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Histoire du Japon d'après-guerre racontée par une hôtesse de bar

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les avis de Cinemasie

3 critiques: 4.08/5

vos avis

7 critiques: 3.54/5

visiteurnote
Anel-kun 4
Bama Dillert 3.5
Bastian Meiresonne 4.5
Kokoro 3
OshimaGosha 3.25
Pikul 3.5
SuperDurian 3


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La vérité sort toujours de la bouchère des enfants

Suite au cuisant échec de son ambitieux "Profonds désirs des Dieux", Imamura entame sa reconversion (provisoire) dans le documentaire – et trouve un sujet en or, qui n'est pas loin de constituer un parfait aboutissement à toute sa filmographie qui ait précédé. En retournant dans le quartier "chaud" de al ville portuaire de Yokohama (principal décor de son "Cochons et Cuirassés", il tombe sur la patronne d'un discret café à l'écart tenu par une hôtesse originaire de "l'arrière-Japon". Une fille de la campagne, ayant "réussie" dans l'économie souterraine en devenant hôtesse d'un bar dans la zone occupée par les américains. Imamura ne pouvait avoir eu de meilleur flair, car à écouter l'histoire de sa vie (frappée à coups de base-ball par sa mère dans sa jeunesse, elle se met en ménage à 15 ans avec un flic pour que les forces de l'ordre cessent d'inquiéter le marché noir de ses parents. Elle avorte deux fois avant de décider son nouvel enfant pour espérer à ce que son mari, la trompant avec sa mère, cesse de la frapper; puis elle entretient des liaisons extra-conjugales, finit par ouvrir un bar d'hôtesses en compagnie de sa sœur, rejoint une secte pour pouvoir divorcer, et s'amourache de divers marins américains, dont elle a d'autres enfants pour finalement épouser un homme de vingt ans son cadet pour convoler en justes noces aux Etats-Unis et espérer étendre son commerce là-bas…et son histoire est loin d'être complète en l'état…), elle rappelle maints personnages de al filmographie passée du cinéaste, à commencer par "La Femme Insecte". La comparaison avec ce dernier est bien évidemment d'autant plus flagrant en raison de sa "carrière" menée en parallèle avec les événements historiques du Japon (d'à peu près la même période). Une curieuse – et pourtant ô combien efficace – mise en parallèle entre la description glaçante d'un "abattoir" à l'ancienne (on y achève encore le bétail d'un coup de marteau piqué dans la tête de l'animal avant de le dépecer à moitié conscient) et les cadavres des soldats de la Seconde Guerre Mondiale trouvent une rapide "explication" dans la descendance et le premier métier de l'hôtesse, bouchère au moment de la Seconde Guerre Mondiale. Imamura s'amusera à dresser d'autres mises en parallèle tout au long de son documentaire (l'hôtesse parle d'amours fleur bleu sur fond de répressions musclées des manifestants; elle énumère ses différents amours avec des GI US, alors qu'à l'écran els tensions entre militaires et japonais progressent de simples provocations en bagarres de rues en rixes mortels, …), car peu de fois l'hôtesse semble réellement inspirée en vue des images d'archives – tout au plus se rappelle-t-elle de certains épisodes de sa vie personnelle (un rendez-vous galant; la naissance de sa fille; son départ pour al ville, etc), qui sera – en fin de compte – le véritable fil conducteur de ce documentaire. Il est d'autant plus passionnant de constater, que malgré l'insouciance relative de l'hôtesse pour son pays ou d'une flagrante méconnaissance de certains événements ("on avait peur d'être envahis par les coréens; ils étaient tellement nombreux!"), son histoire est intimement liée à celle de son pays: elle ait pu "survivre" aux sombres années de l'immédiate après-guerre en raison du métier de ses parents et du marché noir; ce qui lui donnera suffisamment de fonds pour créer tout d'abord un salon de patchinko – refuge d'oubli pour les japonais fauchés – puis acheter son bar. Bar, qui n'ait pu "tourner" qu'en raison de la zone occupée par les américains et dont les va-et-vient sont la conséquence des tensions politiques internationales. Imamura s'amuse également à travailler l'image même: TOUTES les témoignages des protagonistes AUTRES que l'hôtesse sont désynchronisés, comme s'il fallait leur accorder moins d'importance qu'à celle de l'hôtesse ou en douter; des fréquents arrêts sur image (dans tous les films d'Imamura depuis "La Femme Insecte") avec un zoom rapide sur un personnage dans l'image se focalisent uniquement sur des basses couches populaires, puis même à des personnes pas forcément apparentes au premier regard (personnage de dos face au premier ministre abdiquant; homme blotti dans une devanture en arrière-plan d'une sombre allée). La fin est tout simplement terrifiante dans la froide détermination de son personnage, dont on ne sait, si elle est totalement blindée, une candide rêveuse ou une froide vengeresse de sa put1 de condition…Et de se voir révéler, que ses filles ne feront que répéter sa propre histoire à l'opposé de l'historie de la "Femme Insecte", qui prônait un retour aux valeurs). Rarement leçon historique n'aurait été aussi passionnante!

13 octobre 2006
par Bastian Meiresonne


Femme libérée

A travers le parcours d’une hôtesse de bar japonaise décidée à tout pour réussir, nous assistons à un résumé historique partant de Hiroshima jusqu’aux années 70 débutantes. Si certains faits internationaux sont connus de tous, d’autres plus locaux ont le mérite d’éclairer une partie de l’histoire encore récente de l’archipel. Dans la filmographie extrêmement riche de Shohei IMAMURA, ce documentaire étonnant présente des qualités de narration incontestables pour maintenir l’intérêt jusqu’au bout. Akemi, la barmaid devenue businesswoman est déjà à elle seule un personnage de roman, mélange d’arrivisme assumé et de naïveté dans sa vision du mâle américain même en cette année 1970, mais aussi de bon sens populaire à la vision du mariage trop somptueux du fils de l’Empereur alors que certains de ses sujets vivent dans la misère. Si ce déballage est parfois rébarbatif comme une sorte de REAL TV avant l’heure, le montage parvient à faire passer les discours nombrilistes par l’insertion de plans d’archives ou de scènes du quotidien des protagonistes. Car plutôt fière de son parcours chaotique, Akemi dé@!#$ un discours bien huilé devant une caméra qui ne s’en laisse pas compter : le cinéaste ira chercher la contradiction auprès d’autres témoins pour éclairer ce parcours d’un jour nouveau. Mais une telle personnalité expansive, ni spécialement sympathique ni très glamour, est du coup parfaitement représentative de tout un pays choisissant alors la croissance à tous prix. Même pour une femme issue de la caste rejetée des Burakumin (ségrégation encore sensible de nos jours), et peut-être là plus encore, le désir de réussite prime sur tout le reste. IMAMURA retranscrit cette volonté d’un regard quasi-clinique, pendant que défilent des évènements majeurs qui n’affectent qu’indirectement l’hôtesse. Il foule au passage l’image figée d’un Japon de carte postale : le monde d’Akemi est bien plus pragmatique que spirituel, même lorsqu’il s’agit d’intégrer une secte religieuse, l’hôtesse faisant plus confiance aux tireurs de carte qu’aux autorités religieuses. Très imprégné par cette époque de contestation de la fin des années soixante, pas seulement par ce qu’il montre mais aussi par sa manière novatrice de le faire, ce long-métrage est un très intéressant témoignage de toute une période pas si lointaine, au-delà de ses qualités cinématographiques. Présentant finalement un mémorable portrait de femme libérée à une époque et dans une société ou cette affirmation ne coulait pas vraiment de source.

25 septembre 2005
par Kokoro


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