contenu pour ceux qui s'intéressent à l'évolution de la culture locale. Le scénario assez habile laisse le spectateur dans l'expectative, de la même manière que Tong Tong mène son petit monde par le bout du nez. Le risque principal avec Fruit Chan, c'est la tranche de vie sans enjeu, un peu comme dans Little Cheung, film fort intéressant pour qui s'intéresse un minimum à HK, mais nettement moins sinon. Fort heureusement Hollywood HK possède un fils conducteur de qualité, sur lequel viennent se greffer une belle brochette de personnages et une nouvelle approche de la culture Hong-Kongaise, cette fois-ci vis à vis de la mère patrie.. Cela permet à la fois d'avoir l'ambiance locale que Fruit Chan sait si bien rendre et l'intérêt créé par les causes et conséquences de l'arrivée de cette jeune fille chinoise dans cette communauté Hong-Kongaise.
Avec ses passages tragi-comiques de très grande qualité, Hollywood HK s'impose immédiatement comme un film de plus à voir pour toute personne passionnée par la culture Hong-Kongaise. On perd un peu du style documentaire de Little Cheung, mais le film semble tout de même très en phase avec l'évolution de la culture locale, avec l'arrivée fracassante de la Chine dans la culture locale. Le portrait est peu reluisant pour Hong-Kong, car derrière cet humour se cache une position de faiblesse assez clairement avouée, les Hong-Kongaise n'ayant plus le monopole des astuces pour se faire des dollars en pagaille. A première vue Hollywood Hong-Kong est amusant, de plus près il est finalement assez pessimiste. Et sûrement très en phase avec la situation là-bas. On apprécie aussi le choix très judicieux du décor du film (inutile de chercher à le visiter d'ailleurs, le bidon ville a été rasé récemment), véritable décor de cinéma mais pourtant si réel, ainsi que la réalisation de grande qualité de Fruit Chan, parfois un peu trop minimaliste. Les acteurs sont également parfaitement à l'aise dans leur rôle, même si on est un peu en deça du casting de Little Cheung.
Bref, à la fois document culturel de premier choix et vrai film à scénario, Hollywood HK prouve la bonne santé de ce réalisateur qui restera comme le meilleur témoin de toute cette époque charnière dans l'ex-colonie britannique, même si l'émotion de sa trilogie sur la rétrocession n'est plus là. Ce qui rend son public potentiel tout de suite moins important... A choisir avec précaution donc.
très plaisant.
Comédie (pas vraiment à la cantonaise) de moeurs très simple et fluide et tellement moins pompeuse que les deux derniers Fruit Chan (Durian Durian & Little Cheung).
Fruit CHAN confirme dans son style
la chronique urbaine que Fruit CHAN nous propose ici manque un peu de substance, et c'est le seul reproche que je ferais.
sinon, l'esthétisme est très réussi, le jeu d'acteur sans reproche et la réal à la hauteur. visuellement c'est splendide, cela installe une ambiance unique.
il aurait simplement fallu un peu plus de contenu pour en faire un excellent film.
malgré cela HOLLYWOOD HONG KONG porte la marque de Fruit CHAN, et appréciant fortement son style, j'ai quand même trouvé que cette chronique de quartier valait vraiment le détour. (dejà rien que par la présence magnétique de ZHOU xun)
Affreux, sales et ... gentils
Premier film, que j'ai l'occasion de voir, de Fruit Chan.
Enfant apparaemment chéri dans une certaine presse spécialisée française, j'avais hâte de découvrir sa filmographie. Je ne savais aucunement à quoi m'attendre en visionnant ce film, me gardant bien de lire quoi que ce soit par rapport à l'histoire, comme par rapport à d'éventuelles critiques.
Dès le départ, le ton du film est donné, tant au niveau visuel (une famille réduite de bouchers spécialisés dans le porc, partageant d'ailleurs une forte ressemblance physique avec l'animal), que graphique (tons très chauds donnant dans les couleurs primaires).
L'histoire se déroule dans un éspèce de bidonville HK, juste au pied de cinq immenses tours appelés "Hollywood Plaza". Communauté totalement autonome, bien des individus rêveraient de s'échapper de leur taudis pour aller habiter dans une des tours. Parmi eux, un mac, essayant de monter un réseau de prostitués et de créer son propre site de s*x*. Une infirmière quelque peu allumée, qui est persuadée de pouvoir faire porter des embeyons humains à terme dans le ventre d'une truie. Enfin, la famille des bouchers de porc.
Déboule un jeune brin de fille (la charmante "petite tailleuse chinoise" du film homonyme), qui va apporter un peu d'amour (...) et de bonheur dans un bidonville par ailleurs bien morne et sans vie; sauf que sa naïveté et son innocence apparentes cachent bien un jeu cruel...
Quelques épisodes cruellement drôles, quelques moments de vraie tendresse dans un moment de brutes; une touche de magie par-ci, des éclats de rire par-là. Le film est une véritable fourre-tout de saynètes contradictoires, mais complémentaires. Une scène terrifiante de main coupée se transforme en véritable situation dramatico-comique pour notre plus grand plaisir sadique. Un drapeau improvisé fait d'un linge rouge et agité (au ralenti) du haut du toit en tôle contraste avec les couleurs gris métal entourant le jeune garçon. Bref, une multitude d'images très belles et de situations fouillies, qui s'abattent sur le spectateur. Qui ne sait pas très bien, où il va - et l'histoire se termine aussi vite, qu'elle n'ait commencé.
Ce film fait partie de cette catégorie, où les images priment par rapport à l'histoire proposée et il faut simplement se laisser aller, s'imprègner des situations, couleurs et ambiances. Déconcertant pour certains (quelques scènes vraiment tirées en longueur pour la simple beauté d'un geste), frustrant pour d'autres : le véritable coup de théâtre intervenant lorsque l'on apprend les réelles raisons de la fille en robe rouge n'éclatera jamais vraiment. Bien évidemment, il y aura la scène de la main et la recherche de vengeance personnelle, mais l'impact, voire de simples conséquences sont noyés dans un quotidien tellement commun, qu'inbranlables.
Alors forcément, l'on reste quelque part sur sa faim; car contrairement à un Scola ("Affreux, sales et méchants") ou Kurosawa ("Dode's Kaden"), Fruit Chan se fixe trop sur un échantillon trop précis du taudis en général pour traduire le quotidien du quartier; et ne représente pas assez gestes et répetitions des personnanges princiapux, que l'on s'enlise dans leur train-train habituel.
Reste donc une oeuvre "bâtarde" (dans le bon sens du terme), réellement curieuse et un brin onirique, mais où un intellect par trop appuyé le place à trop grande distance au-dessus de son projet, pour qu'il soit vraiment proche de son sujet...
Dommage ! Reste un film agréable à suivre.