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Hansel et Gretel

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les avis de Cinemasie

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Arno Ching-wan 1.5 Scénario indigent - et insultant - bourré de facilités prêtes à l'emploi
Xavier Chanoine 3.75 Relecture somptueuse mais parfois tendancieuse
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Scénario indigent - et insultant - bourré de facilités prêtes à l'emploi


Cf. CR du16ième Festival du Film Fantastique de Gerardmer

13 mars 2009
par Arno Ching-wan




Relecture somptueuse mais parfois tendancieuse

Relecture qui n'a pas grand chose à voir avec l'original des frères Grimm, cet Hansel & Gretel à la coréenne garde certains éléments du conte pour mieux les détourner et couper court à toute forme de magie que seuls les contes de fée peuvent nous offrir. Ici, point de maison à dévorer, point de sorcière, mais bel et bien trois gosses qui auraient mieux fait de continuer à jouer avec leurs poupées plutôt qu'avec des adultes qui se seraient perdus en chemin dans une forêt impénétrable. Eun-Soo est un futur jeune papa qui n'a pas choisi son jour pour prendre la voiture, contraint de se débrouiller par ses propres moyens suite à un accident de voiture sur une route de campagne. Personne aux alentours, il décide de prendre les devants en pénétrant une étrange forêt abritant une maison particulièrement jolie. Sur le chemin il rencontre une jeune fille, Young-Hee, qui lui conseille de la suivre pour se reposer chez elle avec son frère, sa petite soeur et ses deux parents. Arrivé sur les lieux, Eun-Soo ne se doute de pas grand chose, mais quelque chose cloche : les parents semblent stressés alors que le cadre fait penser le contraire (abondance d'objets colorés et de chaleur). Tout est trop rose, les sourires sont de mise, les enfants sont vêtus de vêtements dignes de conte de fées et se goinfrent de gâteau lors du repas. Désireux de rentrer chez lui au plus vite pour rejoindre sa femme enceinte, Eun-Soo est incapable de retrouver son chemin dans une forêt qui semble entièrement fermée. Il sollicite d'abord l'aide des parents puis celle des enfants, en vain, personne ne semble disposé à l'aider. Il passe une première nuit dans la maison, puis une seconde nuit, avant de découvrir une lettre des parents qui confient s'être absentés pendant un petit moment et espèrent que Eun-Soo s'occupera bien des enfants. Plus de son plus d'image, la disparition des parents coïncide étrangement avec le comportement douteux des enfants, ces derniers ne souhaitent pas le départ de Eun-Soo, mais pourquoi? La littérature, le cinéma ou encore le jeu vidéo sont des moyens essentiels pour voyager, rêver.

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Le parallèle entre le cinéma et le jeu vidéo par exemple donne parfois lieu à des purs moments de bonheur. Ici, l'ambiance indescriptible de Hansel & Gretel cinéma fait penser à l'adaptation vidéoludique d'Alice au pays des merveilles version American McGee, adulte et cauchemardesque : si Kim Ji-Yong abuse un peu trop du grand angle et qu'un Kim Sun-Min coupe parfois trop rapidement, le film garde une direction artistique exceptionnelle, et en parallèle, si American McGee's Alice commence à souffrir du poids des ans (huit ans dans les pates) avec ses textures basse résolution et son affreux scintillement, il conserve la magie d'une direction artistique unique. D'un sens comme dans l'autre les tics de mise en scène chez l'un et l'âge chez l'autre ne sont en rien un frein quant à l'immersion du spectateur dans un univers revu par un grand plasticien et un vrai créateur d'ambiances à mi-chemin entre un Labyrinthe de Pan et les délires sous extas du meilleur cinéma dark de Jeunet. Cet Hansel & Gretel conserve les ingrédients du cinéma sombre en provenance de Corée, où les enfants de coeur sont restés devant la porte d'entrée et où on ne tolère pas un centimètre de place à la guimauve. Ici la guimauve, on la bouffe, on ne la subit pas. Pas très drôle non plus, cet Hansel & Gretel, ce n'est même pas le but, on pourrait rire devant les gros plans sur les visages grand guignolesques des adultes (merci à l'interprétation hallucinante d'un Park Hee-Soon en état de grâce brutale), on pourrait rire nerveusement face à la folie qui s'empare peu à peu des adultes et face aux enfants qui restent calmes et stoïques alors que l'heure est à la dégringolade, mais l'extrême noirceur enfantine prend le dessus. Les gosses, à peu près remarquables, prouvent que les cinéastes coréens savent autant diriger les enfants que de s'armer de chef opérateurs compétents, et par la même occasion, de directeurs artistiques vénères : l'intérieur de la maison de la joie est un pur labyrinthe de songes, de chaleur et de complexité. Les couleurs chaudes contrastent avec la nuit pesante d'une forêt capricieuse, les formes rondes des gâteaux sans aucun équilibre font penser à de l'esbroufe, comme pour cacher la présence d'un cadavre dans le meublier d'en face, les portraits de lapins affichés un peu partout sur les murs foutent les jetons et cette télévision qui passe en boucle un dessin animé des sixties accentue ce sentiment de beauté de façade.

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La maison des gosses, c'est l'enfer. Pourtant, les enfants ne sont pas les responsables de ce malaise, de cette gêne qui les poussent à faire des bêtises avec les "grands" qu'ils rencontrent : violés à l'orphelinat, dotés de pouvoirs magiques depuis qu'un père noël est passé par là, ils ont à présent le pouvoir d'imaginer et de donner vie à leurs souhaits, pratique lorsque l'on veut transformer une jeune femme adulte en poupée pour s'amuser. Mais les enfants ont encore un plus grand secret, caché derrière une porte qui ne mène nulle part si ce n'est à l'enfer. On ne spoilera pas, mais le "twist" fonctionne à merveille sans pour autant dénaturer ou faire voler en éclat les bases instaurées depuis le début. Cet Hansel & Gretel aurait pu emprunter un chemin un peu moins tendancieux, logique depuis qu'un Oldboy à succès est passé par là, l'avalanche de scènes brutales en fin de métrage fera office de pur plaisir visuel pour certains (l'utilisation du four fait vraiment mal) avec ce contraste d'un père noël sacrément malsain vêtu d'un rouge saturé comme jamais et d'un "père" pédophile dont on ne verra pas -ou peu- le visage, les autres se sentiront un peu gênés face au traitement des gamins. Question sensations on est servi, mais attention à ne pas trop sombrer dans le larmoyant, les dix dernières minutes étant particulièrement relevées de ce côté-ci ; on mettra cela sur le compte des nerfs qui lâchent et sur le semblant d'amour qui semble -enfin- régner avec sincérité sous le toit de cette maison pas commode. Hansel & Gretel est au final un film inégal certes, car accusant le coup de vouloir tout montrer et tout relire en moins de deux heures, mais il s'avère suffisamment bien interprété et doté d'un univers admirable (décors féériques foutraques, musique prenante) pour faire voyager son spectateur vers l'asile, l'enfer et le pays des rêves. Un petit gâteau ne me ferait pas de mal...



01 septembre 2008
par Xavier Chanoine


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