Y a de l'action et de la technique et pourtant ça reste désespérément mou
J'ai enfin vu ce fameux court, parfaite démo d'action kung fu française de 12 minutes en guise de carte de visite du sympathique studio 4-16 prod, et je dois bien avouer que je suis complètement d'accord avec Jérôme, mais pour d'autres raisons que lui. De l'action, il y en a, il n'y a même que ça ce qui est plutôt normal, de l'éclairage travaillé, quoique dans une boîte presque trop sombre, aussi, de vrais techniciens souples et très fluides sont bien dans la place, du montage serré et nerveux, aussi. Il y a même un essai de gunfight de quelques secondes avec des rafales en plongée pas déshonorantes dans l'esprit tout comme le reste des petits effets visuels numériques assez sympas quoique conformes à la norme (les coups de feu, le générique et un reverse si je ne m'abuse). Oui mais au final et malgré tout, l'ensemble reste plat et n'acrroche jamais vraiment le regard, pas une seconde d'implication à l'horizon.
On pardonne les acteurs qui n'en sont pas (quelques bonnes trognes malgré tout). A la limite, je pourrais même pardonner la musique, petite techno formatée pour commencer, puis nappes d'ambiance communes plus calmes et enfin percussions pas trop follichonnes mais après tout, assez distincts selon les scènes. Et puis les petites nappes de tension tout comme le départ des percus du final ne sont pas hors sujet, même si franchement plates.
Mais il n'y a pas que ça à mon avis. Même avec ce montage nerveux et des plans rapprochés plus ou moins inclinés et vacillants, l'énergie des combattants est anihilé par un choix de plans franchement très discutable, trop académiques mais pas seulement. Le choix des angles de vue, voilà ce qui m'a le plus gêné dans HK. Apparemment maîtrisés et adéquates pour commencer, ils se révèlent sans âme, trop répétitifs et mal choisis pour traduire l'impact pur. On a ainsi souvent droit, et de plus en plus avec le combat final, à des vues complètement derrière l'adversaire, derrière lui ou son épaule, qui se prend un coup très souvent vu en direction de la caméra, voir complètement caché par son corps, et une alternance trop régulée de ce même point de vue d'un bord à l'autre. Ainsi certains coups de poing ou même kicks balancés qui devraient être traduits par une caméra qui suit le mouvement ou avec un minimum d'angle sont très souvent écrasés par la simple perspective étriquée voir même obstrués ce qui anihile toute l'énergie. Il manqe parfois juste un peu plus d'angle pour mieux faire passer la chose ce qui me semble fort dommage. A côté, il y a aussi des plans trop larges et mal cadrés au moment même d'une grosse frappe, là où ils devraient être au raz de la trogne qui se prend le coup par exemple (le plan fixe du gars balancé du bar, vu de loin pour accrocher son saut avec paresse, idem pour le bad guy du final trop mis à distance). De même, quand ce n'est pas les vues de derrière qui cachent tout, ce sont des plans bien sages de profil qui montrent consciencieusement un échange de coups sans réel identité. Personnellement, il reste le passage sur le billard et celui des bâtons qui cherchent plus à coller à ce qui se passe vraiment au niveau du mouvement, des membres et de leur dynamique. Mais donc, le montage a beau être nerveux, les plans restent, soit trop académiques, soit éloignés de la scène, soit manquant d'angle, parfois même coupés trop top (le flying kick du bad guy ou certains impacts juste après le billard), et finalement pas assez signifiants pour traduire la violence brute des coups et la rage indispensable à transmettre, vu que tout cela est pris très au sérieux, et donc que la rage délivrée y est primordiale. Je pinaille beaucoup et il y a quelques bonnes choses malgré tout mais au moins c'est dit. Beaucoup de passages sont sans une once de vie propre à cause de tout cela. Même certains échanges de coups (de poings notamment), toujours bien exécutés, laissent pourtant de marbre de par leur traitement pour le moins étrange. Et tant qu'on y est, j'ajoute les blocages le long du bar (pourtant dieu sait que ça fait mal ce genre de prises) qui en deviennent presque annodins de par la distance prise avec la souffrance infligée.
Sympathiques hommages au final de drunken master 2 et à la technique de jambes de Ken Lo et à un chouilla de l'esprit du bad guy de Operation Scorpio néanmoins, mais c'est mini, mini.
Un bon court français d'action digne du titre qu'il porte.
Enfin un film français utilisant les codes d'un cinéma auquel il est fait référence ici jusqu'au titre même.
HK est un court métrage de 12 minutes : quelques acteurs pas super expérimentés, un budget visiblement réduit, malgré une photo de qualité, un côté un peu cheap, etc...
Mais lorsqu'on y pense, ce sont des conditions de travail plus ou moins comparables à celles des meilleurs polars ou films de kung-fu made in Hong-Kong.
Sans doute que le manque d'argent ne réunit forcément que des gens passionnés et stimule la créativité.
Toutefois attention, des films comme Prince Of Temple Street et Lord Of The Rings prouvent bien, chacun dans leur catégorie, qu'évidemment, cela n'implique pas que tous les films "restreints" sont bons et tous les films au buget large sont mauvais.
La réalisation de Julien Lacombe et de Pascal Sid est très nerveuse et dynamique et évolue dans un espace sombre où jeux de lumières sont plutôt bien orchestrés, on note même un ou deux plans raccords en 3D bien assimilés par l'ensemble. Le générique à une petite touche "site en flash" très percutante qui ouvre et finit le film très proprement.
Les chorégraphies griffées "Yuen Kwai" sont clairement inspirées des meilleurs Jet Li, François parle à juste titre de Fist Of Legend mais les fights possédent aussi une agressivité dans l'impact propre à certains de ses films plus récents comme Kiss Of The Dragon ou Danny The Dog (même si celui-ci est postérieur à HK) sur lequel Patrick Tang a d'ailleurs travaillé.
On assiste à 12 minutes d'hommages aux films du genre à savoir, un rapide dialogue expédiant les enjeux dramatiques, enjeux d'ailleurs peiniblement exposés en raison du jeu d'un sincére mais techniquement bien trop juste de Patrick Vo,
un gunfight en régle suivi d'un petit combo de combats assez alléchant.
En Bref, Lacombe et Sid s'impose avec les moyens du bord et prouvent avec HK qu'il n'est pas nécessaire de s'internationaliser à la manière d'un Christophe Gans ou d'un Luc Besson pour faire du bon cinéma d'action aux inspirations asiatiques bien français. Un très bon court à voir.
Comme les grands
Parler de film de kung-fu français, cela revient vite à parler assez vite de film bénéficiant de l'aide d'expatriés (Kiss of the Dragon, Le Pacte des Loups), ou alors à se mettre un sac poubelle sur la tête (Samourais). C'est finalement un court métrage qui vient un peu laver l'affront, et qui montre qu'une fois assimilés les codes inhérents au genre, il est tout à fait possible de faire un film de qualité en France avec des moyens 100% locaux.
Alors bien sûr, on peut commencer à dire que l'histoire n'est pas intéressante, que certains coups ou passages lors des combats sont un peu moins bons que le reste, que la partie gunfight n'égale pas celle des combats, que certains raccords ne sont pas parfaits, que le fait de tourner dans un environnement aussi sombre est un challenge difficile. Mais en venir à faire ces critiques sur un court métrage qui a coûté 15000 euros et a été tourné en 4 jours, c'est en fait un peu oublier qu'il ne s'agit justement QUE d'un court métrage. Ce qui est déjà bon signe.
HK n'est évidemment pas Fist of Legend ou Drunken Master 2, il ne réinvente pas le film de kung-fu, mais se veut surtout un hommage au genre. Les chorégraphies sont soignées et sous inspiration, on reconnaît pas mal de Fist of Legend justement, également un peu de Jackie Chan, on retrouve un peu de cablage, des plans assez longs, bref, ça sent bon le film de kung-fu fait dans les règles de l'art. La réalisation est également soignée et assez dynamique sans casser les choré, et le montage sait mettre du rythme dans les combats et construire une progression. Le film soigne également ce qu'il y a autour de l'action, avec par exemple un générique très soigné, et une photographie également à l'unisson. Bref, le film ne ressemble pas à une baston filmée au caméscope dans un garage. Avec ses trois scènes de combat, une en ligne droite en hommage à la première scène de Fist of Legend, une à 1 contre 4 en hommage à Jackie Chan et une en combat final en face à face d'excellent niveau, on assiste à un petit best of des possibilités du genre.
Au final, cet hommage très évident aux films de kung-fu fait surtout preuve d'une parfaite intégration des codes du genre. Réussir un bon combat est autrement plus difficile que de simplement filmer deux personnes qui se balancent des mandales. Vu le budget et les moyens mis en oeuvre ici, il est extrêmement flatteur de penser à un film comme Fist of Legend lors des scènes de combat. Les quelques scènes de combat de ce court métrage n'ont pas grand chose à envier à quelques scènes de films autrement plus budgetés. On pardonne donc assez aisément les quelques défauts (de jeunesse) pour profiter de ce qu'on peut enfin appeler un bon film de kung-fu à la française.
Coups de savate à la Hong-Kongaise
HK, n'est, comme tout le monde le fait si bien remarquer qu'une demo de la part de Lacombe et Sid et de leur équipe.
C'est donc très expéditif, et on n'est là que pour distribuer des tatanes.
Vu que c'est un court de toutes façons, on ne pourra pas trop leur en vouloir puisque le pari est réussi.
Un hommage aux films que désigne son titre, dynamique et direct.
Voilà ce qu'est HK, qui, même s'il a demandé plus de moyens que son successeur, 6 Hours, est tout de même un poil en-dessous dans l'ensemble (mais bon, je ne sais pas si c'est vraiment comparable au vu du format).
De l'inaction
Comment critiquer un court métrage, d'autant plus lorsque celui-ci s'inscrit nettement comme une carte de visite ? Il faudrait prendre HK pour ce qu'il est. Une bande démo, comme les musiciens font les leurs pour les présentés au maison de disque, dans l'espoir d'enfin changer de vie, d'accéder à un peu de luxe, de notoriété, et surtout de vivre de son art. L'art dans HK on peut pas dire qu'il n'y en ai la trace, ce qui n'est en soi pas très gênant puisque les deux réalisateurs et la joyeuse bande de 4/16 prod n'ont pas le moins du monde la prétention d'en faire. La seule prétention, c'est l'action, et se faire plaisir en la filmant, le mieux possible, en retenant les leçons de leurs sources d'inspiration, ce cinéma qui nous passionne ici ou là.
Prenons donc HK au pied de la lettre, un court métrage d'action dans l'esprit du cinéma de Hong Kong. Mais il y a un problème. De l'action il y en a, elle est là, il n'y a même que ça, mais jamais, malgré les talents martiaux des interprètes, elle n'est palpable. HK est un plein paradoxe, c'est un film d'action sans action. Il est même un peu mou, et surtout très plat. On a beau apprécier la gestuel, les mouvements, le découpage rigoureux, la lumière sur laquelle les deux jeunes chefs opérateurs ont faient un excellent travail, il n'empêche, HK manque cruellement d'intensité, de rage. Si on veut bien oublier que les empêcheurs de tournés en rond du héro attendent patiemment un coup de pied bien senti, rien n'y fait, ça tombe à plat. D'où vient cette pauvreté de ryhtme malgré un montage serré, en corps à corps avec le mouvement ? Principalement de sa bande son, et en tout premier de sa musique. Celle-ci, pourtant très travaillée (4/16 n'est pas allé puiser dans un quelconque juxe box le dernier tube techno baba) et complètement symphonique, sonne mal. Elle ne suit pas. D'où viennent ces sonorités qu'on imaginerait mieux correspondre à un thriller ou au dernier Disney ? Pourquoi un tel choix qui étouffe totalement l'action, la déréalise, la rend si pauvre en vélocité ? On se demande pourquoi après tant d'effort ils sont allés plaquer cette musique qui ne suit pas l'action, qui gâche tout. Pour une carte de visite, on peut dire que le papier est mal choisi.
Malgré tout, après toute les bessoneries du monde, HK est un adversaire qui a son mot à dire. Même si leur court métrage ne fait guère plus que répéter comme les grands sans jamais se hisser à la hauteur de l'idée même d'un projet tel que Kill Bill, on peut imaginer voir un jour arriver dans la cour du long cette bande d'amateur pas si amateur que ça (techniquement il y a assez peu à redire, c'est du bon boulot). Ce sera toujours mieux que nos bessoneries, justement. Encore faut-il avoir quelque chose d'autre à filmer que de l'action engoncé dans un système de référence stylistique (comment dépasser le warholien Kill Bill dans cette voie ?). Enfin, il faudrait peut-être oublier de faire jouer ses amis, et osé leur dire qu'il n'ont à peu près aucun talent de comédien.
Dans l'état des choses, on ne peut que leur souhaiter bonne chance, beaucoup de prétentions, et surtout d'éviter de devenir prétentieux. Et puis un court métrage comme celui-ci, dans la marée noire nullissime des programmations des festivals de courts, ça fait tellement du bien à voir, qu'il mérite d'être estimé.