Marquant et oppressant
Si
The Hole est principalement un exercice de style dans un contexte peu ragoûtant, il n'en demeure pas moins marquant malgré son pitch de départ tenant sur un timbre poste. Prenez Lee Kang-Sheng, faites le habiter au-dessus de Yang Kuei-Mei, ouvrez une brêche sur le plafond et ainsi se crée la concomitance de l'amour et la maladie amenées par un temps vraiment pluvieux. Ici encore le rapport qu'entretient le cinéaste avec l'eau est obsessionnel, ses personnages pataugent, rampent et dorment dedans parce qu'ils n'ont pas le choix ni les moyens de quitter les lieux. Il y a aussi cette maladie, le
Virus de Taiwan qui pousse ses victimes à se comporter comme de véritables insectes (chercher les coins sombres et l'humidité), ces chansons typiquement chinoises créant la rupture de ton et de rythme, ce vendeur égaré (le récurrent Miao Tien) qui n'apparaît que pour savoir si une marque d'aliment existe, il y a ces flash infos prodiguant des conseils quant à la bonne préservation de l'eau pour les coins les plus mal famés et il y a ce trou, cette seule symbolique rassemblant les deux acteurs, créant la communication (plus gestuelle qu'orale) par l'intermédiaire de sprays insecticides et de vomi. Tsai Ming-Liang pousse l'ironie d'un tel procédé pour imager l'acte sexuel, et il est intéressant de voir à quel point il est optimisé : il y a d'abord la jambe de "l'homme au-dessus", tel un jeu pour narguer la "femme en dessous" pénétrant le béton, puis il y a le bras pour aider son prochain, puis de nouveau le bras pour attirer la femme dans son filet et, pense t-on, l'amour.
The Hole ne s'explique pas, il se fiche des conventions habituelles et n'aura jamais autant rapproché l'Homme de l'insecte.
Tsai a trouvé l'antidote à la solitude de ses héros: le chant
The Hole est le premier film où Tsai se détache d'un système qui risquait de tourner en rond (la solitude urbaine -bien- décrite à coup de plans-séquences, les personnages se croisant accidentellement). Et assez paradoxalement c'est une commande de film sur l'an 2000 faite par Arte qui est l'occasion de cet affranchissement. On retrouve bien sûr un univers fait d'incommunicabilité porté par un Lee Kang Sheng toujours excellent. Mais sauf qu'ici le chant devient le moyen d'évasion du quotidien (très) pluvieux des personnages et le côté entraînant de ces scènes proches dans leur esprit de kitsch et d'outrance assumée des meilleurs passages chantés des cinés hk et hindi (voire de l'Almodovar première période, autre grande référence en la matière) contrebalance le désespoir des héros de Tsai, leur offre une porte de sortie du cercle vicieux de la solitude. Le contact entre les personnages aura lieu, certes de façon cocasse (le trou dans le sol puis le vomi, preuve que Tsai ne se prend pas au sérieux) mais avec succès. Et Tsai de conclure de façon optimiste un de ses films les plus frais et accessibles.
bonne idée de départ
Comme « vive l’amour » et « et là bas quelle heure est-il ? » du même cinéaste, ce film développe le thème de la solitude…Avec cette fois pour toile de fond une maladie inquiétante et fascinante. Ce film est très original : les envies de notre héros sont matérialisés dans des rêves à l’accent de comédie musicale… L’idée du trou sur le plafond/plancher de nos deux héros était très pertinente mais peut-être pas assez exploitée. Dans l’ensemble ce film est réussi mais l’actrice principale n’est pas assez « attirante » pour que l’on adhère tout à fait au film. Cela reste cependant un film à voir meme si pour moi il reste le moins aboutit de notre "artiste" réalisateur! ! !
Un film que j'ai eu l'occasion de voir lors de sa diffusion sur Arte à une heure très tardive. Disons simplement que c'est un film assez ennuyeux.
Au fond du trou
Enième exploration du thème de la solitude, TSAI utilise la chanson comme moyen de communication...imaginaire la veille du passage à l'an 2000.
Du coup, le film passe d'un univers kafkaïen, où les hommes se comportent tels des cafards à une version pop d'"In the Mood for love".
Sympathique idée, mais - comme d'habitude chez le réalisateur - d'une lenteur exaspérante et sans grand autre contenu que son idée de départ.
Sympathique, stylisé, mais comme du papier glacé : de jolies images sans grand arrière-fond.